«Nous sommes en concertation permanente avec nos partenaires européens concernant la question de l’immigration. C’est un deal gagnant gagnant. Les échanges se feront dans le sens de servir les intérêts des uns et des autres. Nous avons des contingents de diplômés du supérieur qui ont besoin de travailler. Nos partenaires européens ont besoin de compétences. Il y a toute une stratégie mise en œuvre en matière d’immigration qui ne lèse personne mais organise le processus», a déclaré Khemaies Jhinaoui, ministre des Affaires étrangères qui rencontrait dimanche 22 juillet son homologue français Jean-Claude Le Drian.
Les discussions porteront certainement sur la situation en Libye et ses répercussions sur notre pays, la lutte contre le terrorisme et la question migratoire.
Le chef de la diplomatie tunisienne, Khemaies Jhinaoui, a assuré que la Tunisie n’acceptera jamais des camps de migrants sur son territoire, des abris pour réfugiés et encore moins pour l’accueil de terroristes. «D’ailleurs, ces thèmes n’ont pas été franchement abordés avec nos partenaires européens».
Précisons à ce propos que Lorena Lando, la chef de mission à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) à Tunis, a annoncé que le nombre des migrants y résidant est de l’ordre de 75.500, alors que celui des réfugiés est à peine de 800 personnes.
Par contre, depuis 2018, la Tunisie est classée première pour ce qui est du nombre de migrants irréguliers en Italie. Ils seraient plus de 3.000 migrants irréguliers qui auraient débarqué sur les côtes italiennes depuis le début de l’année 2018.
Ceci malgré les efforts de l’Etat de juguler ce phénomène et les arrestations massives dans les rangs des organisateurs des traversées de la mort.
Selon les informations du ministère de l’Intérieur, les garde-frontières ont intercepté, en 2007, 1.492 clandestins, 1.090 en 2008, 507 en 2009 et 499 en 2010. En 2011, le nombre d’arrestations est de 6.399 dans des opérations record de migration succédant au soulèvement. En 2017, 164 opérations d’immigration clandestine ont été déjouées et 1.652 personnes ont été arrêtés dont 75 passeurs.
En 2018, pas une semaine ne passe en Tunisie sans qu’il y ait arrestations de migrants ou de passeurs. Du 15 mai au 3 juin 2018, 900 migrants clandestins ont été arrêtés. Du 1er janvier au 3 juin, 5.986 ont été arrêtés, soit presque le double des arrestations enregistrées en 2017.
La migration clandestine représente un commerce très juteux auquel participent des mafias internationales qui récoltent chaque année des centaines de millions de dinars et en euros!
En Europe, le problème se pose avec acuité à tel point que pose, à chaque fois, la proposition de créer des camps de réfugiés dans les pays du Sud est mise sur la table.
En février 2017, lors d’une visite officielle en Allemagne, Youssef Chahed, chef du gouvernement, a rétorqué à Angela Merkel que nous n’avons pas en Tunisie les capacités de créer des camps de réfugiés dans notre pays et que si le dossier libyen trouvait une solution, il y aurait moins de passeurs pour profiter du chaos qui règne dans ce pays.
L’Europe veut imposer aux pays du Sud, à travers des coopérations et des partenariats forcés, les missions de traque et de poursuite des passeurs et des clandestins en essayant de les appâter par des financements.
Les relations euro-méditerranéennes et même euro-africaines sont aujourd’hui axées plus que jamais sur la lutte contre l’immigration. Ceci à tel point que certains observateurs s’accordent à dire que le soutien déclaré des Européens aux islamistes au pouvoir serait justifié par des accords de principe avec ces derniers pour que s’ils deviennent les maîtres des lieux dans la rive Sud de la grande bleue, ils acceptent d’aménager sur leurs terres des camps pour abriter migrants, réfugiés et autres terroristes.
Ce que l’Europe négocie au prix fort avec la Turquie aurait-elle plus d’aisance à le négocier avec les partis islamistes prêts à tout pourvu qu’ils détiennent le pouvoir ?
L’exemple égyptien est très éloquent en la matière. Le président Morsi avait négocié une partie du Sinaï pour 8 milliards de dollars américains avec les Américains et les Israéliens pour offrir une terre d’accueil aux Palestiniens chassés des territoires occupés.
Nous ne perdons rien à attendre!
Amel Belhadj Ali