L’universitaire et chercheuse à l’Institut tunisien des études stratégiques (IRES), Emna Ben Arab, indique que les Nations unies, des bailleurs de fonds et des organisations internationales de défense des droits humains font pression sur les pays dont la Tunisie pour la réinstallation des terroristes de retour des zones de conflit et leur garantir des meilleures conditions de vie tel que l’emploi.
S’exprimant lundi 23 juillet devant la Commission d’enquête à l’Assemblée des représentant du peuple (ARP) sur les réseaux d’envoi de jeunes tunisiens dans les zones de conflit, l’universitaire a ajouté que la position de la Tunisie sur cette question était claire. Pour elle, il est quasi impossible d’adopter cette solution en Tunisie vu le manque des ressources de l’Etat et l’augmentation du taux de chômage.
Ceci outre le fait que réinstaller les terroristes et leur offrir des opportunités peuvent encourager d’autres jeunes à suivre l’exemple de cette catégorie de terroristes en pensant qu’ils pourront bénéficier des mêmes avantages.
Lors de l’audition des membres de l’ITES, sur l’étude préliminaire élaborée par l’institut sur le thème “les terroristes de retour des foyers de tension dans les prisons tunisiennes”, Ben Arab arrive à la conclusion que l’adoption des idées extrémistes par les jeunes tunisiens constitue le résultat et non pas la cause de l’adhésion à des groupes terroristes.
Selon elle, le questionnaire qui a touché 82 prisonniers dans les différents établissements pénitentiaires et de rééducation en Tunisie montre que plusieurs accusés impliqués dans des affaires terroristes ont avoué qu’ils n’étaient pas conscients du fait que partir en Libye ou en Syrie pour combattre aux côtés “des djihadistes” était un acte criminel au vu du climat de liberté qui régnait en Tunisie durant la période 2011-2013.
Sont également cités la Conférence des amis de la Syrie en Tunisie en 2012 sous le patronage du président de la République de l’époque, Moncef Marzouki, et l’appel lancé en Egypte à la même période pour combattre en Syrie; outre la multiplication en Tunisie des tentes de prédication bénéficiant d’une protection sécuritaire et l’accueil de prédicateurs étrangers en toute liberté.
Parmi les raisons ayant contribué à la prolifération de ce phénomène en Tunisie, Emna Ben Arab cite également la mesure d’amnistie générale qu’elle qualifie “d’anarchique”. Plus de 2.000 prisonniers jugés en vertu de la loi antiterroriste ont été relaxés alors que plusieurs d’entre eux ont reçu une formation militaire, a-t-elle relevé. Certains d’entre eux ont constitué le noyau du groupe Ansar Al Charia en Tunisie et de ceux qui ont prôné l’installation du Califat, ajoute-t-elle.