Une stratégie nationale de lutte contre la traite des personnes, la première du genre en Tunisie, a été officiellement lancée, lundi 30 juillet 2018.
Elaborée par l’Instance nationale de lutte contre la traite des personnes (INLCTP) et adoptée le 1er juin dernier, cette stratégie se poursuivra jusqu’en 2023.
Elle vise à aborder tous les aspects de la prévention et la lutte contre “ce crime” dans une approche holistique, a indiqué le ministre de la Justice, Ghazi Jeribi, lors d’une cérémonie organisée à cette occasion et qui a été marquée aussi par le lancement de la campagne mondiale “Cœur bleu” en Tunisie.
“L’objectif de cette stratégie (2018-2023) est également de renforcer la coordination entre les différents intervenants et apporter une meilleure connaissance de la traite en Tunisie en créant des mécanismes appropriés pour la collecte de données et de statistiques”, a-t-il ajouté, soulignant que la majorité des victimes sont souvent des femmes et des enfants.
La stratégie nationale englobe les quatre domaines stratégiques convenus au niveau international, à savoir la prévention, la protection, les poursuites judiciaires, la coopération et la création de partenariats à l’échelle nationale, régionale et internationale.
Le premier axe tend à mettre en place une politique globale de lutte contre la traite des personnes et de sensibilisation sur la gravité du phénomène ainsi qu’à renforcer les capacités des acteurs.
La protection a pour but d’améliorer l’identification des victimes de traite et de mettre en place un mécanisme d’aide aux victimes.
Le troisième axe porte sur le renforcement de l’efficacité dans la répression des crimes de traite et la protection des droits des victimes et témoins pendant la phase juridictionnelle.
S’agissant de l’axe partenariat et coopération, il s’intéresse à la coordination inter-acteurs à l’échelle nationale et internationale ainsi que le suivi et l’évaluation des politiques menées.
Selon la présidente de l’INLCTP, Raoudha Laabidi, l’instance a pris en charge, entre février 2017 et janvier 2018, environ 742 victimes de la traite dont 100 sont de nationalité étrangère, ajoutant que la plupart de ces victimes sont des mineurs exploités économiquement.
Ces mineurs, a-t-elle ajouté, sont exploités par des réseaux familiaux et criminels, citant à titre d’exemple la servitude domestique, la mendicité et la vente de jasmins sur les routes comme principales formes d’exploitation auxquelles sont exposés ces enfants.
“Il faut impérativement mettre fin à cette situation alarmante”, s’est-elle insurgée, appelant toutes les parties intervenantes à participer pleinement à la campagne mondiale “Cœur bleu” qui ciblera toutes les régions de la République.
Le lancement de cette première stratégie nationale coïncide avec la journée mondiale de lutte contre la traite des personnes, célébrée le 30 juillet de chaque année.
En 2003, la Tunisie a ratifié la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée et son protocole additionnel visant à prévenir les cas de traite des personnes, protéger les victimes et pénaliser les auteurs de la traite.
Pour assurer son application, une loi organique relative à la prévention et la lutte contre la traite des personnes a été adopté en 2016 en Tunisie, en vertu de laquelle l’Instance nationale de lutte contre toutes les formes de traite des personnes en Tunisie a été créée.