Exploiter le sentiment citoyen pour engager une vision 4.0 de l’économie et du nouveau modèle de développement, qui tarde à se mettre en place.
Ceci est un exercice de prospective. Nous pensons que le dispositif national des nouveaux conseils municipaux constitue une cartographie précise de la physionomie économique de la Tunisie. Désormais l’intégralité du territoire est sous couverture municipale. Pas un seul arpent de terre n’y échappe. Pas un seul citoyen n’est à l’écart de la sphère publique dans l’enceinte de sa ville.
Cette couverture intégrale peut être exploitée à juste titre, en vue de propulser un nouvel élan de planification. C’est dans le même temps une base pour tout travail d’aménagement du territoire. Nous considérons que cette “récupération“ économique éloignerait les nouveaux démons que pourrait charrier, dans son sillage, la décentralisation.
Remettre l’initiative citoyenne au cœur du système
Avec les municipalités, il est aisé de surfer sur l’élan de l’initiative citoyenne. Il est à craindre que ce ne sera pas le cas dans le cadre régional où le sentiment d’appartenance à la région serait dominant.
Donc, si on pouvait mettre les élus sur une orbite vertueuse citoyenne, on aurait déminé le terrain et noyauté d’avance les mauvais calculs politiciens. Il ne faut pas se cacher la réalité, la région sera un levier d’importance dont on peut se servir pour faire contrepoids à l’Etat et à ses représentations.
Donc, si l’on veut extraire le pays aux tiraillements politiques sans fin et à l’exploitation des rivalités régionales et des antagonismes en tous genres qui peuvent se greffer dessus, autant prendre les devants. D’ailleurs, lors des Journées de l’entreprise à Sousse au mois de décembre dernier, le chef du gouvernement a laissé sous-entendre qu’il saurait brancher les nouveaux élus sur une dynamique de planification à laquelle ils prendraient une part active et effective.
Le programme mobilisateur de Smart City
Tout dans le pays devrait être exploité afin de contribuer à l’émergence d’un nouveau modèle de développement. La ferveur pour cet objectif semble être retombée avec les effets démobilisateurs de la crise. Tout effet de renaissance est en effet difficile à mettre sur pied, et c’est ce qui arrive chez nous. Le moral national s’est laissé gagner par la morosité, et la jeunesse est exaspérée car la transition démocratique peine à booster la dynamique de la croissance et l’inclusion. Et c’est pénible pour tout le monde.
Pourtant, la recherche du nouveau modèle doit être une raison d’espérer car hors cette voie, on ne voit pas de salut. Mais les choses échappent à notre volonté et l’avenir c’est la nouvelle économie. Il est indispensable d’inscrire toutes nos prévisions dans le sillage de la Smart City. C’est la seule façon de donner âme et espérance à notre planification.
Sortir de la crise
Il ne faut pas être devin pour voir que si le gouvernement arrivait à emballer les élus et leurs mandants locaux autour d’une vision d’avenir 4.0, la crise politique actuelle ferait pschitt et serait totalement dépassée. Il faut bien reconnaître qu’il s’agit d’une course contre la montre pour le gouvernement de Youssef Chahed. Celui-ci doit agir avant la mise sur pied des conseils régionaux qui s’empareront du débat et des régions comme levier d’interférence politique et de conditionnement, par conséquent de chantage électoral.
Le pays se retrouvera dans une configuration de controverse et de luttes en tous genres. Ce sera en tous les cas un autre son de cloche que le tempo citoyen. Où trouver les moyens pour financer les projets citoyens. C’est l’heure d’activer la diplomatie économique et d’exploiter les recettes contenues dans le Livre blanc rédigé lors du gouvernement de BCE, en 2011. Les jumelages avec les grandes villes européennes et l’accès aux fonds structurels européens destinés au développement des régions peuvent être raisonnablement conclus.
De notre point de vue, les solidarités entre cités européennes avec leurs homologues tunisiennes peuvent fonctionner de manière bénéfique. On ne perd rien à essayer. Et par ailleurs, qui ne tente rien, n’a rien.