Six ans et demi après le début de sa mise en œuvre, il est évident que le programme de cession des entreprises confisquées après le 14 janvier 2011 au clan du tandem Zine El Abidine Ben Ali-Leïla Trabelsi et à leurs proches, alliés et affidés suscite, généralement, beaucoup d’engouement. Trois des onze opérations, arrivées à la phase de pré-qualification, en attestent.
D’abord, la société Alpha Hyundai Motor dont 100% du capital sont mis sur le marché. Vingt-sept entreprises et/ou personnalités physiques –à l’exception de deux, la société COMET (Slim et Sami Driss) et Mohamed Sadok Mzabi- concourent dans le cadre de six consortiums.
Ensuite, la Banque Zitouna (69,15%) et Zitouna Takaful (70%). Ces deux «bijoux» du monde de la finance islamique en font saliver plus d’un. Sont en compétition quatre sociétés, dont trois individuellement (Arab Tunisian Bank, Majda Tunisia et Coris Holding), et les autres regroupées en trois consortiums.
Enfin, Carthage Cement dont neuf candidats cherchent à prendre le contrôle, parmi lesquels sept ont monté des consortiums à cet effet et deux se présentent seuls (OMNIUM des Industries et de la Promotion, Maroc et Eurocem Ltd, Malte).
Parmi les cessions déjà réalisées, celle de la Société de Développement Agricole (SDA) Zitouna I a suscité la plus forte demande. Parmi les nombreuses candidatures qu’elle a provoquées, treize –dont 5 individuelles- ont été pré-qualifiées totalisant vingt-huit sociétés, groupes et personnes physiques.
La SDA Zitouna II a eu moins de succès : onze candidats, dont trois consortiums.
L’International School of Carthage (ISC) a été ciblée par huit soumissionnaires, entre consortiums et candidats individuels, totalisant trente-deux opérateurs. Si certains d’entre eux appartiennent déjà au monde de l’éducation (groupe Bouabdelli, groupe Université Centrale et Holding Générale d’Education –Maroc- et groupe scolaire René Descartes), d’autres sont des investisseurs à l’affût d’opportunités (Poulina Group Holding et Amen group, Mounir El Jayez et Jalila Mezni –groupe SAH-, et groupe Maxula).
Il est toutefois un secteur, celui de la concession automobile, où les différents appels d’offres n’ont pas attiré grand monde. Pour au moins deux raisons. D’abord, parce que les sociétés et groupes déjà actifs dans ce secteur ne sont pas très nombreux. Ensuite, parce qu’il s’agit d’un secteur d’activité hautement capitalistique et qui, de ce fait, n’est pas à la portée du premier venu.
Bien sûr, les choses ne sont plus ce qu’elles étaient. La concession automobile devient accessible à ceux qui en ont l’envie et, surtout, les moyens. Dans tous les appels d’offres lancés à ce jour pour mettre en vente des concessionnaires automobiles confisqués, on en a vu se positionner dans l’espoir de décrocher l’un ou l’autre des «trophées».
Dans tous les cas, ils ont dû croiser le fer avec des groupes déjà détenteurs de cartes de marques internationales de différentes nationalités.
A titre d’exemple, Car Pro a été remporté par le groupe Ulysse Trading and Industrial Companies (UTIC) Group, de Taoufik Chaïbi, nouveau venu dans ce domaine, qui a eu à faire face à deux opérateurs du secteur automobile déjà installés (UADH, groupe Loukil, et Medicars –groupe Zouari) et à des opérateurs désireux de le devenir (groupe Al Badr –Abdessalem Ben Ayed-, groupe Universal (Abdelaziz Kooli), UNPA –groupe Mellouli-, Hatem Chaabouni –groupe Alfa Nutrition Animale-, et groupe Alliance (Tarak Chérif).