Le principe énonçant que la dévaluation ou perte de valeur du dinar est bénéfique à l’exportation et à la balance commerciale était valable dans les années 70 voire 80, en raison d’un contexte particulier, qui n’est plus de nos jours, et ce pour différentes raison.
Dans les années 70-80, la Tunisie avait une véritable stratégie export qui était dûment réfléchie, clairement énoncée, mais aussi mise en œuvre. Elle était composée de prix bas certes, mais aussi d’un rendement adéquat, d’une valeur travail, d’une logistique adaptée (comparée au niveau de la logistique dans d’autres pays concurrents), d’avantages fiscaux importants, d’exonérations, etc., en plus d’une faible concurrence pays (beaucoup de pays concurrents actuels n’étaient pas dans le domaine ainsi que la Chine et d’autres pays).
Tout cela faisait que la Tunisie offrait un package intéressant de manière à ce que la sensibilité cours du dinar rende la Tunisie plus attractive à l’époque.
Aujourd’hui la donne a changé. La Tunisie n’est plus aussi compétitive qu’elle ne l’était. De plus, la majorité de ses exportations sont basées sur le coût de la main-d’œuvre qui ne représente que quelques pour cents du coût total du produit au point que la perte de valeur du dinar ne pèse plus lourd sur le prix final du produit sous-traité en Tunisie.
Au niveau des importations, dans le passé le glissement ou la dévaluation du dinar avaient un impact sur les importations en raison de l’augmentation des prix des produits importés, mais aussi en raison de la protection du marché local et des barrières douanières en vigueur. Aujourd’hui, non seulement toutes ces barrières (ou presque) ont sauté, mais en plus chaque perte de valeur du dinar, les prix des produits importés augmentent, ce qui cause de l’inflation, et les salaires sont réajustés en fonction de l’inflation.
Résultat des courses: l’effet des cette perte de valeur sur les produits importés est annulé et le Tunisien continue à les consommer.
La perte de valeur du dinar aura un véritable impact sur les exportation et la balance commerciale le jour où les exportations seront principalement composées de produits finis tunisiens fabriqués en Tunisie, sous une marque tunisienne, issus de la R&D tunisienne (et non pas fabriqués sous-licence) et de préférence avec des matières premières tunisienne et des investissements tunisiens.