La coordination nationale de défense du coran, de la Constitution et du développement équitable a organisé, jeudi 16 août à Tunis, une conférence de presse dans laquelle elle a exprimé sa position par rapport à l’initiative législative annoncée le 13 août dernier par le chef de l’Etat appelant à instituer l’égalité dans l’héritage en réaction au rapport publié par la Commission des libertés individuelles et de l’égalités (COLIBE), le 12 juin dernier.
“Le rapport publié par la COLIBE a été élaboré par des gauchistes laïques qui veulent diviser la population musulmane”, a souligné Chiheb Eddine Tlich, porte-parole officiel de la coordination.
Il estime également que “le chef de l’Etat n’a pas lu la Constitution et ne l’a pas comprise”.
Dans son discours prononcé à l’occasion de la journée nationale de la femme, le président de la République avait proposé la mise en œuvre de l’égalité totale dans l’héritage conformément aux dispositions de la constitution et amender le code du statut personnel en instituant comme principe par défaut l’égalité totale et donnant la possibilité au propriétaire des biens de choisir l’application de la loi actuellement en vigueur (la femme hérite la moitié de la part d’un homme).
Pour sa part, la députée à l’Assemblée constituante, Salha Ben Aïcha, a signalé que le chef de l’Etat a omis de mentionner l’article premier de la Constitution qui stipule que la religion de l’Etat est l’islam.
Dans ce contexte, elle a exprimé son souci de “voir le président de la république nommer quatre membres de la cour constitutionnelle parmi les personnes ayant des appartenances non conformes aux dispositions de l’islam ce qui créera des problèmes dans l’interprétation des textes constitutionnels”.
Intervenant à cette occasion, Noureddine Khadmi, ex-ministre des Affaires religieuses, a présenté une analyse de la loi successorale selon une vision islamique estimant qu’elle ne doit pas avoir plusieurs interprétations.
Dans son intervention, le président du conseil municipal du Kram, Fathi Layouni, a souligné qu’il a donné ses instructions pour ne pas accepter la conclusion d’un contrat de mariage entre une Tunisienne et un non musulman et ne pas enregistrer des noms non musulmans dans le registre des naissances.
Il a, en outre, appelé les députés à mettre en œuvre l’article 88 de la Constitution et à démettre le président de la République de ses fonctions puisqu’il a enfreint les dispositions religieuses par son initiative législative.
A cette occasion, la coordination nationale de défense du coran, de la constitution et du développement équitable a publié un communiqué dans lequel elle appelle l’université de la Zitouna et le conseil supérieur islamique ainsi que toutes les instances, personnalités nationales et imams à expliquer davantage la position de l’islam vis-à-vis de l’égalité dans l’héritage.
A noter que depuis sa publication, le rapport de la COLIBE a suscité une grande polémique entre ceux qui approuvent l’idée et ceux qui en sont contre.