Fathi Laâyouni, élu maire du Kram, dit tout haut ce que beaucoup de Tunisiens disent plus bas (ou ne disent pas mais le pensent). Ne nous voilons pas face: l’ouverture d’esprit et de tolérance qu’on crie sur tous les toits en Tunisie n’est que de façade, elle est loin dans le subconscient collectif tunisien.
Pour s’en convaincre, regardez la polémique soulevée par l’une des propositions de de la COLIBE, à savoir l’égalité dans l’héritage entre homme et femme. Pour ses détracteurs, il faut suivre à la lettre ce que dit le coran. Pour ses défenseurs (qui sont très peu nombreux, on est forcé de le constater), on doit suivre la Constitution tunisienne, les conventions internationales en matière des droits de l’Homme…
Or, le fond du problème, ce n’est ni le coran, ni la religion, ni la Constitution, encore moins d’interprétation de textes, mais d’HYPOCRISIE sociale généralisée. Sinon, qu’on nous explique pourquoi et comment Abir Moussi du PDL “marche la main dans la main” avec Mohamed Ghannouchi pour vilipender une partie du rapport de la COLIBE?
En effet, jeudi 16 août 2018, Laâyouni a déclaré, lors d’une conférence de presse organisée par la Coordination nationale de défense du coran, de la Constitution et du développement équitable, avoir “donné des instructions pour ne pas accepter la conclusion d’un contrat de mariage entre une Tunisienne et un non musulman et ne pas enregistrer des noms non musulmans dans le registre des naissances” (lire ici).
Bien entendu, l’Association tunisienne de soutien aux minorités n’a pas manqué de réagir à ces déclarations en les qualifiant de “très graves”. Elle indique que c’est “une violation flagrante de la loi”, et que “le fait de se référer encore à la circulaire 73 relative au mariage de la Tunisienne musulmane avec un non-musulman, pourtant abrogé en septembre 2017, est illégal”.
L’association dénonce au passage le “mutisme” des autorités. Mais cela ne change en rien aux données du problème qui est général.