La création d’une “banque d’Etat” regroupant les trois banques publiques actuelles (Banque nationale agricole, Société tunisienne de banques et Banque de l’Habitat) constitue l’une des mesures urgentes qui devrait être prises pour sauver la Tunisie de la crise économique.
C’est en tout cas ce qu’estime le directeur des politiques générales et du développement régional à l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES), Fethi El Khemiri, qui intervenait au colloque “Quel programme économique pour sauver la Tunisie?”, organisé mardi 28 août à Tunis.
El Khemiri propose en outre l’abandon de la spécialisation bancaire et la collecte des fonds publics déposés auprès des banques privées.
Plus globalement, il assure que l’ITES travaille depuis une année à l’élaboration d’une série de mesures (près de 15 propositions) en tant que solutions pouvant être mises en oeuvre dans les plus brefs délais…
El Khemiri pense également impératif de revoir le mécanisme de gouvernance, à travers la mise en place d’un gouvernement restreint de seulement 15 ministres -au lieu de 43 ministres actuellement- et ce en œuvrant à une fusion des ministères ou leur remplacement par des secrétariats d’Etat.
“Nous ne pouvons pas gérer les affaires du pays dans un système parlementaire, avec un tel nombre de ministères, lequel est de nature à impacter le rendement du gouvernemental”, a-t-il dit, soulignant au passage que “la crise par laquelle passe la Tunisie est une crise systémique”.
Mettant l’accent sur la crise des Caisses sociales, l’ITES propose de placer la CNAM sous la tutelle du ministère de Santé, de fusionner la CNSS et la CNRPS, et de faire bénéficier les salariés du secteur privé des prestations d’une compagnie d’assurance.
Concernant la dégringolade du dinar, El Khemiri jugé nécessaire de prendre une décision politique ferme pour arrêter l’importation des produits superflus pour une période minimum de six mois, tels que les voitures de luxe et les produits agroalimentaires non nécessaires.
Pour le directeur des politiques générales et du développement régional à l’ITES, souligne également nécessaire de procéder à une réforme fiscale qui réduirait les impôts grevant la bourse du citoyen, afin de simplifier et faciliter l’opération de recouvrement.
De son côté, le président de l’ITES, Néji Jalloul, a appelé à proclamer un “état d’urgence économique“, à cause de l’aggravation de la crise économique et sociale en Tunisie, faisant remarquer que l’opinion publique et la classe politique doivent faire pression sur les décideurs pour qu’ils prennent des mesures urgentes et puissent remédier à cette situation, même partiellement, au cours de six prochains mois.
Lire aussi: Ahmed El Karm plaide pour une “loi d’exception“ pour sauver l’économie tunisienne
De son côté, le professeur universitaire, Abdeljelil Bedoui, a proposé de promulguer une “loi d’urgence économique”, axée sur la lutte contre les “barons du commerce parallèle” et la collecte de la richesse du marché parallèle pour résoudre la crise des finances publiques, ainsi que de changer la monnaie, pour connaître le volume des liquidités circulant sur le marché et obliger les contrebandiers à déclarer leurs richesses.
Lire aussi: Un changement de billets de banque peut-il enrayer la contrebande en Tunisie?
Il souligne l’importance de renforcer les mesures de sauvegarde pour améliorer la balance commerciale et augmenter et diversifier les exportations tunisiennes, outre la révision des accords commerciaux existants.