“Les autorités tunisiennes et l’équipe du Fonds monétaire international (FMI) sont parvenues à un accord sur les politiques nécessaires pour achever la quatrième revue dans le cadre du programme du Mécanisme élargi de crédit (MEDC)”.

C’est ce qu’a déclaré le chef de l’équipe du FMI, Björn Rother, au terme d’une mission effectuée en Tunisie, du 15 au 31 août 2018, pour discuter des plans d’action des autorités dans le cadre de la quatrième revue de ce programme.

Rother a souligné que “les autorités tunisiennes ont promis de continuer à agir de manière décisive pour contenir le déficit budgétaire, ce qui permettrait au Conseil d’administration du FMI d’examiner la quatrième revue à la fin du mois de septembre 2018”.

Dans un communiqué publié vendredi 31 août 2018, le FMI souligne que l’achèvement de la revue permettrait l’accès à 177 millions de DTS (environ 257 millions de dollars), ce qui porterait le total des décaissements au titre du MEDC à environ 1,5 milliard de dollars.

Björn Rother indique que certains signaux encourageants montrent que la reprise économique est sur la bonne voie. “L’économie tunisienne a connu une croissance de 2,6% (en glissement annuel) au premier semestre de cette année, avec une bonne performance des secteurs de l’agriculture, du tourisme et des services”, a-t-il précisé.

L’engagement des autorités à réduire les déséquilibres budgétaires porte également ses fruits. “L’exécution du budget, au cours du 1er semestre 2018, est conforme avec l’objectif de réduire significativement le déficit cette année”, a-t il indiqué, ajoutant que le fait de contenir les déficits contribuera à réduire la dette publique élevée de la Tunisie qui pèse sur l’économie et les générations futures.

“Des réformes économiques supplémentaires, notamment pour renforcer la gouvernance, et l’intensification de la lutte contre la corruption, sont nécessaires pour surmonter les réticences des investisseurs et rétablir la confiance”, a affirmé le responsable du FMI.

Selon lui, ces efforts contribueront à libérer le potentiel du secteur privé et à générer plus d’opportunités et d’emplois pour tous les tunisiens. Le chef de l’équipe du FMI a encore souligné que les déséquilibres économiques de longue date continuent de poser des risques importants pour l’économie tunisienne.

“L’inflation a récemment connu une légère baisse, mais à 7,5% elle reste considérablement plus élevée que les années précédentes. La monnaie et le crédit ont continué à augmenter rapidement et le dinar s’est davantage déprécié, ce qui créera probablement de nouvelles pressions inflationnistes dans les mois à venir”, a-t-il encore rappelé, ajoutant que l’amélioration attendue du déficit de la balance courante prend plus de temps que prévu.

“Les importations sont encore trop élevées par rapport aux exportations et aux autres flux d’entrées de devises. Les réserves de change sont donc encore inférieures aux niveaux généralement observés dans les économies émergentes”, a-t-il fait savoir.

Pour le responsable l’environnement extérieur de la Tunisie est confronté à de nouveaux défis, notamment la hausse des prix du pétrole et la volatilité des marchés financiers internationaux.

Réduire le déficit budgétaire pour stabiliser la dette

“Rester sur la voie de la réduction du déficit budgétaire cette année et l’année prochaine est essentiel pour stabiliser la dette et réduire la demande excessive d’importations, étant donné l’augmentation importante des prix internationaux du pétrole. Il sera particulièrement important de poursuivre les réformes des subventions (actuellement peu ciblées) de l’énergie, de gérer soigneusement la masse salariale publique ainsi que de redresser, sur des bases viables, la situation des caisses de sécurité sociale pour les secteurs public et privé”, recommande le responsable du FMI.

“Ces mesures, a-t-il précisé, aideront à contenir les dépenses qui profitent de manière démesurée aux plus nantis. Elles mettront également davantage de ressources à la disposition des investissements publics, ce qui stimulera la croissance et l’emploi, au profit des jeunes et des chômeurs”.

Par ailleurs, l’équipe du FMI s’est félicité de l’intention du gouvernement tunisien d’accroître davantage les dépenses sociales, considérant qu’elles restent essentielles pour protéger les pauvres et les personnes vulnérables au cours de la période à venir.

Des hausses supplémentaires des taux d’intérêt sont nécessaires…

“La Banque centrale de Tunisie (BCT) a raison de rester vigilante, vu que la récente baisse de l’inflation pourrait être temporaire. Si l’inflation devait reprendre au cours des prochains 3 mois, des hausses supplémentaires des taux d’intérêt seraient nécessaires pour ancrer les anticipations d’inflation et maintenir la stabilité économique”, estime le chef de l’équipe du FMI.