Selon “I Watch”, l’Entreprise tunisienne des activités pétrolières (ETAP) a dépensé environ 250 millions de dinars pour l’achat des titres d’hydrocarbures (droits et obligations) de la société suédoise “Pa Resources”, pour des permis de recherche expirés et des champs pétroliers de faible rendement.

L’organisation indique, dans une enquête publiée sur son site web, qu’il s’agit de 8 permis, 4 de recherche et 4 d’exploitation acquis en 2016, de PA RESOURCES, en l’occurrence Jenaien, Makhthar, Jelma et Zarat (permis de recherche) et Didon, Sammama, Temsmida et Douleb (permis d’exploitation).

Pourtant, l’ETAP affirme que le marché a coûté 31 millions de dinars aux finances publiques, ce que I Watch conteste, avec des données et des documents à l’appui qui prouvent que le coût réel du marché s’élève à 250 milliards. Un coût confirmé à I Watch, le 1er juin 2018, par le PDG de l’ETAP, récemment démis de ses fonctions, Moncef Mattoussi.

“Ce montant aurait aidé à créer pas moins de 6.000 emplois et à restaurer environ 2.500 écoles s’il avait été investi conformément aux principes de la bonne gouvernance dans les finances publiques, selon Ezzeddine Saidane, cité par I Watch.

L’ONG a constaté, au terme de l’enquête, que l’ancien PDG de l’ETAP, Mohamed Akrout avait sacrifié 250 milliards pour l’achat d’une “fleur fanée” en allusion au nom choisi pour le cryptage du dossier ou de l’affaire “Warda”, après “une rencontre secrète et un débat de haut niveau sur la faisabilité du marché, entre le ministre de l’Energie et des Mines, Mongi Marzouk, et plusieurs experts du secteur de l’énergie”.

“L’affaire est restée secrète afin de dissimuler le transfert des droits et obligations de PA RESOURCES, dans l’attente d’une décision”, écrit I Watch dans son enquête, relevant que le marché a été conclu à un moment où l’ETAP connait une baisse de 24% de ses revenus d’exploitation et des pertes estimées à 297 millions en 2016.

L’ONG estime “qu’il aurait fallu acheter le permis Zarat, au lieu de dépenser un argent fou pour l’acquisition de permis à faible rendement ou expirés et suivre l’exemple de la société Enquest qui a conclu un marché pour l’achat de 70% des actifs des champs pétroliers Didon et Zarat seulement”.

Pour mémoire, l’ETAP avait signé le contrat d’acquisition des titres d’hydrocarbures de Pa Resources, le 6 mai 2016, en présence de l’ancien ministre de l’Energie et des Mines, Mongi Marzoug, et de l’ancien ministre de l’Industrie, Zakaria Hamad.

“Ce contrat de cession portant entre autres sur le permis Zarat, la concession Didon (golfe de Gabès ) et les concessions Douleb, Semmama et Tamesmida (Kasserine), a été réalisé à des conditions économiquement avantageuses”, avait commenté en 2016, le ministère de l’Energie dans un communiqué, sans donner le montant de la cession.

Le département de l’Energie avait qualifié cette opération de “première de son genre”, et de “stratégiquement majeure pour la Tunisie, car elle permet de sécuriser des réserves additionnelles d’hydrocarbures du pays et offre à l’ETAP, la possibilité de mieux contrôler le développement des découvertes de champs gaziers dans le Golfe de Gabès”.

Il a ajouté que “pour la première fois de son histoire, et grâce à cette opération, l’ETAP accède au rôle d’opérateur d’hydrocarbures au niveau de la production”. Le contrat avait été signé par Mohamed Akrout, PDG de l’ETAP et Mark Mc Allister pour le compte de PA Resources.