Ghazi Chaouachi, secrétaire général du Courant démocrate, estime que Youssef Chahed “manque de maturité politique” et que “la supposée guerre qu’il mène contre la corruption est factice”.
“C’est une guerre entre des corrompus menée à des fins électoralistes et politiciennes et qui n’a aucun rapport avec l’intérêt du peuple”, a-t-il assuré lors d’une conférence de presse, tenue mercredi 5 septembre dans les locaux du parti à Tunis.
La guerre contre la corruption, pourtant considérée comme une des priorités de l’actuel gouvernement, “a été déviée de ses objectifs par Youssef Chahed qui s’en sert, désormais, comme moyen de règlement de comptes, pour polir son image et cacher les réelles difficultés sociales, économiques et politiques du pays”.
Chaouachi estime que la lutte contre la corruption requiert une réelle volonté politique, l’élaboration d’une stratégie nationale, la mise en place d’une justice indépendante et d’instances publiques de contrôle, ainsi qu’un dispositif juridique en harmonie avec la Constitution et les conventions internationales en vigueur.
Il est impossible de sortir des crises socioéconomique et politique actuelles, de réaliser le développement et de faire réussir l’expérience démocratique sans une lutte contre la corruption, sans la réforme de l’administration et sans l’instauration d’une gouvernance dans tous les domaines, pense le secrétaire général du Courant démocratique.
D’après lui, le limogeage du ministre de l’Energie, du secrétaire d’Etat aux Mines et de plusieurs responsables et la fusion du ministère de l’Energie et de l’Industrie sont des “décisions hâtives”. Le chef du gouvernement a voulu “marquer des points contre ses adversaires dans sa guerre sélective contre la corruption”.
Par ailleurs, Chaouachi est revenu sur ce qu’il a qualifié de “soupçons de corruption contre le secrétaire d’Etat des Mines” depuis qu’il a occupé la fonction de délégué de Tinja (gouvernorat de Bizerte) sous le gouvernement de Mehdi Jemaa et jusqu’à sa nomination à la tête du gouvernorat de Kébili.
Il est poursuivi, a-t-il ajouté, dans une affaire de corruption intentée devant le Tribunal de première instance de Kébili pour son implication dans des affaires liées au transport du phosphate à Redayef.
Il a aussi évoqué de soupçons de corruption contre le ministre de l’Energie, Khaled Kaddour, limogé, depuis qu’il occupait le poste de directeur général au sein de ce ministère du fait de son implication dans une affaire en rapport avec la vente d’actions confisquées à Slim Chiboub. Selon Chaouachi, ces actions ont été transférées au profit de la compagnie étrangère “Anadarko” représentée en Tunisie par Slaheddine Caïd Essebsi, frère du président de la République. L’opération de transfert a été effectuée après accord de Khaled Kaddour, alors directeur général des mines et l’approbation de Béji Caïd Essebsi, alors chef du gouvernement en 2011.
Ghazi Chaouachi estime que lors de cette transaction, les règles garantissant une concurrence loyale n’ont pas été respectées et aucun appel d’offres n’a été lancé.
Selon lui, Chahed était au courant de ce dossier, ce qui, à son avis, met en doute la crédibilité des révocations au nom de la guerre contre la corruption.