Un troisième round de négociations sur l’Accord de libre-échange approfondi et complet (ALECA) entre la Tunisie et l’Union européenne (UE) sur l’agriculture devrait avoir lieu en automne 2018; sa date exacte sera communiquée par le gouvernement tunisien, a affirmé, jeudi, à Tunis, Catherine Combette, responsable à la direction générale de l’agriculture de la Commission européenne.
Les deux premiers rounds qui ont eu lieu en 2016 et 2018 ont permis notamment, d’avancer sur le volet relatif à l’indication géographique des produits, a-t-elle ajouté, lors du séminaire organisé par le SYNAGRI (Syndicat national des agriculteurs de Tunisie), les 13 et 14 septembre sur “l’Agriculture et l’ALECA.
L’indication géographique, rappelle-t-on, est un signe utilisé sur des produits qui ont une origine géographique précise et possèdent des qualités, une notoriété ou des caractères essentiellement dus à ce lieu d’origine, selon l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI).
Deux principaux points de différends entre les deux parties ont surgi au cours de ces rounds, à savoir la période d’adaptation pour l’agriculture tunisienne a indiqué la responsable, précisant a cet égard, que la partie européenne propose 10 ans alors que la Tunisie réclame une période plus longue.
Quant au deuxième point de différend, il s’agit du traitement qui sera réservé aux produits sensibles, particulièrement, la définition, le volume et les degrés de la protection douanière de ces produits.
Mme Combette a rappelé les objectifs de l’ALECA, précisant qu’il s’agit de renforcer les liens existant entre les deux pays dans ce domaine, de moderniser l’accord et d’améliorer l’accès aux marchés de leurs produits respectifs.
Pour le président du SYNAGRI, Karim Daoud, l’agriculture tunisienne aura besoin au moins d’une période d’adaptation de 15 ans en prévision de l’ALECA. Les 10 ans proposés par l’UE ne seront pas suffisants compte tenu de plusieurs facteurs dont les échéances politiques de la Tunisie (élections de 2019).
Le développement de l’agriculture tunisienne est confrontée à plusieurs défis, a noté Daoud, citant les limites du modèle agronomique tunisien, la forte pression sur les ressources naturelles et les changements climatiques, la dégradation de la sécurité alimentaire, le déficit de la compétitivité des prix et la diminution des investissements publics dans ce secteur sans que cette diminution ne soit remplacée par une hausse des investissements privés.
Il s’agit également de la faible organisation des filières agricoles, l’augmentation de la demande nationale et internationale sur les produits de qualité, la faible action collective dans ce domaine et la quasi disparition des services d’appui et de conseil agricole, a-t-il dit.
D’après les données présentées par la responsable européenne, la Tunisie est la 46ème destination pour les produits agricoles de l’UE et le 45ème fournisseur de ce groupement régional. Entre 2010 et 2017, la balance commerciale entre les deux parties a été défavorable à la Tunisie à l’exception de 2015, année faste pour l’huile d’olive tunisienne.
En outre, plus de 70% des exportations agricoles de la Tunisie vers l’espace européen, sont composées d’huile d’olives et des dattes alors que 40% de ses importations sont composées de céréales, de produits animaliers et d’huiles végétales