Un discours qui s’est voulu rassurant mais aussi «pédagogique» que celui prononcé par Youssef Chahed, à l’occasion de la Conférence nationale sur le projet de la loi des finances 2019, en présence des représentants des organisations nationales –exceptée l’UGTT-, des membres du gouvernement et des experts économiques.

Dans son discours, Chahed a abordé pratiquement tous les secteurs économiques en exposant, à chaque fois, les mesures prises par le gouvernement pour les soutenir et les relancer.

Le chef du gouvernement a entamé son discours en répliquant à Samir Majoul, président de l’UTICA, qui avait assuré qu’une démocratie n’a pas de sens si elle n’est pas immunisée par une économie forte: «Vous avez déclaré dans votre discours que l’économie ne peut se développer qu’en démocratie, je vous réponds que nous sommes en démocratie et que nous figurons parmi les rares pays qui ont réussi leur transition démocratique… Nombreuses sont les personnes qui considèrent que les problèmes du pays proviennent de cet excès démocratique. Eh bien, ce n’est pas vrai. Les problèmes existent mais les raisons sont autres».

La véritable démocratie implique que l’on discute des projets, des idées et des arguments et non des vies privées de nos concitoyens portant atteinte à leurs familles

Youssef Chahed a déploré la mauvaise interprétation de l’exercice démocratique par des individus qui pensent que c’est par la diffamation, le dénigrement et la destruction des réputations des uns et des autres qu’ils exercent leur droit à l’expression.

«La véritable démocratie implique que l’on discute des projets, des idées et des arguments et non des vies privées de nos concitoyens portant atteinte à leurs familles. La démocratie est une concurrence loyale entre les différents pans politiques et socioéconomiques pour le bien du pays et le respect des échéances électorales».

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Le chef du gouvernement a reconnu les régressions enregistrées dans notre pays à tous les niveaux, dues en grande partie à la faiblesse de l’Etat, et ce qu’il s’agisse de croissance économique, d’investissements, de certains secteurs tels l’industrie, le tourisme, la production du phosphate, des hydrocarbures, de l’emploi, du déficit budgétaire, du déficit de la balance commerciale -qui se creusent de plus en plus-, d’une dette extérieure élevée, etc.

Nous n’avons pas fait de fausses promesses, nous avions annoncé que ce n’est qu’au début de 2020 que nous pourrions parler de reprise économique…

Sur un tout autre volet, les dépenses de l’Etat et la masse salariale ont flambé, ce qui a eu pour conséquence la détérioration de la situation des finances publiques.

«Nous n’avons pas fait de fausses promesses, affirme Youssef Chahed, nous avions annoncé que ce n’est qu’au début de 2020 que nous pourrions parler de reprise économique et que les indicateurs économiques vireront au vert. La démocratie a un prix !».

Les réponses à toutes les difficultés citées consistent à insuffler une nouvelle âme à une économie en détresse en relançant la croissance et la préservation des équilibres fondamentaux en veillant à ce que les finances publiques retrouvent la santé.

Y.C n’a pas manqué de citer des chiffres démontrant les performances de certains secteurs dont les scores sont en nette amélioration par rapport aux années précédentes. Et à titre d’exemple, le secteur touristique dont les revenus ont atteint, au 20 août, les 2,324 milliards de dinars, soit +59% par rapport à 2016 ; les IDE qui ont augmenté de 23,7% par rapport à 2016 dont 75,3% dans le secteur des services. Les franchises sont-elles comprises dans ces investissements ?

Quant aux IDE dans le secteur de l’industrie, ils ont évolué de 31% pour atteindre 478 millions de dinars.

Le déficit budgétaire réduit de 7,4% en 2016 à 4,9% en 2018

Il est regrettable que les chiffres négatifs circulent à une vitesse hallucinante alors que ceux performants sont pratiquement ignorés, a déclaré le chef du gouvernement citant le recul du déficit budgétaire réduit de 7,4% en 2016 à 4,9% en 2018. «Ce qui prouve que les mesures prises pour réduire le déficit ont été efficaces, ce qui se répercutera positivement sur le taux d’inflation et aura un impact réel sur les notations souveraines de la Tunisie».

Les mesures prises pour réduire le déficit ont été efficaces, ce qui se répercutera positivement sur le taux d’inflation

Youssef Chahed n’a pas raté l’occasion de ses retrouvailles face aux décideurs publics et privés en Tunisie pour exprimer ses regrets de voir les luttes politiques intestines interférer avec les efforts du gouvernement pour assurer au mieux son rôle dans la gestion des affaires d’un pays en crise.

«Nous aurions pu jeter l’éponge, mais ceci n’est pas dans notre culture et dans notre philosophie de la vie ou de la politique, parce que lorsque nous assumons une responsabilité, nous devons l’honorer, d’autant plus que notre pays a besoin de stabilité et est en train de négocier avec des organisations internationales. Des négociations qui pourront être stoppées net si la stabilité politique du pays est menacée», ce qui aura un impact des plus négatifs sur l’économique, avertit-il.

Et le chef du gouvernement d’annoncer la couleur pour ce qui est des orientations de la nouvelle loi des finances :

  • pas de nouvelles taxes sur les entreprises et les personnes. Et des mesures vont être prises pour alléger le poids des impôts sur les entreprises pour qu’elles réinvestissent de nouveau. La nouvelle loi comportera également des mesures pour solutionner les problèmes des dettes fiscales. Quant aux porteurs de projets, ils seront exempts des impôts sur les revenus et des impôts sur les sociétés pour une période de 4 ans, à commencer par l’entrée en activité et ceci inclut les entreprises créées en 2018 et celles qui seront créées en 2019 et 2020.

Les entreprises à forte employabilité opérant dans les hautes technologies et l’export subiront des taxes de 13% d’impôts sur les sociétés, et ce à partir de janvier 2021.

Les entreprises à forte employabilité opérant dans les hautes technologies et l’export subiront des taxes de 13% d’impôts sur les sociétés, et ce à partir de janvier 2021.

Sur un tout autre volet, le TMM (taux du marché monétaire) sera réduit à 2 points pour les moyennes et petites entreprises.

Le PPP (Partenariat Public/Privé) verra la réalisation de nombre de projets, et, le 18 septembre prochain, une conférence internationale aura lieu à Tunis au cours de laquelle pas moins de 33 projets à hauteur de 13 milliards de dinars seront lancés. Ces projets couvrent tout le territoire national et pourront œuvrer sérieusement dans la relance économique du pays.

D’autres programmes seront mis sur orbite par le gouvernement pour redynamiser l’économie nationale et réduire le chômage dont la Banque des régions et la Bourse emploi, ainsi que la mise en place de lignes de financement en direction des jeunes incluant l’autofinancement et pour lequel un budget de 50 millions de dinars a été consacré.

Des voitures de plus de 30.000 DT, c’est trop cher pour les familles !

Le chef du gouvernement a déclaré être révolté de voir que les prix des voitures ont atteint des niveaux qui ne permettent pas aux familles de les acquérir. De ce fait, une décision a donc été prise pour mettre sur le marché des voitures dont les prix ne dépassent pas les 20.000 DT.

Décision populiste ? Possible, lorsque nous voyons un réseau routier incapable de supporter les centaines de milliers de voitures en circulation aujourd’hui, les prix des carburants et le dinar en baisse. Ne devrions-nous pas plutôt améliorer la qualité des transports publics, mettre fin à la sauvagerie des conducteurs et remplacer les bus et les trains vétustes par d’autres plus confortables et sécurisants ?

800 millions de dinars pour la rénovation d’un millier d’établissements scolaires et de nouvelles formules pour mieux rémunérer les enseignants contractuels…

Abordant le secteur de l’éducation nationale, Youssef Chahed a évoqué 800 MDT dans le Budget de l’Etat pour la rénovation et au réaménagement de 1.000 établissements scolaires délabrés et de nouvelles formules pour mieux rémunérer les enseignants contractuels et assurer leur couverture sociale.

Il a également parlé du secteur de la santé, en grandes difficultés, promettant de consacrer un budget plus conséquent aux unités médicales et au secteur de la santé publique.

La valeur travail doit reprendre son importance pour que nous réussissions à sauver notre pays.

Youssef Chahed n’a pas manqué de parler des conséquences de la paralysie du secteur énergétique qui a fait de notre pays un pays hautement importateur des hydrocarbures et de la nécessité de recourir aux énergies renouvelables pour parer à nos déficits.

Le chef du gouvernement a conclu son discours en promettant qu’il procédera aux réformes économiques nécessaires à la survie du pays et ceci quoiqu’il en coûte : «Parce que nous n’avons pas d’autres choix que de procéder aux réformes et de travailler. La valeur travail doit reprendre son importance pour que nous réussissions à sauver notre pays. Un pays qui n’a pas besoin de miracles mais juste de l’engagement et du patriotisme de nous tous».

A.B.A