La qualité n’est pas qu’une simple devise pour les entreprises. Elle doit être leur credo pour des produits de qualité aux meilleurs prix. Et c’est ce que fait ressortir la trajectoire de ARDIA, entreprise totalement exportatrice, lauréate pour l’édition 2017. Reconnaissons que le credo peut, en retour, ramener des devises. La qualité, sinon rien.
C’est au siège de l’UTICA, lundi 10 courant, que s’est déroulée la cérémonie de remise du Prix national de la qualité et de l’excellence opérationnelle. Slim Feriani, ministre de l’Industrie et des PME et de l’Energie, était présent aux côté de Samir Majoul, président de l’UTICA.
Il est à rappeler que le département de l’Industrie et des PME est le tuteur du Prix, et que l’UTICA, en ces temps d’anémie de croissance, veut en être le parrain. Tous deux entendent envoyer un signal fort au monde de l’entreprise quant au primat de l’objectif “qualité“ dans leur démarche de développement et d’expansion.
A cette l’édition et au titre de l’année 2017, ce qui est un peu tardif car contraire à l’esprit de réactivité, l’une des finalités de cette récompense, c’est la société ARDIA, qui est montée sur le podium. Elle est suivie par SANCELLA, 2ème prix, et Land’or, 3ème prix.
Le référentiel EFQM : objectif et transparent
Ce prix est décerné selon le référentiel européen EFQM, comme le rappelait Zouhair Makhloufi, responsable du Programme national de la qualité. Le prix national récompense les entreprises du secteur industriel ainsi que des services liés à l’industrie.
Le référentiel EFQM comprend 9 critères dont celui de la qualification des ressources humaines, rubrique fondamentale dans la démarche qualité des entreprises.
Les experts membres du Comité technique du prix procèdent à deux audits pour les candidats compétiteurs.
Le premier se passe sur dossier. Et le second se fait in situ, dans les locaux de l’entreprise. Les experts rappellent sans cesse que le process de sélection du prix est strictement basé sur des données techniques acceptées de tous et qui rendent compte fidèlement des indicateurs de performance de chaque compétiteur. Le tout, bien entendu, se passe dans une transparence totale.
La qualité : un marqueur de la compétition à l’international
Toutes les économies du monde ne jurent plus que par la qualité. C’est le visa pour la compétitivité à l’international. Et tous les pays s’y mettent jusqu’à la toute puissante Amérique qui a institué le prix Malcolm Balridge, du nom du ministre du Commerce du président Ronald Reagan.
On peut regretter que, pour l’édition 2017, le groupe de candidats soit restreint avec seulement 10 entreprises. Mais à l’examen, on relève qu’il s’agit de groupes de standing capables de relever le challenge autant sur le marché national -où ils ont leurs marques- qu’à l’international -où on observe qu’ils ont un certain répondant.
Il s’agit de la SOTUVER, PML Com’, Hikma (Chimie), Gargouri Emballages, les pâtes Randa, Al Mazraa et enfin Yazaki, en plus du trio gagnant.
Il faut garder à l’esprit que la démarche qualité règle la compétition économique à l’échelle du marché mondial. C’est le marqueur de la stratégie de développement des entreprises et des économies nationales.
ARDIA, filiale d’Actia
Rappelons que ARDIA est la filiale Recherche et Développement (R&D) du groupe ACTIA, équipementier français (bus, chemins de fer et électricité) dont le siège est à Toulouse en France. ACTIA est à la tête d’un réseau de 23 filiales disséminées sur 16 pays. Le groupe emploie 3.600 salariés dont 1.300 en Tunisie parmi lesquels on trouve 450 ingénieurs. Le taux d’encadrement en l’occurrence est de 35%. Et, ARDIA est son laboratoire de conception et de développement des process qui permettent à ACTIA de fabriquer ses produits.
ARDIA est première à l’échelle mondiale en matière de design des carrosseries d’autobus. Elle est momentanément basée au Technopark El Ghazala et exporte toute sa production.
Son chiffre d’affaires pour 2017 est de 25 millions de dinars tunisiens, soit la contrevaleur de 8 millions d’euros, environ. Ardia se délocalisera à la ZI de Choutrana II où son nouveau siège est en construction.
Il pourra accueillir 750 ingénieurs en prévision d’une ouverture sur l’Afrique de même que l’ont confirmé Jean Louis Pech, président du Directoire d’ACTIA et Walid Rouis, qui chapeaute ARDIA Tunisie et Afrique, cette dernière ayant démarré dès le mois d’avril de cette année.
Un lauréat qui redonne du prestige au site Tunisie
ARDIA ne manque pas d’allant et de génie managérial et elle a été sélectionnée en conséquence. Ses clients sont là pour le souligner, notamment le groupe PSA (Peugeot, Citroën), Ainsi que Alsthom, le suédois Volvo et l’allemand Volkswagen.
Il faut également reconnaître que son secteur d’activité l’a avantagée. Opérant dans l’IT, organisée en cluster avec un schéma cohérent et intégré, développant des logiciels pour l’industrie elle surclasse ses poursuivants lesquels exercent dans des secteurs classiques.
Nous pensons que le succès de ARDIA vient lustrer l’image du technopark El ghazala, premier parc de nearshoring dans la région et qui a souffert d’un déficit de marketing ayant étouffé son expansion.
ARDIA est une société française qui développe sa technologie propre, cependant elle le fait avec des effectifs d’ingénieurs tunisiens. La qualité de la RH et du système tunisien de formation sont par conséquent, encore, dans la course. Cela ne les dispense pas pour autant de se réformer.
Par ailleurs, ARDIA montre que la Tunisie reste également dans la compétition pour la conquête du marché africain. Et le fait qu’ARDIA réalise un plan d’expansion sur le site Tunisie doit redonner confiance aux chefs d’entreprises locaux engourdis par un déficit de visibilité qu’ils disent. Et quel effet d’appel sur les IDE.
Bravo ARDIA et avec toutes nos félicitations.