«Pour nous, les premières lettres du Partenariat Public-Privé “PPP” s’interprètent également ainsi : préparer, préparer et ensuite préparer pour que tout ce que nous entreprenons soit concrétisé et ne se limite pas aux discours. Il ne s’agit plus de théoriser mais de réaliser».
C’est ce qu’a annoncé Zied Ladhari, ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, à l’ouverture du Forum international sur Forum International sur les PPP, mardi 18 septembre 2018, et au cours duquel la Tunisie présente son pipeline de projets avec des fiches synthétiques. Un forum d’investisseurs, précise le ministre, avec eux et pour eux.
«Nos principaux partenaires sont les investisseurs, la Tunisie croit dans le secteur privé ; elle est engagée sur une voie vertueuses dans ce qui touche à entrepreneuriat».
Une innovation importante, précise Zied Ladhari : consacrer la principale partie des échanges entre opérateurs et chefs des départements dans un format interactif et pragmatique. «Il ne s’agit pas d’une énième conférence sur les PPP mais de la réalisation des projets PPP».
Même son de cloche chez Pierre Heilbronn, vice-président des politiques et des partenariats à la Banque européenne de reconstruction et du développement : «Il est grand temps de mettre fin aux discours théoriques pour aller dans le concret. Nous reconnaissons l’ampleur des investissements en Tunisie très importants, rien que pour combler les retards enregistrés au niveau des infrastructures. L’Etat tunisien ne pourra pas assurer à lui seul ces investissements lourds sans l’apport des privés».
Pour la BERD, cette qualité d’investissements est perçue comme un pont visant à réduire les inégalités et rétablir les équilibres régionaux. Un bureau de la BERD a été d’ailleurs ouvert à Sfax qui couvrira éventuellement le sud du pays.
Le représentant de la BERD a relevé les retards observés dans l’achèvement des projets d’infrastructure, d’où la pertinence du PPP : ces projets doivent être achevés à temps et dans le cadre des budgets impartis : c’est le propre du PPP.
«En Tunisie, les retards dans la réalisation des projets d’infrastructure représentent 5% du PIB, c’est égal au budget du département de l’Education nationale. Nous avons l’expérience des autres pays et nous pouvons en faire profiter la Tunisie, et là, je parle d’une expertise dans l’implantation des projets et leur accompagnement. Le peuple tunisien mérite une meilleure infrastructure, de meilleurs services et pour beaucoup moins cher».
Les besoins en infrastructures sont estimés par la BERD à près de 70 milliards d’investissement par an. Les crises économiques et les bouleversements vécus par nombre de pays arabes ont réduit les capacités de ces pays à entreprendre de tels investissements.
Les PPP peuvent aider ces pays à relever les défis des investissements dans des secteurs stratégiques. Des pays comme l’Egypte et la Jordanie en sont les preuves, a indiqué Mouayed Makhlouf, directeur pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord de l’IFC.
Selon lui, le développement des PPP et la libéralisation de l’économie tunisienne pourraient assurer la prospérité du pays d’autant plus que la Tunisie est loin derrière les pays arabes en matière de privatisation des entreprises et de progression des accords dans le cadre des PPP.
Youssef Chahed, chef du Gouvernement, a conclu la séance d’ouverture du Forum en rappelant que les IDE ont augmenté de 20% pour les 8 premiers mois de l’année 2018. Il a annoncé que «nous oserons les réformes qui s’imposent pour garantir la relance économique du pays».
Le chef du gouvernement est revenu sur la nécessité d’améliorer les infrastructures y compris celles technologiques, l’aménagement des zones industrielles et des ports ainsi que la rénovation des réseaux routiers pour l’amélioration des services destinés aux citoyens.
Les projets inclus dans le cadre du PPP toucheront toutes les régions du pays et concerneront tous les domaines, et ils sont incontournables, s’agissant d’assurer le bien-être de nos concitoyens.
L’arsenal législatif sera finalisé dès l’ouverture de la session parlementaire pour offrir les cadres légaux idoines aux PPP : consacrer les budgets nécessaires de la part de l’Etat pour assurer le succès des projets inclus dans le pipeline.
Et dans ce cadre, indique le chef du gouvernement, la mise en place du Conseil stratégique créé dans le cadre de la loi sur le partenariat promulgué en 2015 et dont le rôle est de mettre en place les stratégies nationales en matière de PPP et fixe les priorités.
La première réunion de ce conseil sera consacrée au suivi des résultats du Forum international sur les PPP. Mais aussi, assure Youssef Chahed, le gouvernement procèdera à la mise en place des mécanismes de la Commission générale de partenariat public/privé qui représente la partie concernée par la concrétisation des contrats de partenariat et l’exécution des orientations de l’Etat en conformité avec les principes de croissance, de concurrence loyale et d’égalité des chances.
Ce Forum marque un tournant dans les politiques économiques du pays parce que, pour la première fois et depuis longtemps, nous percevons une véritable volonté de traduire les dires dans les actes.
La prudence reste cependant de mise, les Tunisiens sont fatigués d’entendre parler d’une transition économique que personne n’arrive à achever. Espérons que ce Forum mettra les premiers jalons pour y parvenir.
Amel Belhadj Ali