“Réussir la convergence réglementaire entre la Tunisie et l’Union européenne (UE) nécessite l’adoption d’une démarche inclusive et participative, pour que les opérateurs économiques directement impactés par l’Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) soient directement engagés”, a déclaré Taïeb Bayahi, président de l’IACE.
Intervenant, mercredi, lors de la 6e édition du Tunis Forum sur le thème “la Tunisie et les directives européennes : convergence Vs protectionnisme”, le responsable a déclaré “nous lançons un appel pour la mise en place d’une plate-forme de dialogue et de participation effective du secteur privé et de la société civile dans le processus de négociation de l’ALECA “, a-t-il indiqué, ajoutant que l’IACE est disposé à coopérer avec les autorités compétences en vue de mettre en place cette “plateforme nécessaire et vitale”.
Pour le président de l’IACE, la convergence réglementaire, qui permettra, à terme, une meilleure attractivité de la Tunisie, n’est pas une simple opération technique, mais un processus continu engageant toutes les parties, à savoir le secteur privé, les autorités et les institutions. Certes, c’est un rapprochement stratégique vital, mais qui a toutefois, un coût.
Et de rappeler que d’autres pays qui ont pu profiter du marché européen et dont l’économie a connu un saut qualitatif significatif l’ont fait grâce à l’accès aux fonds structurels qui leur ont permis d’améliorer leurs infrastructures physique et immatérielle très rapidement, pour hisser leurs niveaux de compétitivité et protéger ainsi, leur économie.
“S’agissant de la Tunisie, nous œuvrons pour que cette question d’accès aux fonds structurels soit inscrite parmi les axes essentiels du programme d’appui qui accompagne le processus de négociation avec la partie européenne”, a estimé Bayahi, ajoutant qu’il est aussi vital que ces programmes se poursuivent au-delà de la signature de l’accord.
Un point de vue partagé par Walid Bel Hadj Amor, vice-président de l’IACE qui a relevé qu'”au-delà de la mise à niveau du secteur productif, il ne servirait à rien de revoir l’arsenal réglementaire, si cela n’est pas suivi par une mise à niveau matérielle et immatérielle de l’administration et de l’infrastructure du pays pour combler le gap de compétitivité”.
Intervenant lors du panel axé sur le coût et le processus de convergence réglementaire, Hadj Amor a indiqué que ce processus suppose non seulement l’adhésion aux standards européens, mais aussi, l’ouverture de plusieurs chantiers comme, l’obsolescence du système fiscal, l’archaïsme de l’administration et la légitimation de l’impôt par la pratique d’une véritable gouvernance fiscale qui commande plus de transparence.
“Les gouvernants ne peuvent plus agir comme ils le faisaient dans le cadre d’une économie cantonnée dans des frontières nationales. Le pouvoir étatique est conditionné à la fois par les engagements internationaux et les exigences économiques dont la méconnaissance peut devenir dommageable pour l’économie d’un pays émergent comme la Tunisie”, a estimé le responsable.
De son coté, Hichem Ben Ahmed, secrétaire d’Etat au commerce extérieur et négociateur en chef du côté tunisien, a rappelé que l’approche adoptée par la Tunisie dans le cadre des négociations sur l’ALECA est basée sur une démarche asymétrique et progressive qui avance parallèlement avec les études d’impact et de diagnostic.
Dans une déclaration aux médias en marge des travaux de Tunis Forum, Ben Ahmed a rappelé que la mobilité des personnes reste un point essentiel dans les négociations avec l’UE, sur l’ALECA. La Tunisie plaidera en faveur d’une mobilité libre et sans visa pour les professionnels dans le cadre de ces négociations.
Pour sa part, Patrice Bergamini, ambassadeur de l’UE en Tunisie, a estimé que l’”ALECA ne résume pas les relations entre l’UE et la Tunisie. Il s’agit plutôt d’une opportunité d’intégration de l’économie tunisienne dans l’économie européenne qui représente aujourd’hui un marché de 300 millions de consommateurs”.
S’agissant du “blacklisting” de la Tunisie, le responsable européen a réfuté l’idée véhiculée selon laquelle l’UE “voulait faire pression sur la Tunisie pour accélérer le calendrier des négociations sur l’ALECA”. Il a assuré que “pour l’UE, il y a juste la volonté de lutter contre l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent, surtout que ces fléaux touchent les pays du nord comme du sud de la méditerranée”.