Je fais partie de ces incorrigibles partisans du grand-père de la nation qui, malgré le poids des ans, continue à jongler avec la politique comme il le fait depuis l’âge de 30 ans, quand il était l’un des plus jeunes ministres de BOURGUIBA.
Faut-il rappeler qu’il avait osé dire non à BOURGUIBA alors que les politiciens pliaient l’échine et a quitté pratiquement le système pour réapparaître après le 14 janvier.
Si j’ai passé un épisode de la carrière de BCE, ne m’en voulez pas, c’est parce que l’histoire de nos hommes politiques reste souvent méconnue et souvent déformée dans le sens ou souffle le vent…
Revenons à nos moutons, si on peut dire, et examinons le bilan de BCE. Depuis le départ de ZABA, on constate des choses fortement contradictoires et on ne peut plus curieuses :
- Quand il a été nommé Premier ministre de la première période transitoire, il a fait organiser les premières élections réputées “transparentes“ du pays aux résultats désastreux, la population ayant voté en grande majorité pour le gourou qui s’est empressé d’aller salir le palais de CARTHAGE en y faisant loger son larbin aux 7.000 voix rien que pour le gourbifier ! Mais, paraît-il, le M3 n’a pas osé occuper le BUREAU, l’ombre du seigneur des lieux y régnait…
- Apres leur gestion calamiteuse –période au cours de laquelle BCE se retira dans ses quartiers. Et la deuxième période transitoire qui nous valut un prix NOBEL, BCE reprit du poil de la bête, créa un parti et se fit élire notamment par un million de Tunisiennes. Faut-il rappeler que durant la journée du vote de la présidentielle, et sentant le danger, le gourou mobilisa ses troupes ce qui, quand même, assura à son larbin 45% des voix, et s’assura un nombre de sièges à l’ARP qui lui permettait de consolider sa place dans ce système politique bâtard …
- Le voilà BCE, 60 ans plus tard passer du siège du visiteur à celui de l’occupant du fauteuil présidentiel. Il fallait en avoir de la persévérance … Et là, de ce promontoire carthaginois, il put mesurer l’ampleur des dégâts provoqués par quelques années de gouroutisme: les Caisses étaient vidées, les administrations surchargés, les structures de l’Etat contaminées, et les jebels occupés; avec un environnement international marqué par une guerre civile qui n’en finit pas à nos frontières et une géopolitique pas très favorable : ni l’OCCIDENT ni l’ORIENT ne voyaient d’un bon œil ce pays qui avait osé !
Alors que faire, avec un peuple de plus en plus pressé et exigeant, un syndicat revêche, des assassinats d’hommes politiques, une démobilisation générale et une série d’années sèches, un marché parallèle florissant, une économie en décrépitude, économie qui se retrouva sous les fourches caudines d’un FMI qui adore vampiriser ses victimes au nom d’un développement ? Et surtout une gouroutisation rampante du pays où les mosquées se misent à pousser comme des champignons n’importe comment, n’importe où, comme si l’on cherchait à nous rappeler qu’on était plus que des croyants !
On peut toujours se demander qu’allait-il faire dans cette galère à cet âge ! Mais avec plus de 200 partis aussi faibles les uns que les autres et passant leur temps à pérorer sur les plateaux et des jeunes qui se dispersaient entre un MOYEN-ORIENT enflammé et une EUROPE récalcitrante, et en l’absence d’un environnement fiable, il n’eut qu’une seule issue : aller négocier avec son ennemi… et à PARIS !
Et ne se faisant prier, le gourou envahit la bergerie, et se transforma de terroriste aux mains rouges de sang en politicien costumé et portant une cravate bleue assortie, pendant que les troupes du vieux président se dispersèrent et se fragilisèrent, laissant la maison mère vide, alors ce qui devait arriver arriva, et pressions extérieures aidant, la famille reprit ses droits, et le caviste se retrouva sous les feux de la rampe …
Pendant ce temps, le parti, créé à l’occasion des élections pour contrer le gourou, se transformait en digue fusible et enfanta plusieurs sous-produits aussi peu puissants les uns que les autres, et se diluait sous le regard impuissant du rejeton qui avait pris du galon. Evidemment le gourou en profitait sachant que la nature a horreur du vide ; il comblait les trous et avançait lentement et sûrement et occupa plus d’une mairie dont la plus importante, dont une similaire en propulsa le maire à la tête du pays! Triste exemple que cet homme malade de l’OCCIDENT…
Dans cette ambiance malsaine où tous les clignotants sont au rouge, et surtout devant l’envahissant FACEBOOK qui sème des fake et des right news à tout vent, la Tunisie ressemblait à un bateau sans gouvernail qui tanguait sur une mer démontée, et encore heureux que la carcasse reste solide …
Du coup, les gens se mirent à demander le départ de BCE, de petite porte, et certains inspirèrent à DJAMEL DEBBOUZ une critique acerbe –payée en euros; critique qu’il n’aurait pas osé faire dans son pays natal -baisemain oblige; et comme d’habitude, beaucoup attendent 2019 pour se faire pousser la barbe, opportunisme oblige !
Mais et mille fois mais, tout ça se passait sous le regard – semble-t-il pour beaucoup, impuissant du vieux politicien qui, malgré tout gardait sa sagesse et son professionnalisme voire un machiavélisme aigu et surtout qui en a vu des vertes et des pas mûres ! Et de son refuge carthaginois, il initiait des actions à court, moyen et long terme, dont certaines semblaient incohérentes et je citerais entre autres :
- Pour mettre à nu le gourou –sic- il inventa la COLIBE et démontra que cet homme et ses troupes en étaient toujours à la case départ, et donna ainsi à réfléchir à nos femmes aussi bien celles qu’il déçut que les foulardisées …
- Je ne sais pas si vous avez constaté, depuis que NIDAA s’est quasiment disloqué, ses miettes semblent vouloir se reconstituer en une miche uniquement sous l’effet du catalyseur HCE ! Dieu seul sait de quel bord ils vont être dans cette comptabilité parlementaire où l‘accusé aurait besoin de «sang neuf» voix pour être absous. Peut-on considérer que les effets de cette hafedhtophobie aiguë soient positifs et aient permis de regrouper des gens réputés inconciliables ? Peut-on dire que BCE fasse d’une pierre deux coups : satisfaire sa famille et regrouper ses troupes dispersées ? A vous de juger!
- Evidemment, comment ne pas parler des relations de BCE et de son jeune Premier ministre qui aurait pu l’appeler grand-père ? Marqué par une inexpérience évidente, le PM aurait besoin de se faire sérieusement coacher et apprendre à faire, et ce dans un monde où les leaders charismatiques n’ont plus cours surtout que le dernier d’entre eux –NELSON MANDELA- n’a pu que réussir à transformer l’apartheid officiel en un apartheid naturel ! On peut considérer que YC a pris goût au pouvoir, et son élixir magique qu’il fait tout et son contraire pour rester en place voire passer de La KASBAH à CARTHAGE…
Mais le chemin est semé d’embûches et lui aussi fait ce qu’il peut avec les moyens qu’il a. Et chaque fois qu’il veut prendre une décision, il doit aussi bien avoir l’aval de Carthage que de comptabiliser le nombre de voix dont il peut disposer au BARDO! Ce qui relève du casse-tête chinois d’autant plus que le nombre d’incompétents qui l’entourent augmente à vue d’œil. Parole de chauffeur !
Je suis convaincue que BCE le sait et en sait quelque chose d’autant plus qu’il est évident qu’il n’aime pas le système politique qu’il gère, cette Constitution boiteuse qui est faite pour que personne ne puisse décider; ce système parlementaire des 109 voix avec des députés atteints d’absentéisme, ce gouvernement hétérogène censé représenter des partis dont la majorité a disparu, une sorte de quatrième République en quelque sorte !
le gourou semble se calmer, rêve de passer de MONTPLAISIR à CARTHAGE et surtout a calmé les envies d’explosion de ses adeptes qui eux rêvent des 80 vierges du paradis !
Alors, il navigue à vue, invente des pactes de Carthage qui se suivent et ne se ressemblent pas. Il cherche surtout des moyens de neutraliser un gourou aux dents longues. Et si, ce qui peut sembler bizarre, il n’a rien trouvé mieux que de l’exposer au maximum à la lumière, malgré les grincements de dents de ses supporters. Mais avait-il raison de le faire car, depuis, le gourou semble se calmer, rêve de passer de MONTPLAISIR à CARTHAGE et surtout a calmé les envies d’explosion de ses adeptes qui eux rêvent des 80 vierges du paradis !
Pour conclure ce long papier, quoique dise BCE lors de son interview (de de soir probablement), il trouvera encore une voie sûre pour traverser ce paysage contrasté. Néanmoins, je reste convaincue que la bataille de 2019 sera rude si les forces progressistes et positives ne se regroupent pas –surtout ne pas compter sur le super chômeur HH- pour sauver le pays des tentations gouroutiques ! Messieurs les politiciens, faut-il vous rappeler que personne de nos amis et alliés ne tolérera le gourou malgré toutes les cravates qu’il peut mettre ? Et ce pour une raison bien simple : il est incapable de se COLIBErer!
En fait, il faudrait que BCE aille à la fin de son mandat, puisse bénéficier d’un repos bien mérité et entrer dans l’HISTOIRE par la grande porte !
Ibtissem