Le directeur général de l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES), Néji Jalloul, a appelé, dimanche 23 septembre à Monastir, à l’élaboration d’une nouvelle stratégie de sécurité alimentaire dans le pays et à la création d’un conseil national de la sécurité alimentaire ainsi que d’un indice national de la sécurité alimentaire.
Intervenant lors d’une conférence sur “la sécurité alimentaire : problèmes et solutions”, il considère que la Tunisie a besoin d’une nouvelle stratégie qui réponde aux ambitions des agriculteurs et des producteurs, ainsi que des distributeurs de produits alimentaires et de tous les consommateurs. Cette stratégie devra comporter des mesures politiques, économiques et sociales d’ordre réglementaire, législatif et culturel.
“La sécurité alimentaire compte parmi les problèmes réels en Tunisie, vu le doublement du nombre des habitants et l’augmentation de la demande de produits alimentaires”, a-t- il poursuivi.
Le directeur de l’ITES a également souligné l’importance de créer un conseil national de la sécurité alimentaire, composé de représentants des pouvoirs publics, des hommes d’affaires, des structures de la recherche scientifique, des régions, des composantes de la société civile et des syndicats, et qui serait présidé par des conseils régionaux chargés de déterminer les mécanismes de la production, de l’industrialisation, de la distribution dans les régions.
Pour lui, l’indice national de la sécurité servira au suivi et à l’évaluation du processus d’exécution de la stratégie nationale de la sécurité alimentaire.
Il a proposé, à cet égard, d’élaborer de nouveaux cadres de protection et d’assurance sociales pour tous les opérateurs dans le secteur agricole, de venir en aide aux petits agriculteurs et exploitants agricoles, et de faire évoluer les lois régissant les petits métiers, tout en libéralisant le marché du travail.
Il s’agit également, d’après lui, d’ancrer chez le tunisien de nouvelles traditions alimentaires saines et de protéger le consommateur des maladies, résultant des mauvaises habitudes de consommation.
“Plusieurs défis sont à relever aujourd’hui, à savoir la diminution des ressources en eau et des terres agricoles, la réticence des jeunes et des diplômés du supérieur à travailler dans le secteur agricole, le nombre limité des barrages, l’obsolescence des équipements, et l’absence de lois protectrices du secteur”, a t-il souligné.
De son côté, le président de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), Abdelmajid Zar, a relevé que la Tunisie est capable de réaliser son autosuffisance alimentaire, excepté dans les céréales, soulignant la nécessité de traiter la question des pertes post-production qui atteignent 30% des produits et de prévenir les impacts des changements climatiques, en développant le dessalement de l’eau de mer.
Pour sa part, Adel Ben Tkia, président de l’URICA de Monastir, a parlé du “terrorisme alimentaire” causé par l’importation anarchique, appelant à intensifier les contrôles des circuits commerciaux, à pallier aux problèmes à l’exportation et à lutter contre le gaspillage alimentaire.
Une étude sur la sécurité alimentaire réalisée par l’ITES montre que la Tunisie souffre de problèmes aux niveaux de la sécurité alimentaire, de l’agriculture, des circuits de distribution, ainsi que dans les filières des semences et du lait. Elle évoque aussi, les énormes pertes enregistrées lors du stockage et le gaspillage du pain -qui est un aliment subventionné.