Je reçois souvent des correspondances de mes lecteurs et lectrices, ce qui souvent inspire certains papiers, et je les en remercie. Et cette fois, j’ai reçu un courrier bien spécial émanant d’une petite goutte d’eau toutes en pleurs, qui se plaignait de l’accueil qui lui a été réservé dans un pays réputé touristique.
Cette lettre était tellement attendrissante que je n’ai pas pu m’empêcher de vous la transmettre in extenso :
Ma chère Ibtissem,
Juchée confortablement là -haut sur mon nuage, il m’arrive de lire tes chroniques qui me font parfois sourire voire pleurer de rire, et mes larmes se transforment en pluie selon la zone que mon nuage survole ; et je t’avouerai que ces dernières années le méchant anticyclone des Açores qui semble en vouloir à ce petit pays bloquait toutes les initiatives de mes consœurs pour vous survoler.
Avec un comportement cyclothymique et imprévisible, cet individu peut vous laisser de longues années à sec. Encore heureux que, au cours des 60 dernières années, ceux qui on bâti le pays ont construit assez de barrages pour stocker l’eau qui peut assurer l’eau potable et l’irrigation.
Mais comme la majorité de vos responsables adorent inaugurer et raisonnent «maintenant» au lieu de «maintenance», la nature et l’homme ont attaqué ces ouvrages qui ont vu leur capacité se réduire à vue d’œil et perdre quasiment plus de 30% de leur capacité … Encore heureux que des organismes comme la SONEDE ont pu savamment gérer cette crise et assurer le fonctionnement de leur majorité de vos robinets …
Cette année par hasard, ce vilain garçon qu’est cet anticyclone se décarcassa un peu et laissa les dépressions franchir son mur, mais ces pauvres nuages étaient dans un tel état dépressif à force de lutter contre ses vents contraires et à bout de forces, après l’avoir traversé, qu’elles furent bloquées par un autre obstacle naturel, JEBEL ABELRAHMANE, qui traverse le CAP BON. Cette merveilleuse région qui en a vu des gens passer, des corsaires, des marins en vergogne, des pécheurs de tous bords et beaucoup de gens qui fuyaient quelque chose et qui allaient ensuite s’abriter dans le Golfe de TUNIS ! Hélas, nous nous sommes retrouvées toutes obligées à descendre à cet arrêt qui constituait la fin de notre course ce jour-là , et nous avons ainsi inondé ce microcosme au charme bien particulier.
Combien il est tombé d’eau ces quelques heures ? Je n’en sais rien, ni moi ni personne, mais ce que je sais, beaucoup de nos gouttes se retrouvèrent dans leurs réceptacles naturels qui étaient heureux de nous voir arriver, ces pauvres oueds dont le lit se réduisait comme peau de chagrin devant une urbanisation rampante et agressive. Certains étaient même devenus des dépôts d’ordures ! D autres plus chanceuses atterrirent dans des barrages aux maigres capacités et rejoignirent le lit desdits oueds une fois que ces derniers étaient saturés …
Hélas, et là nous en sommes désolées, nous nous sommes retrouvées en train d’envahir des zones, des villes, des magasins et tout ce qui se trouvait sur notre passage -passage légitime mais surbooké ! Malheureusement il y eut quelques morts que je ne peux que déplorer… en plus des dégâts matériels énormes, que le PM, dans une réaction politicarde et irréaliste, a promis d’en indemniser les propriétaires… Sans commentaires. Ce n’est pas l’objet de ma missive …
Imagine, ma chère IBTISSEM, ce qui m’arriva : j’étais comme de mes consœurs en train de visiter NABEUL flottant au gré des vents, et je subis l’imaginable : je me suis retrouvée en train d’être balayée ! J’aurais accepté qu’un habitant inondé me sorte de chez lui, mais que ce soit HH -l’homme qui passe son temps à dire NON sur tout et qui n’a jamais rien fait de ses 10 doigts- qui le fasse, alors non ! Et il fallait que ça tombe sur moi ! Pourtant je n’ai rien fait d’autre que de tomber hélas au mauvais endroit ? C’est cet individu qui me renvoie à l’égout ! D’ailleurs c’est curieux, je ne l’ai pas encore entendu accuser le gouvernement d’avoir provoqué cette pluie et d’être à l’origine de ses conséquences !
Moi qui adore ce pays, être nettoyée comme un malpropre pour que ce monsieur –si on peut dire- qui veut faire de la Com’ sur mon dos sans trop de succès d’ailleurs, j’aurais tellement aimé l’être par ces jeunes lycéennes et lycéens qui nettoyaient la cour, car cette belle image est rassurante. Et si vous me promettez qu’on ne verra plus ce type d’individu dans le paysage politique –qui semble s’auto-nettoyer lentement et sûrement par des séries de crues–, je vous promets une belle année pluvieuse. Parole de goutte d’eau !