Au cœur de la dynamique de basculement vers l’économie numérique, se trouve l’université. Quoi de plus naturel, le digital est en plein dans l’univers du savoir.

Gary Bolles, professeur à Singularity University, de Silicon Valley, a officié, mardi 18 septembre chez l’ATUGE, et jeudi 20 courant chez AmCham Tunis. L’universitaire-conférencier à la fois “globe-trotter“ et “Global influencer“ se trouve à Tunis sur invitation de l’Université centrale.

Cet événement rappelle que les universités privées de Tunisie se positionnent comme droping zone africaine pour les universités américaines. Cela relève de leur volonté de servir de hub continental du savoir, ambition louable et pour laquelle ils emploient de grands moyens, avec une stratégie réactive.

Reconnaissons qu’en allant à la pêche des enseignes US prestigieuses, avec Singularity dans ses filets, l’Université Centrale a fait bonne prise.

La transformation digitale et ses enjeux

Gary Bolles prêche sur le thème des changements exponentiels, caractéristique principale des technologies de rupture telles la robotique ou la génomique. Son discours autour des enjeux de la transformation digitale d’un point de vue organisationnel. Cela concerne les individus, les collectivités, les entreprises bien entendu mais également les organisations internationales et les Etats.

Dans ses états de service, Gary Bolles a conseillé des entrepreneurs mais aussi l’ONU, le gouvernement de Nouvelle-Zélande et Google.

Il faut prendre la e-vague car elle va submerger l’économie classique. Et pour cela il faut se réinventer afin de rester compétitif et rester dans la course

Son message est simple : Il faut prendre la e-vague car elle va submerger l’économie classique. Et pour cela il faut se réinventer afin de rester compétitif et rester dans la course. Mais cela tient du propos générique, peut-on nous objecter. Gary Bolles, ajoute cependant un deal marketing à son propos et propose l’expertise de la nébuleuse structurée autour de Singularity university et qui se compose de deux structures, à savoir Charrette LLc, labo de stratégies et èParachute.com, cabinet de conseil.

Par conséquent, tout ce meccano propose une maîtrise d’œuvre technologique, aux entreprises qui se lancent dans un processus de digitalisation. Les conférences du professeur sont donc montées en show et il n’y a rien d’étonnant à cela, car on est dans l’ère du ”U-Biz”. Le savoir se monnaie !

Singularity university : Le paradigme de la dimension globale

Depuis la thèse spectaculaire du professeur de Sorbonne, le juriste Roger Gérard Schwartzenberg “Le star système en politique“, la peopolisation a gagné le monde du savoir. Singularity university est basée sur le campus de la NASA à Silicon Valley. Elle a été promue par Rob Nail, le Xavier Niel US avec d’autres figures célèbres. Cela suffit pour en faire une Star Univesity.

Elle accueille des diplômés de très nombreux pays avec la finalité de réunir à travers ce panachage les meilleurs entrepreneurs de demain. Son slogan majeur dit “Apprivoiser les technologies exponentielles“. Et c’est bien concret car des investisseurs côtoient les chercheurs à l’affût de nouvelles découvertes “susceptibles d’impacter des millions de personnes“.

Si vous voulez devenir millionnaire, aidez un million de personnes dit-on, là-bas. Le credo est irrésistible, “les esprits brillants permettront de résoudre les grands défis de l’humanité“.

Gary Bolles : La croissance exponentielle à une vitesse vertigineuse

Les changements systémiques des organisations face à l’évolution technologique se résolvent par la reconfiguration du travail et de l’apprentissage, soutient Gary Bolles, parole de Prof! Le problème touche toujours à l’employabilité, et le groupe singularity se prévaut d’une certaine expérience en matière d’implémentation en matière d’adaptation des profils des diplômés/entrepreneurs à la nouvelle donne digitale.

Le point de rupture est le suivant, dit Gary Bolles. Le changement dans la société traditionnelle est local et linéaire. La rupture technologique est exponentielle et globale. De la 3 à la 4 puis à la 5G, il ne s’agit pas d’autre chose que de connecter le monde! Starlink, Space X ont une dimension planétaire. C’est donc global et à une vitesse vertigineuse.

Le chiffre d’affaires d’Amazon était de 17 milliards de dollars en 2000. Il est de 820 milliards de dollars en 2016.

Le chiffre d’affaires d’Amazon était de 17 milliards de dollars en 2000. Il est de 820 milliards de dollars en 2016. La capitalisation boursière et les dividendes de ces vedettes du net se sont envolés à la même vitesse vertigineuse. Il dépasse le budget du ministère américain de la Défense et cela pour une seule entreprise! Bingo!

La capitalisation boursière te les dividendes de ces vedettes du Net ont explosé à la même vitesse. A l’heure actuelle, plusieurs millions d’Africains possèdent un téléphone mobile. Le iphone et par extension le smartphone  est devenu un outil de production.

Autonomus, la rivale de la Tesla, n’aura pas de roues. Les flying taxis, qu’on prendra à partir des toits des immeubles, sont pour demain. Hyperloop, le TGV de Virgin qui roulera à 500 km à l’heure en milieu urbain, est en phase d’essais

Arbn’B et Uber ont totalement modifié la physionomie du marché de la réservation hôtelière et du transport en commun en milieu urbain. Autonomus, la rivale de la Tesla, n’aura pas de roues. Les flying taxis, qu’on prendra à partir des toits des immeubles, sont pour demain. Hyperloop, le TGV de Virgin qui roulera à 500 km à l’heure en milieu urbain, est en phase d’essais. La rupture est déjà là. Et Gary Bolles la représente par une asymptote parabolique à l’instar de celle de la courbe exponentielle.

Il insiste bien pour rappeler que cette fulgurance dans l’allure se fait à très grande vitesse (Faster) et à moindre coût (Cheaper) et qu’elle induit un nouvel écosystème.

Le Professeur reproduit les principales étapes de la fulgurance exponentielle avec les étapes suivantes : digitalisation, rupture, dématérialisation, démonétisation et enfin la démocratisation. Il faut par conséquent que les entreprises modifient leurs business model. Et c’est là où peut intervenir la galaxie Singularity university et ses équipes dont Gary Bolles.

Business First

Gary Bolles soutient en fin de conférence que la société digitale crée de l’abondance. Cela représente un petit pas pour l’universitaire. Fera-t-il franchir un grand pas à la communauté mondiale ? On ne sait trop. Auparavant, la société créait des richesses et à présent elle peut générer de l’abondance. On prend acte. Le fera-t-elle pour tous ? Mystère ! Il restera toujours la question de la répartition des biens.

A l’évidence UBER débarrasse les gens du souci de la locomotion en ville. C’est une démocratisation des transports urbains, mais on ne peut soutenir qu’elle enrichit les gens pour autant.

A l’évidence UBER débarrasse les gens du souci de la locomotion en ville. C’est une démocratisation des transports urbains, mais on ne peut soutenir qu’elle enrichit les gens pour autant.

Gary Bolles passe à côté d’une autre grande caractéristique de la société digitale, à savoir l’empire de GAFA qui semble installé pour des lustres. Il est vrai que Google est sponsor important de Singularity University et que cette question peut rester un tabou. La mainmise des géants du Net sur les principaux foyers de l’innovation est redoutable. Il est vrai qu’elle aide les génies à éclore mais elle rafle l’essentiel de la mise. Passons.

Si le succès remarquable de Apple ou Microsoft semble aller de soi car leurs promoteurs sont informaticiens, celui de Arbn’B ou Uber le sont moins. Et c’est tout le secret des business model orientés digital.

Le Professeur relate le succès de Kodak qui a su renouer avec un business model performant après avoir connu une éclipse totale en 2012.

Pareil pour Virgin. Son patron Richard Branson, limonadier à l’origine, est actuellement sur un projet spectaculaire, celui de Hyperloop, pour avoir compris à temps qu’il fallait changer de business model et voler vers le digital.

Rappelons que l’université 4.0 est un maillon d’une chaîne de valeur et elle crée des richesses. Elle représente l’étage supérieur de la chaîne de la génération du savoir. Ne vous méprenez pas. Ce n’est pas une université où l’on vient pour étudier, car on y débarque une fois diplômé. C’est le compartiment universitaire où l’on vient générer les innovations. Et elle ouvre grands les portails du business.

Si les universités tunisiennes réussissent cette mutation, elles réaliseront le grand bond en avant salutaire pour l’écosystème national.

On ne perd rien à attendre.

Ali Abdessalam