Mohamed Ayadi, membre de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC), a affirmé que la guerre contre la corruption ne doit pas être sélective, appelant à appliquer la loi sans exclusive pour assurer la primauté de la loi, sans distinction entre citoyens, politiciens, hommes d’affaires ou fonctionnaires.
“La loi impose aux structures administratives, ministères, assemblée des représentants du peuple et la banque centrale de créer des structures en leur sein pour recevoir les rapports de l’instance de lutte contre la corruption”, a indiqué Ayadi lors de la présentation par l’institut one-to-one des études et investigations lundi à Tunis des résultats du sondage afro-baromètre sur les indices de la corruption en Tunisie.
Il a fustigé d’autre part “les représailles des responsables des administrations et établissements publics à l’encontre des dénonciateurs de la corruption”.
Le responsable de l’INLUCC a indiqué que les résultats du sondage montre l’ampleur de la corruption, d’autant que le citoyen n’a pas perçu un traitement sérieux du dossier de la corruption et n’a pas vu de procès réels, affirmant que des entreprises et des administrations publiques ont refusé d’exécuter des jugements judiciaires en faveur des dénonciateurs.
Sur les causes de l’ampleur pris par le phénomène de la corruption, Ayadi a estimé qu’elles sont structurelles et politiques, le pouvoir politique oscillant entre force et faiblesse depuis 2011, et soulignant que la lutte contre la corruption exige un effort collectif.
Ayadi, ancien membre de la commission d’investigation sur la corruption et la commission Dignité et Vérité, a fait remarquer que l’arsenal législatif est complémentaire avec l’adoption de la loi sur l’accès à l’information et la loi sur la protection des dénonciateurs, “mais il risque d’être sans utilité s’il n’est pas vraiment opérationnel”.
Pour le membre de l’INLUCC la lutte contre l’enrichissement illicite et la déclaration sur les biens exigent de renforcer l’Instance en moyens techniques, humains et matériels pour faire face au volume gigantesque des déclarations (200 mille) portant sur 37 catégories de fonctionnaires, entreprises, partis, agents douaniers, fiscalité, juges, universitaires, organisation, maires et présidents d’instances.
Il a déploré également la lenteur des jugements bien qu’un grand nombre d’affaires de corruption aient été soumis à la justice avec 459 dossiers transférés par la commission d’investigation qui n’ont pas été traités pour la plupart, ainsi que 94 dossiers réunis par l’INLUCC en 2016 et plus de 250 autres dossiers soumis en 2017.
De son côté, le vice-président de la commission de réforme administrative, de bonne gouvernance, de lutte contre la corruption et de contrôle financier au sein de l’ARP, Sahbi Ben Fraj, a reconnu que l’Assemblée des Représentants du Peuple dégage une mauvaise impression pour le public.
“La problématique dans la lutte contre la corruption réside dans la lenteur de la justice qui ne prononce pas de jugements définitifs et dissuasifs”, a-t-il souligné, appelant à contre carrer “la corruption rampante” en adoptant des outils technologiques, le contrôle et la reddition des comptes.