L’ancien ministre de l’Intérieur et ancien chef du gouvernement sous les gouvernements de la Troïka 2011-2013, Ali Laârayedh, a démenti, mardi 2 octobre, l’existence de structure secrète appartenant au Mouvement Ennahdha.
Cette précision intervient sur fond d’accusations portées par le collectif de défense de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi contre le Mouvement Ennahdha qui aurait créé une structure secrète qui serait impliquée dans l’assassinat de ces deux martyrs et en rapport avec les auteurs de ces deux crimes.
“Le Front populaire est passé maître dans les manœuvres dilatoires, la diffamation et les accusations calomnieuses contre le Mouvement Ennahdha”, a lancé Laârayedh.
“Le dénommé Mustapha Khedr que le collectif de défense de Belaïd et Brahmi a évoqué lors de la conférence qu’il a donnée aujourd’hui, avait été arrêté en 2013 par les autorités sécuritaires sous les gouvernements de la Troïka”, a-t-il souligné.
“Ce dernier a été condamné à 8 ans de prison et est encore sous les verrous”, a-t-il tenu à préciser.
Dans un communiqué, publié mardi 2 courant, Ennahdha a démenti catégoriquement avoir adonné toute activité en dehors de la loi régissant les partis.
A ce propos, il a dénoncé les tentatives de désinformation, d’argumentation fallacieuse et d’instrumentalisation d’un dossier judiciaire qui remonte à 2013, faisant remarquer que la justice a déjà rendu son verdict dans cette affaire et que l’accusé Mustapha Khedr n’a aucun rapport avec le Mouvement Ennahdha.
“L’affaire des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi est actuellement entre les mains de la justice, et le Mouvement Ennahdha a la confiance totale en la justice, en son indépendance et en sa capacité à révéler toute la vérité dans cette affaire. Le Front populaire n’a rien d’autre à faire que d’investir dans le sang des deux martyrs pour cacher ses échecs successifs lors des précédentes échéances électorales et son incapacité à proposer des programmes pertinents au peuple tunisien”, a-t-il conclu.
Lors d’une conférence de presse, le Collectif de défense de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi a dit détenir des informations compromettantes sur l’affaire d’assassinat des deux martyrs.
A ce propos, il a fait état de l’existence d’une structure organisée responsable des deux assassinats politiques dont les ramifications se recoupent avec le Mouvement Ennahdha et dont certains membres occupent des postes au pouvoir.
Il a également appelé le ministère de l’Intérieur à ouvrir la “chambre noire” en rapport avec l’assassinat des deux martyrs et à cesser de protéger la structure impliquée dans ces crimes et qui, selon lui, “agissait sous la protection d’Ennahdha en 2013”.
Le Collectif de défense de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi tient des informations d’une importance capitale sur cette affaire, a-t-il souligné, citant notamment la détention par le dénommé Mustapha Khedr de documents en rapport avec le dossier de ces assassinats.
“Mustapha Khedr aurait été responsable de cette structure qui appartenait au Mouvement Ennahdha. Il aurait été en contact direct avec les hauts dirigeants du Mouvement et plus particulièrement avec le président du parti, Rached Ghannouchi et le président du bloc parlementaire du Mouvement, Noureddine B’hiri”, a-t-il expliqué.
“Khedr aurait été chargé de répondre au courrier adressé à Ali Laarayedh, alors qu’il était ministre de l’Intérieur”, a-t-il ajouté.
Mustapha Khedr aurait été également chargé d’espionner les appareils étrangers et plus particulièrement l’appareil militaire et la présidence de la République algériens ainsi que l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique à Tunis, a-t-il poursuivi.
“Sur instructions de Rached Ghannouchi qui est le président de cette structure du Mouvement Ennahdha, Khedr aurait été en contact avec le Mouvement des Frères musulmans en Egypte”, a-t-il enchaîné.
Selon le Collectif, ” Mustapha Khedr détiendrait une liste nominative de 400 agents de police et leur numéro de téléphone. Ils auraient pour mission d’établir des rapports quotidiens à la structure”.
Il a également souligné l’existence de deux autres listes nominatives d’un groupe de délinquants déployés dans le district du Grand Tunis et qui auraient pour tâche de rendre des rapports quotidiens à la même structure.
Il a aussi fait état de la relation entre le dénommé Khedr et les personnes impliquées dans l’assassinat de Belaïd et Brahmi.
“Khedr aurait été le coordinateur des opérations d’assassinat”, a-t-il souligné, faisant remarquer que les autorités judiciaires détiendraient des pièces qui confirment un ensemble d’informations.
“Les chambres d’instruction ne sont pas au courant de ces pièces qui pourraient apporter une aide substantielle dans le processus de l’enquête”, a-t-il tenu à préciser.
Les deux martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi ont été assassinés respectivement le 6 février 2013 et le 25 juillet de la même année, à six mois d’intervalle. Les membres du collectif de défense estiment qu’il y a une manipulation de documents dans ces deux affaires.