Peur ! Le mot n’a pas été prononcé, mais il figure en filigrane du discours de Mohamed Ennaceur, en ouverture de la 5ème session parlementaire de la législature 2014-2019.

Peur non pas pour lui-même, car, théoriquement, il aurait pu craindre l’effet sur sa propre situation du changement de rapport de force majeur intervenu au sein de l’Assemblée, avec la dégringolade de son parti, Nidaa Tounes, dont le groupe parlementaire a été relégué à la troisième place, derrière celui de l’Alliance nationale, la nouvelle force montante. Mais ce changement majeur à l’ARP n’aura pas de conséquence pour son président.

Non, celui-ci a peur de l’impact de la crise politique dans le pays qui se débat depuis neuf mois et dont on ne voit pas encore quand et comment il pourrait se sortir. Impact bien sûr sur le fonctionnement de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) mais également sur celui des autres institutions de l’Etat et du pays en général.

D’ailleurs, M. Ennaceur a consacré l’essentiel de son discours à ce thème.

Certes, le président de l’ARP s’est inquiété en premier de l’amélioration du travail de l’Assemblée qu’il préside. Il l’a fait de manière très feutrée, probablement pour ne pas heurter les susceptibilités, notamment en qui concerne les faiblesses.

Ainsi, lorsqu’il parle du rôle du contrôle de l’ARP, il relève qu’il «s’est relativement amélioré durant la session précédente», pour observer dans la foulée qu’il «a besoin d’être affiné».

M. Ennaceur pointe de nouveau du doigt –toujours avec diplomatie- le problème de l’absentéisme et promet à ce sujet de renforcer la lutte contre ce phénomène «en opérant des retenues immédiates sur les indemnités des députés», et suggérant l’élaboration d’«une charte déontologique qui sera pour nous tous une référence de bonne conduite et qui touchera tous les aspects de nos activités à l’intérieur et à l’extérieur de l’Assemblée, à l’instar d’autres grands Parlements dans le monde».

Une conférence sur le travail accompli par les députés ?

Plus généralement, le président de l’ARP reconnaît que «notre préoccupation aujourd’hui s’articule autour d’une question vitale : comment pourrions-nous, avant la fin du mandat parlementaire, hisser le rendement de notre Assemblée au niveau escompté pour garantir la transition démocratique et d’orienter le travail gouvernemental vers la satisfaction des besoins des citoyens, qu’ils soient urgents ou futurs».

Pour ce faire, Mohamed Ennaceur suggère l’organisation, dans le cadre de l’Académie parlementaire, d’une conférence «dédiée à l’évaluation du travail accompli et à déterminer les caractéristiques de l’action à venir afin que nous puissions tracer les contours du travail parlementaire efficace, effectif et moderne, à moyen et à long terme».

L’appel de Mohamed Ennaceur…

Conscient, rappelle-t-il, que «notre peuple attend beaucoup de  nous», surtout –il évite de parle de crise- «devant la situation politique que nous vivons durant cette période», le président de l’ARP lance un vibrant appel à «tous les partis et mouvements, toutes les organisations nationales et toutes les composantes de la société civile à faire preuve de responsabilité et de sagesse et à opter pour le dialogue afin de résoudre tous les différends et toutes les contradictions et à placer l’intérêt national au-dessus de toute autre considération». Amen.

M.M