«Nous avons besoins de jeunes qui innovent, qui créent, qui s’engagent et qui assurent, des jeunes qui sont déjà dans le futur. Nous avons besoin de nouveaux entrepreneurs avec une nouvelle mentalité qui ont saisi la rapidité avec laquelle évolue le monde de l’entreprise et qui se mettent à un vrai business. Notre industrie doit vivre sa propre révolution et ceux qui en sont conscients sont nos jeunes auxquels nous devons donner les moyens de se projeter dans un avenir assez proche. Nous parlons là de numérique, de nano technologie, de robotique, de réalité virtuelle» a déclaré Faouzi Abderrahmane, ministre de l’Emploi et de la Formation Professionnelle dans une interview accordée à WMC et qui sera incessamment publiée.
A l’occasion, il s’est dit choqué des conclusions d’une enquête réalisé par l’IACE (Institut Arabe des Chefs d’Entreprises) qui fait état d’une demande, de 107 000 postes d’emplois, exprimée clairement par les entreprises et qu’elles ne parviennent pas à trouver sur le marché national de l’emploi, que les médias ont relayé sans chercher à creuser encore plus et sans se référer à d’autres sources d’information !
Il s’agit en fait, du troisième rapport annuel de l’emploi mené auprès de 1000 entreprises et 13500 diplômés du Supérieur et dont les résultats ont été tout récemment publiés par l’IACE. Cette enquête a révélé qu’il existe actuellement plus de 107 mille postes vacants dans les entreprises tunisiennes opérant dans l’industrie, le textile, l’habillement, le cuir et chaussures et le commerce, «Je suis surpris, abasourdi, stupéfait, comment vous dire, est-il normal qu’une institution aussi prestigieuse que l’IACE avance ces chiffres et refusent de nous donner leurs sources, ou de nous expliquer la démarche adoptée pour arriver à ces résultats».
Le ministre et son équipe en ont discuté avec les responsables de l’IACE. Il les a priés de lui remettre la liste des 1000 entreprises qui ont besoin de main d’œuvre pour qu’il puisse répondre rapidement à leurs demandes en mettant en place si besoin est des modules de formations accélérées pour les jeunes chômeurs diplômés ou autres. «Le refus de l’IACE de nous délivrer des éléments d’informations importants pour nous en tant que ministère qui cherche à juguler le chômage et à répondre rapidement aux besoins d’embauche des entreprises nous poussent à juger que l’étude ne se base pas sur une démarche scientifique et douter de la véracité des informations apportées dans le cadre de cette enquête».
L’un des secteurs demandeurs d’emploi est à titre d’exemple le tourisme mais c’est un secteur empreint d’une forte saisonnalité indique le ministre ce qui n’encourage pas les demandeurs d’emploi à l’intégrer. Dans un autre secteur, en l’occurrence le textile, les métiers ne sont pas valorisés, les salaires sont trop bas et les conditions de travail difficiles. C’est ce qui explique d’après Faouzi Abderrahmane que ceux qui y travaillaient choisissent de se reconvertir dans les industries de câblage automobile parce que c’est beaucoup plus gratifiant du point de vue cadre de travail et salaires. Et pourtant dans le textile, il y a des entreprises qui ont investi dans la formation en créant des écoles et en assurant un climat de travail de haute facture à leurs employés et leurs ouvriers. Malheureusement, elles ne sont pas les plus nombreuses.
Dans le secteur du bâtiment, le seul métier qui n’est pas valorisé est celui de la maçonnerie, contrairement à d’autres comme celui du métreur ou du conducteur. «Savez-vous qu’un conducteur d’engins peut atteindre un salaire de 2 200 Dinars et plus ? Notre rôle en tant que ministère est donc d’améliorer l’image de certains métiers qui ne sont pas bien perçus eu égard à une culture et une mentalité désuètes.
Les métiers cités plus haut sont ceux où les demandes sont les plus importantes et elles n’ont jamais pour autant atteint le chiffre de 107.000 non pourvus!
«Qu’est-ce que j’aurais aimé que ce chiffre soit justifié et réel. Nous pourrions faire baisser le taux de chômage de 15% à 10% et je vous promets que je ne resterais plus une seule seconde dans mon bureau, je consacrerais mes nuits et mes jours à trouver ces 107 000 emplois et j’aurais ainsi réussi mon mandat ! Mais ce genre d’études qui sont reprises par les médias portent atteintes aux entreprises, nuisent aux demandeurs d’emploi et font mal à la Tunisie !».
Au 15 août 2018, l’INS a annoncé un taux de chômage de 15,4%. Chez la gente féminine le taux est pratiquement le double de celui des hommes.
Amel Belhadj Ali