La dernière visite du chef de l’Etat de Djibouti, Ismaïl Omar Guelleh, en Tunisie en compagnie d’une forte délégation d’hommes d’affaires, était perçue par les opérateurs économiques comme une réelle occasion de relancer les relations commerciales entre les 2 pays. Et ce d’autant que Djibouti est une plateforme logistique de première importance pour le marché de la Corne de l’Afrique, avec ses 5 ports en eaux profondes qui alimentent un marché de 300 millions d’habitants, comme l’Ethiopie, l’Ouganda, la République Centrafricaine, le Tchad ou le Niger.
Un chemin de fer relie les ports de Djibouti à Addis Abeba (la capitale de l’Ethiopie), pays de 1,127 million de mètres carrés désormais enclavé à cause de sécession de l’Erythrée en 1993, et qui compte plus de 100 millions d’habitants, avec croissance économique dépassant les 7% par an.
D’ailleurs, quotidiennement plus de 4.000 camions franchissent les frontières entre Djibouti et l’Ethiopie dans les deux sens.
Rappelons également que la Tunisie dispose d’excellentes relations diplomatiques avec Djibouti, pour des raisons historiques. En effet, à l’indépendance de Djibouti, le 27 juin 1977, la France retira tous les enseignants français du pays. C’est alors que le président Bourguiba décida de venir en aide à Djibouti en y envoyant quelque 300 enseignants tunisiens pour suppléer les français.
A souligner au passage que la superficie totale de Djibouti est de 23.200 Km2, avec une population d’environ 950.000 habitants.
Mais depuis cet épisode, déplorent certains hommes d’affaires tunisiens, c’est silence radio dans les relations entre les deux pays, pas de ligne aérienne directe, imposition de visa, et aucune représentation diplomatique pour les 2 pays.
«On avait espéré que la visite du président Ismaïl Omar Guelleh allait amener du nouveau pour booster cette relation historique. Mais à l’arrivée, c’est une déception pour nous opérateurs économiques, car tout dont a besoin un homme d’affaires n’a signé entre les deux pays», regrette un autre opérateur économique.
Certes, on a supprimé le visa mais juste pour les diplomates dans les deux sens, et cela n’aura aucun effet positif pour les déplacements des opérateurs économiques des deux pays.
A noter que pour pouvoir se déplacer à Djibouti -un pays somme tout très accueillant et très hospitalier-, nous explique un homme d’affaires tunisien, pour prospection ou pour découverte du pays, il faut un visa qui sera délivré à l’arrivée. Sauf qu’auparavant, il faut justifier d’une lettre d’invitation d’un organisme officiel ou d’un partenaire commercial dans le pays, laquelle lettre d’invitation doit être déposée au ministère de l’Intérieur djiboutien, et comportant un cachet officiel et une référence apposée par ce dernier, pour pouvoir avoir son visa d’entrée dans ce pays. Autant dire qu’on n’est pas sorti de l’auberge.
Tout ceci pour souligner que, en dépit de cette politique affichée, il sera toujours très difficile pour un opérateur économique tunisien d’avoir un visa d’entrée à Djibouti. Et donc de là à faciliter le business entre hommes d’affaires tunisiens et djiboutiens, il reste du chemin à faire, car même le-visa a été supprimé quelques mois après son instauration, justement à cause de cette obligation d’une référence délivrée par le ministère djiboutien de l’Intérieur.
TB