Le ministre des Affaires étrangères, Khémaies Jhinaoui, a effectué, mardi, une visite de travail à Strasbourg, en France, à la tête d’une délégation importante de hauts responsables et d’hommes d’affaires et ce, à l’invitation du Secrétaire Général du Conseil de l’Europe, Thorbjørn Jagland.
Jhinaoui et Jagland ont, à cette occasion, donné le coup d’envoi à la troisième étape du programme de coopération entre la Tunisie et le Conseil de l’Europe, dans le cadre du programme Sud III des années 2018-2021.
Invité à prononcer un discours par la présidente de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, Liliane Maury Pasquier, Khémaies Jhinaoui s’est félicité du soutien apporté par le Conseil de l’Europe à la Tunisie, notamment à travers les programmes Sud I et Sud II et prochainement Sud III. Un appui, a-t-il dit, hautement apprécié dans de nombreux domaines, dont la mise en place de nouvelles instances de gouvernance, la réforme de la justice, la lutte contre la corruption, la consolidation de la liberté de la presse, la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la protection des enfants contre l’exploitation et les abus sexuels.
Jhinaoui a, également, salué l’intérêt porté par le Conseil de l’Europe dans le cadre de sa nouvelle politique de voisinage à partager les expériences de ses membres avec la Tunisie et à consolider les efforts que déploie le pays dans les domaines de la promotion des droits de l’homme, de la démocratie et l’Etat de droit.
Depuis le rétablissement du Bureau du Conseil, a-t-il dit, la coopération s’est nettement intensifiée autour des priorités identifiées conjointement dans ces domaines, saluant l’engagement du Conseil à accompagner davantage la Tunisie dans la mise en œuvre des dispositions constitutionnelles et dans le processus de réforme du cadre institutionnel et juridique.
Selon Jhinaoui, les structures spécialisées du Conseil ont, elles aussi, apporté un soutien précieux à la Tunisie, à l’instar de la Commission de Venise dont la Tunisie est membre à part entière, qui a aidé grâce au concours de ses experts à l’élaboration de la Constitution de 2014, ou encore la Commission européenne pour l’efficacité de la justice, auprès de laquelle la Tunisie a obtenu en 2014 le statut d’observateur.
“La Tunisie œuvre inlassablement, depuis 2011, à parachever la construction d’une deuxième République civile et démocratique, en dépit des difficultés économiques et d’un contexte régional difficile”, a-t-il souligné.
Jhinaoui a, par ailleurs, rappelé que le Président de la République, Béji Caïd Essebsi, avait lancé une importante initiative visant à consacrer davantage le principe constitutionnel de l’égalité entre les citoyens.
Evoquant l’économie tunisienne, le ministre des Affaires étrangères a déclaré que “relever le défi de la relance économique est aujourd’hui un enjeu majeur pour la réussite de la transition démocratique. C’est d’ailleurs dans cette perspective qu’a été élaboré le plan de développement économique 2016-2020”.
Ce plan, a-t-il expliqué, propose un nouveau modèle de développement économique et social, fondé sur une approche multidimensionnelle favorisant l’efficacité, l’équité et la durabilité, et destiné à accroître l’attractivité de l’économie et à réduire le taux de pauvreté à travers une distribution plus équitable des richesses.
Et de préciser, il s’articule autour de cinq axes prioritaires: une bonne gouvernance s’appuyant sur la réforme de l’administration et la lutte contre la corruption ; une transition d’une économie à faible coût à un hub économique ; un développement humain et une inclusion sociale ; une concrétisation des ambitions des régions et une économie verte.
Pour sa mise en place, a-t-il poursuivi, la Tunisie a besoin du soutien substantiel de ses partenaires dont au premier plan l’Europe.
“De la même façon que nous avons trouvé auprès du Conseil de l’Europe un appui qui a été à la hauteur des exigences de la transition démocratique en Tunisie, nous espérons trouver auprès de nos partenaires européens le soutien nécessaire et adapté aux impératifs de la relance économique, devenue aujourd’hui une nécessité pressante et une condition de la stabilité sociale et politique de la Tunisie”, a-t-il soutenu.
“La Tunisie, du fait d’une histoire partagée et d’une proximité géographique et culturelle, a toujours considéré l’Europe comme un port d’ancrage”, a-t-il souligné, ajoutant que le partenariat stratégique avec l’Europe embrasse la quasi-totalité des domaines de coopération (politique, social, économique, culturel, financier et humain).
S’agissant du thème de la mobilité, Jhinaoui a déclaré que celui-ci “était et demeure au cœur de notre action commune”.
“Nous considérons la mobilité et la migration comme des vecteurs de développement économique, social et culturel et des facteurs de rapprochement des peuples et non comme une menace contre laquelle se dresseraient des murailles de rejet et de repli”, a-t-il soutenu.
Selon lui, la gestion de ce phénomène ne peut en aucun cas se réduire à la seule dimension sécuritaire. Elle devra obéir à une approche globale et à une logique de partenariat qui s’étendent à toutes les parties prenantes et s’attaquent aux causes profondes, donnant toute la priorité au développement des régions à fort potentiel migratoire, à la formation des jeunes et à la facilitation de la migration circulaire et organisée dans une vision gagnant-gagnant.