Que c’est beau les discours sur les libertés et la démocratie lorsqu’ils ne touchent pas nos intérêts, ne menacent pas l’allégeance que nous portent nos bases électorales et ne portent pas atteinte à nos doctrines et notre socle idéologique !
Il en est ainsi du mouvement Ennahdha, lequel suit à la lettre le fameux proverbe tunisien à propos de la fameuse tribu berbère des Zouara : «Asker Zouara, Mkaddmin Fil Ribh, mouakhrin fil Khssara». Les soldats de cette tribu fêtent les victoires lorsqu’elles sont les faits des autres et rejettent la responsabilité sur les autres en cas de défaites.
A ce jour, Ennahdha serait le seul parti qui bloque la finalisation du processus démocratique dans notre pays, et ce en refusant la candidature du Pr Sana Ben Achour portée par les démocrates de l’ARP. Ceci sous prétexte que ses orientations idéologiques sont trop progressistes. On lui reprocherait, entre autres, d’avoir défendu le rapport de la COLIBE et d’être une militante trop féministe au goût des islamistes, oubliant par là même que c’est grâce à ce militantisme pour défendre les libertés qu’un parti islamiste a pu gouverner la Tunisie, et que c’est grâce à Yadh Ben Achour et sa fameuse Instance de réalisation des objectifs de la révolution qu’ils ont pu coudre une Constitution à leur taille !
Pire, le candidat d’Ennahdha, Abdellatif Bouaziz, professeur à l’Université des sciences religieuses, aurait, pour sa part, selon nombre des témoignages, des penchants salafistes ! Pourtant, les progressistes de l’ARP ont, dans une volonté d’arriver à un consensus pour débloquer la situation, accepté de lui apporter leurs voix.
Mieux encore, le parti Machrou3 a levé son véto sur Ayachi Hammami, candidat de la Jabha et soutenu par Ennahdha dans une volonté de débloquer la situation, et ce après maintes délibérations avec Mostapha Ben Hmed, président du bloc national à l’ARP, chargé des négociations avec les différents partis pour arriver à un consensus concernant la Cour constitutionnelle.
A la date d’aujourd’hui et malgré les déclarations de Mustapha Ben Hmed qui se veulent rassurantes par rapport à un virage possible du parti islamiste dans une volonté de finaliser la transition politique en achevant la formation de toutes les instances constitutionnelles, rien de nouveau par rapport à une volonté irascible du parti Ennahdha de rejeter la candidature de Sana Ben Achour, approuvée par tous les partis démocratiques et progressistes du pays.
La question qui se pose dès lors est de savoir comment Ennahdha peut-il convaincre aussi aisément ses électeurs «modérés» et les instances internationales de sa dimension «civile, progressiste et démocratique».
Les cabinets de lobbying payés à des centaines de milliers de dinars pour convaincre aussi bien les médias que les ONG de la dimension civile et démocratique du parti islamiste tunisien y sont-ils pour quelque chose ?
Et dans ce cas, que deviendra le mouvement Ennahdha si un jour il perd sa force de frappe financière ?
A.B.A