“Les pertes économiques dues aux catastrophes naturelles en Tunisie, pourraient atteindre 138 millions de dollars par an, selon les prévisions du rapport d’évaluation mondial relatif à la réduction des risques de catastrophes en 2015, en l’absence de stratégies dans ce domaine”.
C’est ce qu’a souligné Riadh Mouakhar, ministre de l’Environnement, qui s’exprimait à l’ouverture de la Plateforme Afrique-arabe sur la réduction des risques de catastrophe qui se tient à Tunis du 9 au 13 octobre 2018.
Selon Mouakhar, les pertes dues aux catastrophes en Tunisie au cours des trente dernières années dépassent un milliard de dinars. L’emplacement du pays, dans le bassin de la Méditerranée, l’expose à la pollution marine, puisque quelque 300 millions de tonnes de pétrole transitent par cette mer intérieure près des côtes tunisiennes.
Les inondations en Tunisie causent plus de 70% des décès et de plus de 60% de pertes économiques. Elles sont suivies par la sécheresse (18%). Entre 2011 et 2018, la Tunisie a enregistré plus de 2.550 incendies qui ont dévasté environ 34 mille hectares de forêts, a-t-il précisé.
“Pour réduire les risques de catastrophes naturelles, la Tunisie a adhéré aux plans régionaux et africains dans ce domaine dont notamment à la stratégie de Sendai, en 2015. En vue d’honorer ses engagements, le ministère a entamé l’élaboration d’une stratégie nationale pour réduire les risques de catastrophe, outre la création d’un fonds d’indemnisation des dégâts dus aux catastrophes ainsi que le renforcement des capacités et des équipements pour protéger les villes des catastrophes naturelles”.
Des stratégies locales ont aussi été mises en œuvre à Gabès, Mateur, Siliana, Kasserine et Boussalem, rappelle-t-il. Un programme sur les villes durables a été élaboré et comporte les exigences et les mécanismes de lutte contre les catastrophes.
Mouakhar a signalé que les recommandations de la Plateforme Afrique-arabe sur la réduction des risques de catastrophe seront présentées au forum politique de haut niveau sur le développement durable prévu à New York en 2019 et au forum mondial de réduction des risques de catastrophe prévu en mai 2019 à Genève ainsi qu’au sommet des chefs d’Etat arabes et au sommet de l’Union africaine au début de 2019.
Pour sa part, Kirsi Madi, représentante de l’UNISDR (bureau des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophes), dira qu’il est possible d’éviter des centaines de pertes humaines à travers la mise en place de stratégies et de plans d’action, permettant de réduire les risques de catastrophes, et ce dans le cadre d’une approche inclusive. “Toutefois, le plus important c’est de les mettre en œuvre”.
Josefa Sacko, représentante de la Commission de l’Union africaine, soulignera quant à elle que l’Afrique et les pays arabes font face aujourd’hui aux mêmes défis et problèmes, d’où l’importance d’élaborer des actions concrètes permettant de réduire le risque de catastrophes pour réaliser le développement économique.
Elle a, en outre, souligné l’importance de renforcer les capacités et de mettre en place un système d’échange d’informations et la nécessité de renforcer le partenariat régional.
D’après l’intervenante, la Plateforme Afrique-arabe sur la réduction des risques de catastrophes servira de base pour évaluer les programmes et échanger les expériences et incitera l’intégration de la gestion des risques dans les plans et stratégies des gouvernements. “Il convient aujourd’hui de passer à des actions concrètes au niveau des pays arabes et africains”.
De son côté, Abdellatif Abid, secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, estime que la réduction des risques de catastrophes est actuellement une priorité pour tous les gouvernements de la région arabe.
“Ces catastrophes naturelles dues aux changements climatiques engendrent d’importantes pertes matérielles et humaines. Il est donc primordial de réduire leurs risques notamment à travers la mise en œuvre de la stratégie arabe 2030”, a-t-il indiqué.