Les autorités tunisiennes sont appelées à renforcer la gouvernance et l’efficacité de leurs organes de lutte contre la corruption et mettre en place un climat d’affaires concurrentiel, pour préserver la reprise en cours.
C’est ce qu’indique le Fonds monétaire international (FMI) dans une note sur les perspectives économiques de la Tunisie publiée lundi 22 courant.
“Afin de vaincre la réticence des investisseurs et gagner leur confiance , les autorités tunisiennes sont appelées à appliquer un taux de change à sa juste valeur, inciter les investissements porteurs de productivité et alléger les formalités administratives pour libérer le potentiel que présente le secteur privé et offrir davantage de débouchés et d’emplois à tous les Tunisiens”, indique le FMI.
“L’inflation a diminué, s’établissant à 7,5% en août, et le déficit courant s’est réduit de 1% du PIB”, précise le document du FMI, estimant que pour préserver la reprise en cours “les autorités devraient envisager de réformer les subventions à l’énergie, d’imposer des limites plus strictes à l’embauche et à la rémunération dans le secteur public, de réformer les retraites et de relever encore les taux d’intérêt”.
Selon le Fonds, des avancées tangibles ont été enregistrées. “Par exemple, l’Etat ajuste régulièrement les prix de l’énergie afin d’atténuer les effets du choc pétrolier. Il a également autorisé la Banque centrale à procéder à des adjudications concurrentielles de devises afin de soutenir la liquidité du marché des changes”.
Une loi adoptée en juillet permettra à l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC) de contrôler plus facilement le patrimoine des hauts fonctionnaires, souligne le document, estimant qu’”en renforçant la transparence, ce texte devrait améliorer la confiance de la population dans la bonne gestion des affaires publiques et limiter le risque de corruption et d’enrichissement illicite”.
Une croissance de 2,6% du PIB réel en 2018
La croissance du PIB réel, tirée par l’agriculture et le tourisme, devrait atteindre 2,6% en 2018, prévoit le FMI, rappelant qu’elle (reprise) a accéléré au cours des trois derniers trimestres.
“Cette croissance indique que la reprise économique est relativement solide. Ce mouvement est dû au secteur agricole (+9%) et à celui des services (+3,6%), surtout grâce aux résultats encourageants dans les domaines du tourisme, des transports et de la finance”, souligne le FMI.
Des recettes en hausse jusqu’en 2020 grâce à des réformes fiscales ambitieuses
La note du FMI prévoit que la suppression progressive des exonérations fiscales dont bénéficient les fonctionnaires augmentera l’année prochaine les recettes issues de l’impôt sur le revenu.
“Les possibilités de réformer plus avant la fiscalité sont restreintes, après la mise en œuvre d’un ambitieux train de mesures en 2018, mais la suppression progressive des exonérations fiscales dont bénéficient les fonctionnaires augmentera l’année prochaine les recettes issues de l’impôt sur le revenu”, souligne le document.
Les autorités entendent inscrire à la loi de finances pour 2019 deux mesures qui sont importantes sur le plan de l’équité, mais n’auront pas un impact immédiat.
En premier lieu, elles prévoient d’éliminer le régime fiscal préférentiel en faveur des sociétés offshore, dès 2019 pour les nouvelles entreprises et en 2021 pour toutes les sociétés de ce type.
Selon le FMI, les autorités tunisiennes comptent également faire passer le taux de la TVA sur les services fournis par les professions libérales de 13% à 19%. La hausse des recettes au cours des prochaines années permettra de développer l’investissement public, notamment dans la santé et l’éducation.
En outre, elles comptent renforcer encore la collecte de l’impôt et rationaliser l’administration fiscale en regroupant toutes les fonctions (administration, audit et recouvrement) dans une seule structure.
Vers une baisse du déficit en 2018
Selon la note du FMI, le solde budgétaire global devrait tomber à 5,2 % du PIB en 2018, et ce, grâce à une discipline budgétaire rigoureuse pour compenser l’impact du choc pétrolier.
“Cette politique, conjuguée à un régime de change flexible, contribuera à ramener le déficit courant à 9,7% du PIB”, indique encore le FMI, estimant “qu’un resserrement budgétaire stabiliserait également la dette publique, qui devrait s’élever à 72% du PIB en 2018”.
Un taux de chômage élevé, notamment chez les diplômés
En ce qui concerne le chômage, le FMI a indiqué qu’il touche plus de 15% de la population active totale et les chiffres s’envolent pour les jeunes et les femmes.
“Le taux de chômage des jeunes diplômés a baissé par rapport à 2011, mais il demeure aux alentours de 30%”. Pour l’ensemble des jeunes, il est proche de 35%, et légèrement inférieur à 25% pour les femmes.
La note recommande de régler le problème du chômage pour la bonne santé de l’économie et de la société.