Alors que la saison de la récolte des olives bat son plein, la recherche scientifique dans le domaine oléicole va elle aussi bon train, a assuré le directeur général de l’Institut de l’olivier de Sfax (IO), Mohieddine Ksantini.
L’objectif est de remédier aux différents maux dont la filière oléicole souffre, a-t-il dit dans une déclaration à l’agence TAP.
Parmi les problèmes dont la filière oléicole pâtit figurent notamment la dégradation de la qualité des olives produites dont l’huile extraite est de mauvaise qualité (acidité importante) et un allongement excessif de la campagne de récolte s’étalant jusqu’au mois de mai, lorsque la production est importante retardant ainsi les opérations ultérieures d’entretien des oliveraies.
D’après Ksantini, ces problèmes sont dus au surnombre d’arbres (60 millions d’arbres sur une superficie de 1,7 million d’hectares), à la rareté de la main-d’œuvre au moment de la récolte et aux techniques obsolètes de la cueillette des olives, d’autre part.
Performances de la recherche scientifique
La recherche scientifique a joué un rôle important dans l’amélioration des performances techniques et économiques de l’oléiculture aux échelles nationale, régionale et locale, à travers la conception et la réalisation d’un programme de recherches et d’encadrement scientifique assez diversifié couvrant les aspects agronomique, technique, technologique, phytosanitaire, économique et environnemental ainsi que la valorisation des résultats de la recherche.
Elle a permis d’identifier et d’étudier les caractéristiques de certaines variétés autochtones performantes et rares, menacées d’extinction (surtout celles des zones montagneuses du sud, menacées par le dessèchement en raison des sécheresses fréquentes) ; puis leur multiplication et conservation dans deux collections variétales à Oued Souhil (Nabeul) et Boughrara (Sfax).
Les actions menées par l’IO ont donné lieu à l’identification, la caractérisation et la description des principales variétés d’oliviers cultivées en Tunisie et la publication d’un catalogue, comportant 56 variétés.
D’autres acquis se manifestent à travers la création d’hybrides issus de la variété Chemlali, associant la variété mère et sa forte tolérance aux sécheresses fréquentes du centre et du sud et les qualités supérieures des huiles des géniteurs choisis.
L’IO était à la base de l’instauration d’une subvention de 50% à l’achat des plants de certaines variétés autochtones, rares et performantes mais à faible extension (surtout celles de l’extrême sud, menacées d’extinction).
Les paquets techniques relatifs à l’installation et à la gestion des oliveraies ont été mis au point (labours, fertilisation, tailles, densités, traitements phytosanitaires), ainsi que ceux relatifs à l’oléiculture biologique.
Des huileries plus rentables
Les recherches scientifiques agricoles, selon Ksantini, ont permis d’améliorer la qualité et la quantité des huiles extraites par l’optimisation des conditions d’extraction dans les huileries, surtout celles nouvelles (chaînes continues), permettant le passage du taux d’huile d’olive de qualité vierge extra de 30% au cours des années 1990 à 70% actuellement.
L’IO a offert l’assistance aux huileries pour la production des huiles monovariétales et celles aromatisées, de même que celles biologiques.
D’autres actions ont permis d’établir une carte régionale des différents ravageurs et de réduire le nombre d’arbres traités (dont le nombre est passé de 4-5 millions sur un total de 54 millions oliviers au cours des années 1970 à seulement 1-2 millions d’oliviers sur un total de 84 millions actuellement).
Revers de la médaille, ces acquis ne cachent pas les difficultés qu’endure le système de la recherche scientifique. Actuellement, l’Institut de l’Olivier souffre d’une insuffisance manifeste des moyens alloués à la recherche : équipements scientifiques de laboratoire et de terrain, moyen de transport, budget pour le fonctionnement des labos, etc. Mais également un manque de personnel spécialisé (enseignants – chercheurs) et l’absence de recrutement des cadres technique, administratif, financier et d’ouvriers.
Par ailleurs, l’IO a contribué au lancement et à la formation des étudiants (entre 2008/2009 et 2016/2017) pour l’obtention d’une licence co-construite en Oléologie à l’Institut supérieur de biotechnologie de Sfax (cours et PFE).
La recherche scientifique dans le domaine oléicole devrait donc s’accentuer davantage pour mieux servir l’olivier, une composante essentielle du marché national de l’exportation de l’huile d’olive, lequel va être confronté à des enjeux de taille, à l’heure des négociations avec l’Union européenne (UE) sur la libéralisation du secteur agricole.