Les entreprises tunisiennes sont appelées à adhérer au Pacte mondial des Nations unies, qui est un engagement volontaire dans le cadre duquel des entreprises, associations ou organisations non-gouvernementales sont invitées à respecter 10 principes relatifs aux droits de l’Homme, aux normes du travail, à l’environnement et à la lutte contre la corruption. C’est ce qu’a indiqué Sami Marrouki, président de l’Institut de responsabilité sociétale des entreprises en Tunisie (IRSET).
Les entreprises tunisiennes sont obligées d’assumer leur responsabilité sociétale (RSE), en matière économique, et sans ignorer les volets social et environnemental, à travers la préservation de l’environnement”, a-t-il précisé, lors d’un séminaire organisé, jeudi 25 octobre, sur le thème de “la responsabilité sociétale des entreprises en Tunisie”.
Le réseau local Pacte mondial Tunisie (IRSET), qui a été lancé en 2015, relève du Pacte mondial des Nations unies. Marrouki encourage les entreprises tunisiennes à l’adopter, s’agissant notamment de celles opérant dans les secteurs du pétrole et des mines. “Le concept RSE est facile à introduire dans nos entreprises, d’autant plus que l’institut assure la formation et l’encadrement des entreprises voulant y adhérer”, a-t-il assuré.
Actuellement, une cinquantaine d’organisations sont membres de l’IRSET, dont 38 entreprises et 11 organisations, lesquelles devront respecter les 10 principes du Pacte mondial des Nations unies en plus des 17 objectifs de développement durable (ODD).
Par ailleurs, Marrouki a appelé l’UTICA à adhérer audit Pacte pour que les Unions régionales et les entreprises membres en relevant y adhérent.
“Aujourd’hui, nous constatons que le secteur du pétrole oeuvre à résoudre ses problématiques en matière de rendement. Ainsi, l’ETAP a adhéré au Pacte mondial des Nations unies, en réalisant des actions RSE dans les gouvernorats de Tataouine et Kébili”, a-t-il témoigné.
En revanche, la crise du secteur du phosphate perdure, faute d’une mauvaise application du concept RSE par la CPG (Compagnie des phosphates de Gafsa), tant dans le bassin minier de Gafsa qu’à Gabès.
Sur cette question, Karim Ben Kahla, professeur universitaire et expert en RSE, a mis l’accent sur la mauvaise gestion des fonds alloués par les entreprises publiques, tels que la CPG et le GCT (Groupe chimique Tunisien) pour financer des projets RSE, des sommes qui ont atteint, jusqu’à ce jour, environ 500 millions de dinars (MDT), sans générer de grands résultats, selon ses dires.
Et d’ajouter que certaines unités économiques comprennent mal la RSE, considérant ce concept comme une forme de charité ou un nouvel outil de marketing.
Pour sa part, la députée Leila Ouled Ali a mis l’accent sur les pertes économiques causées par la paralysie du secteur de phosphate en Tunisie. “La CPG dépense plusieurs milliers de dinars en matière de RSE, alors que les habitants de la région sont mécontents et insatisfaits”, a-t-elle critiqué.
Elle a rappelé la loi sur la RSE, adoptée par l’ARP en mai 2018, visant la réconciliation entre l’entreprise et son environnement ainsi que l’amélioration du climat du travail au sein de l’entreprise, outre la lutte contre les problèmes de gouvernance des fonds alloués à la RSE
Cette loi oblige toutes les institutions à consacrer des fonds pour financer des projets RSE, en stipulant également la création d’un observatoire pour donner des statistiques sur le degré d’application des entreprises de ce concept.
L’entreprise Leoni, fournisseur mondial de câbles, a donné son témoignage sur l’adoption du principe RSE dans sa stratégie.
Selon Mehdi Ben Mahmoud, responsable du département communication, il est opportun d’appliquer ce concept pour que l’entreprise fasse plus de profits, dans un climat propice au travail. Les actions RSE ont porté sur la distribution des aides scolaires et à l’occasion des fêtes, la création d’un jardin d’enfants, la réalisation de mariages collectifs, la valorisation des déchets et la collecte des eaux pluviales.