Pour une première visite dans un barrage, aboutissement final pour des milliards de gouttes, il s’avère plus rassurant de suivre le milieu de la piste qui mène aux réservoirs.
Une visite du barrage de Siliana, ville du nord-ouest tunisien, est accompagnée en effet par une peur inexplicable qui paralyse la marche des moins habitués aux hauteurs. Un malaise vite dissipé par la fraîcheur de la douceur des brises matinales qui bercent les lieux.
La nature est reine sur ce barrage où cohabitent agréablement eaux, plaines verdoyantes, collines et chaînes de montagnes à perte de vue. Une promenade d’une demie heure sans qu’aucune personne n’intervienne.
Les journalistes de TAP sont intrigués par l’absence de personnel susceptible de sécuriser les lieux contre d’éventuels intrus sur cette construction vitale.
Sur le barrage de Siliana, une nouvelle vie s’offre à cette zone montagneuse entourée de forêts et de champs irrigués.
Sur ce même barrage se dessinent aussi les contours d’un système d’irrigation en difficulté.
Intempéries et amélioration du niveau des eaux dans les barrages
Nacer Lahouel, chef du service d’exploitation et de distribution des eaux d’irrigation à la direction régionales pour l’agriculture dans le gouvernorat de Siliana, évoque “une situation hydrique difficile dans le gouvernorat qui a commencé en 2015”.
Le barrage de Siliana, le plus grand barrage de la région, est situé à 10 km au nord du gouvernorat. Cet édifice hydrique est exploité depuis 1991 et relativement récent mais plus performant que les deux autres barrages de la région. Il alimente une large zone irriguée avoisinante et qui s’étend jusqu’à Laaroussa et Gaafour.
Les dernières intempéries du mois d’octobre ont été importantes pour tout le gouvernorat et pour ses trois barrages (Siliana, Oued Lakhmes, R’mil).
Un changement salvateur avec les 25,5 millions de m3 d’eaux qui se sont déversés dans le barrage accroissant le volume des réserves qui augurent d’une saison agricole prometteuse.
Elles avoisinent la capacité maximale du barrage qui s’élève à 34 millions de mètres carré. Des quantités record se sont abattues sur la région, ce qui a permis au barrage de la ville de reprendre vie et surmonter les effets d’une sécheresse aiguë de plus de trois années consécutives. Une situation constatée aussi sur les deux autres barrages.
Les ressources en eau dans la région proviennent de trois barrages mais aussi des barrages collinaires, lacs collinaires, forages et puits de surfaces.
Sur cette zone du pays où 68% de la population se concentre en milieu rural, la nature est généreuse en plantations et grandes cultures qui nécessitent un système d’irrigation continue. Une demande grandissante en eaux qui n’est toujours pas satisfaite pour les petits agriculteurs et groupements agricoles.
La sédimentation affecte cruellement les eaux de barrages
Au-delà problème de sécheresse, la sédimentation dans les barrages constitue un défi majeur pour la chaîne d’irrigation.
Les barrages du Gouvernorat sont à l’image d’autres barrages dans le pays qui sont affectés par la problématique de sédimentation élevée. Les experts ont souvent averti contre un resserrement continu dans les sources hydriques, une question qui exige une intervention immédiate sinon urgente.
Pour faire face à ce manque en eaux pour l’irrigation, les directions relevant du ministère de l’Agriculture ont eu recours depuis 2015 à la politique de rationalisation de l’exploitation de l’eau et une gestion minutieuse des ressources hydriques disponibles dans les 3 barrages, les 150 barrages collinaires et les 44 lacs collinaires.
Selon des données fournies par des responsables régionaux relevant du ministère de l’Agriculture, en termes de quantités des eaux disponibles annuellement de la pluie et des puits, Siliana est classé 3ème parmi les gouvernorats du nord-ouest tunisien, après Jendouba et Béja. Il est en avance par rapport au gouvernorat du Kef sur le même secteur géographique.
La superficie des terres irriguées à Siliana s’étend sur un total de 18.234 mille ha dont 11.267 ha sont une propriété publique sous contrôle de l’Etat. Une étude est actuellement en cours sur la possibilité d’accroître la capacité de stockage des eaux de pluie, dans les barrages et les lacs collinaires de Siliana.
Un outil de suivi qui vise à palier au déclin considérable au niveau des trois barrages résultant de la sédimentation causée par l’érosion de l’eau au fond des barrages, notamment au barrage Lakhmess.
Le facteur temps ne joue pas en faveur de ce barrage situé à 15 km au sud-est de Siliana. Après plus de 5 décennies de l’édification de ce barrage entré en exploitation en 1966, la capacité de stockage qui était initialement de 7 millions m3 ne dépasse pas actuellement les 5 millions m3.
Les deux autres barrages sont d’une capacité de stockage moins importante que celle de Siliana, avec un taux maximal de 2,522 millions de m3 pour le barrage de R’mil.
A l’image des barrages à travers le pays, ceux de Siliana font face au problème de la capacité de stockage, notamment durant les saisons pluvieuses exceptionnelles.