La conférence “G20 – Compact with Africa” (CwA), qui a lieu mardi 30 octobre 2018 à Berlin (Allemagne), avec la participation d’éminentes personnalités internationales, dont le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, vise essentiellement le suivi des engagements proclamés, lors de la conférence de 2017″, a indiqué l’ambassadeur d’Allemagne à Tunis, Dr Andreas Reinicke.
Lors de cette conférence destinée à soutenir les réformes économiques dans nombre de pays africaines, “les pays du G20 et les institutions financières sont invitées à coordonner leurs programmes d’assistance technique et leurs interventions, pour garantir plus d’efficacité à leurs actions. Ils s’engagent également, à encourager leurs sociétés à investir dans les pays de l’initiative”, a précisé l’ambassadeur.
Au départ, rappelle-t-il, quatre pays africains ont adhéré à cette initiative, à savoir la Tunisie, le Maroc, le Sénégal et le Rwanda, avant de s’étendre à onze (11) actuellement, avec l’adhésion du Bénin, de la Côte d’Ivoire, de l’Egypte, de l’Ethiopie, du Ghana, de la Guinée et du Togo .
Onze chefs d’Etat participent à Berlin
Pour ce qui est du CwA 2018, Reinicke fait savoir que cette manifestation sera marquée par la participation de 11 chefs d’Etat, de la chancelière allemande, ainsi que des présidents des principales institutions financières mondiales, à savoir le FMI, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement.
“Le chancelier de l’Autriche, Sebastian Kurz, prendra part également à cette rencontre, dans le cadre des préparatifs du prochain “G20-CwA”, qui aura lieu dans son pays, en décembre 2018, sur le thème de la digitalisation”.
D’après le diplomate allemand, la conférence 2018 sera marquée par l’organisation de rencontres avec un ensemble d’investisseurs étrangers. Chaque pays aura l’opportunité de présenter les principaux avantages et privilèges accordés aux investisseurs étrangers. L’objectif étant de faire valoir le potentiel économique, dans chaque pays.
Par ailleurs, “des success stories seront présentées par des investisseurs privés déjà implantés dans les pays africains, afin d’exposer leurs propres expériences.
Pour la Tunisie, la parole sera donnée au groupe Leoni, fournisseur mondial de câbles, qui se présente comme le plus grand employeur privé, avec près de 18.00 employés en Tunisie. Il compte élargir davantage son activité, ce qui permettra la création de 5.000 nouveaux emplois, dans les années à venir.
L’Allemagne appuie la relance économique en Tunisie
Mettant l’accent sur les réalisations accomplies par la Tunisie, depuis la CwA 2017, Reinicke a affirmé que l’Allemagne, en tant que parrain de notre pays, s’est engagée à appuyer la relance économique, à travers la conclusion de plusieurs accords de partenariat, dont la signature, les 10 et 11 octobre, de six mémorandums d’intention avec le secteur privé (couvrant les activités des secteurs du textile, du tourisme et de l’agriculture), et ce, à l’occasion de la visite du ministre fédéral de la Coopération économique et du Développement, Dr. Gerd Müller.
Parmi ces accords, l’ambassadeur cite celui conclu entre la Fédération tunisienne du textile et de l’habillement (FTTH) et celle allemande, dans l’objectif d’accompagner la FTTH, pour faciliter son intégration dans le marché international.
“Le deuxième accord signé entre la Tunisie et l’Allemagne, stipule la création d’un système de formation professionnelle dans le textile à Bizerte, placé sous la tutelle de la FTTH”.
“L’idée consiste à programmer des sessions de formation au profit des employés des entreprises du textile à Bizerte, sur demande des sociétés concernées, en vue de répondre à leurs besoins spécifiques. Ce système sera fonctionnel vers la moitié de l’année 2019”, a expliqué l’ambassadeur.
Pour ce qui est du volet financier, le diplomate a affirmé que l’Allemagne s’est engagée à faire bénéficier la Tunisie d’un appui financier direct au budget de l’Etat, pour les années 2018, 2019 et 2020, à raison d’un montant de 200 millions d’euros (environ 660 millions de dinars), chaque année.
Mais le décaissement de ce montant reste tributaire de la réalisation d’un nombre de réformes et de projets, qui font l’objet d’accords entre le gouvernement tunisien et ses partenaires allemands. D’ores et déjà, un montant de 100 millions d’euros a été décaissé au titre d’appui budgétaire, pour l’exercice 2018.
Parmi les projets engagés, la création d’un bureau de crédit, lequel centralisera la base de données de l’ensemble de crédits octroyés aux consommateurs tunisiens, par les différentes banques de la place. L’objectif est d’éviter l’octroi de plusieurs crédits à un même consommateur, durant la même période, dépassant ses capacités de remboursement.
Susciter l’intérêt du secteur privé sur le potentiel économique de la Tunisie
Reinicke a estimé que l’objectif escompté de l’adhésion de la Tunisie, à cette initiative consiste à “susciter l’intérêt du secteur privé allemand et international, pour le potentiel économique de la Tunisie. Notre rôle, à nous, en tant que partenaires, c’est de promouvoir, de faire valoir et d’attirer l’attention sur les opportunités d’affaires, existantes en Tunisie”.
Mais du côte tunisien, il y a beaucoup de travail à accomplir, notamment en matière d’adaptation de la formation des ressources humaines, aux besoins réels des entreprises locales et étrangères, et aussi, en ce qui concerne l’allègement des procédures administratives.
Des sociétés allemandes intéressées par l’installation en Tunisie, nous parlent de leurs hésitations car les décisions de l’administrations sont des fois trop lentes et pas toujours fiables dans le suivi. Elles espèrent que l’amélioration des derniers mois, va continuer encore plus, a-t-il souligné.
Pour ce qui est des relations bilatérales, l’ambassadeur a réitéré la volonté de son pays de soutenir la démocratie tunisienne et d’appuyer le processus économique.
“A l’heure actuelle, l’Allemagne se présente comme le troisième investisseur en Tunisie, après la France et l’Italie, avec environ 260 sociétés allemandes implantées à travers tout le territoire et offrant plus de 55 mille postes d’emploi.
Ces sociétés exercent essentiellement dans les activités de la fabrication automobile, du textile, des TIC, du bâtiment, de l’agriculture… Elles projettent la création de près de 8.000 nouveaux emplois durant les prochaines années.
Reinicke rappelle, par ailleurs, qu’un mémorandum d’entente vient d’être signé entre la Fédération allemande des agences de voyages et tour-opérateurs et le ministère du Tourisme, visant à favoriser l’innovation dans le secteur touristique, la mobilisation des investissements et l’amélioration de la qualité.
“La Tunisie se présente comme l’une des destinations touristiques privilégiées des touristes allemands. Toutefois, le pays fait face à une rude concurrence, d’où la nécessité d’améliorer la qualité des prestations hôtelières, de prêter plus d’attention à la propreté aux alentours des hôtels et dans tout le territoire, ainsi que de développer de nouveaux produits touristiques”.
“La Tunisie présente l’image d’un pays bon marché. Elle a intérêt aujourd’hui, à améliorer son image, afin d’accroître ses recettes touristiques. Pour ce faire, elle doit cibler de nouvelles niches en lançant, par exemple, des programmes de randonnées, d’escalades, des tours de VTT…”, conseille le diplomate allemand.