“La mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale (ZLEC) aura des retombées positives en termes d’intégration africaine et d’échanges interafricains, mais les profits à en tirer dépendront fortement du degré de libéralisation qui sera retenu par les pays africains”. C’est en tout cas ce qu’a affirmé, mardi 30 octobre 2018, Simon Mevel-Bidaux, économiste auprès de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA).
Les questions relatives aux règles d’origine
Intervenant lors d’une session spéciale dédiée à l’accord pour la mise en place de la ZLEC, tenue dans le cadre du 33ème comité intergouvernemental d’experts de la CEA, qui se tient du 30 octobre au 2 novembre 2018 à Tunis, Mevel-Bidaux a souligné que “plus le scénario de libéralisation sera ambitieux, plus les bénéfices à en tirer en termes de commerce interafricain seront élevés”.
“Outre la question du choix du scénario de libéralisation à adopter, les Etats signataires de l’Accord pour la mise en place de la zone de libre-échange continentale africaine devront également s’accorder sur les questions relatives aux règles d’origine et aux offres d’accès aux marchés aussi bien pour le commerce des biens que pour celui des services, avant de lancer la deuxième phase de négociations prévue pour 2020”, a-t-il aussi précisé.
Pour lui, “cette deuxième phase portera sur les questions relatives à l’investissement, à la propriété intellectuelle et aux politiques de compétition dans le cadre de la ZLEC”.
Mevel-Bidaux a aussi affirmé que la CEA essaye de pousser les pays africains à intégrer le commerce électronique dans le cadre des négociations sur la ZLEC.
Seulement 7 pays ont ratifié l’accord
Par ailleurs, il estime que “la signature de la Déclaration de Kigali pour le lancement de la Zone de libre-échange continentale par la majorité des pays de l’Union africaine constitue un pas important vers l’intégration continentale et le développement du continent. Mais la mise en œuvre de l’accord n’entrerait en vigueur qu’une fois ratifié par 22 pays, et nous n’en sommes actuellement qu’à 7 ratifications (le Kenya, le Tchad, le Niger, le Ghana, la Guinée, le Rwanda et le Swaziland)”.
Ceux qui refusent de signer l’accord
Il a ainsi souligné l’importance d’une adhésion plus marquée de la part des pays africains à cette démarche de mise en place d’une zone de libre-échange continentale africaine, rappelant que trois pays refusent jusque-là de signer l’accord pour la mise en place de la ZLEC, à savoir l’Erythrée, la Guinée-Bissau et le Nigeria, sachant que trois autres pays ne l’ont pas encore signé mais se sont engagés à le faire (le Botswana, la Tanzanie et la Zambie).
L’économiste de la CEA a, en outre, indiqué qu’une fois ratifiée, la mise en place de la ZLEC se fera d’une manière progressive, compte tenu des écarts entre les pays africains en termes de développement et d’infrastructures, appelant les pays africains à limiter la liste des produits qui seront exclus de cette libéralisation pour optimiser les gains qui en découleront.