La sortie de la Tunisie sur le marché financier international n’était pas utile car le taux d’intérêt est élevé par rapport à 2017 avec une période de remboursement plus courte. Donc, le gouvernement aurait dû attendre jusqu’à l’annonce de la nouvelle formation gouvernementale. C’est ce qu’estime l’économiste Ridha Chkoundali, lors d’un séminaire sur “la dette publique tunisienne” organisé par l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES).
La formation d’un nouveau gouvernement aurait transmis un message de stabilité aux investisseurs pour qu’ils consentent des prêts à des taux d’intérêt moindres, a-t-il ajouté.
La Tunisie est parvenue à mobiliser sur le marché financier international 500 millions d’euros, soit près de 1,629 milliard de dinars, qui seront remboursés à un taux d’intérêt de 6,75%, précisait le ministère des Finances dans un communiqué publié mercredi 24 octobre.
Chkoundali fait remarquer que la sortie récente de la Tunisie coïncide avec la dégradation des perspectives de la notation mondiale de stable à négative, ce qui entraîne les inquiétudes des investisseurs au sujet de la situation économique du pays.
Par ailleurs, il souligne que les hypothèses sur lesquelles repose le Projet de la loi des finances (PLF) pour l’année 2019 sont ambitieuses. “Pour la première fois, ces hypothèses ne comprennent pas le taux de change comme si celui du dinar était stable, alors que le déficit commercial est important, ce qui engendrerait une baisse de la valeur du dinar en 2019”, a-t-il dit.
Le PLF comprend une nouvelle donne, à savoir la réduction du déficit budgétaire de 3,9%, soit une baisse d’un point ce qui est un objectif difficile à atteindre, surtout que l’augmentation attendue en 2019 au niveau des ressources fiscales est importante bien qu’il n’y ait pas de hausse au niveau de l’imposition ou de mesures concernant l’amélioration du rendement de l’administration fiscale.
Il a affirmé que “l’endettement a atteint en Tunisie de fortes proportions” et qu’il est difficile “de parler de viabilité de l’endettement”, d’autant que cette viabilité exige l’entrée de devises au Trésor de l’Etat, notamment à travers les exportations.
En conclusion, l’économiste assure que “nous remarquons en Tunisie une hausse accrue du déficit commercial qui mène à une baisse des devises et la politique d’assouplissement du change du dinar est la cause principale de ce qui arrive en Tunisie”.