La Tunisie est appelée à saisir rapidement, l’opportunité qu’offre l’Aleca (Accord de libre échange complet et approfondi), avec l’Union européenne avant les élections européennes de 2019. Ces dernières pourraient amener à la commission européenne (CE) des responsables moins favorables à la Tunisie, a affirmé Ghazi Ben Ahmed, directeur du think tank MDI ( Mediterranean Développement Initiative).
Pour cet ancien fonctionnaire de la CE, avec la montée de la droite dans plusieurs pays européens, le renouvellement du parlement européen prévu en 2019, risque d’être préjudiciable à la Tunisie et partant à son prochain accord avec l’UE, lequel représente une opportunité de booster l’économie nationale après l’essoufflement du modèle de développement actuel.
Les négociations sont actuellement, au statu quo, alors que l’économie tunisienne s’enfonce dans la morosité, avec la dévaluation du dinar et l’aggravation de la dette publique. Ce statu quo risque de différer les négociations de deux ans, en attendant les nouvelles configurations politiques en Europe et en Tunisie, où des élections sont également prévues en 2019, a t-il souligné.
“L’Aleca pourrait apporter à l’économie tunisienne, l’électrochoc dont elle a besoin, d’autant qu’il sera accompagné d’une aide budgétaire et au développement et d’une assistance technique”.
Durant les deux premiers rounds des négociations (2016-2018), la Tunisie s’est contentée de poser des questions à son partenaire sur le projet d’accord ” proposé et non pas imposé ” , a tenu à préciser Ben Ahmed.
La Tunisie, a-t-il dit, n’a pas sur les court et moyen termes, une autre alternative d’autant qu’elle ne dispose pas de stratégie avec d’autres groupements ou d’autres régions telles que l’Asie, ou même l’Afrique et ce contrairement, à son concurrent direct, le Maroc qui a développé sa stratégie africaine depuis 15 ans.
Pour Ben Ahmed, auteur d’un guide sur l’Aleca paru en Février 2018, ” les thèses développées contre cet accord, par des acteurs de la société civile n’ont pas l’intérêt national à cœur”.
La Tunisie est liée à l’UE, depuis 2012, par un accord de partenariat privilégié, qui est venu remplacer l’accord d’Association conclu en 1995. L’UE est le principal partenaire économique de la Tunisie, avec plus de 70% des échanges commerciaux du pays. La coopération entre les deux parties dans tous les domaines est estimée à environ 10 milliards d’euros (plus de 30 milliards de dinars), selon le commissaire européen à la Politique européenne de voisinage et aux négociations d’élargissement, Johannes Hahn.