” La signature de l’accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) avec l’Union Européenne, doit être précédée d’un programme national de mise à niveau du secteur agricole, pour le préparer à la concurrence avec l’Europe “, a déclaré, lundi, à l’agence TAP, Abdelkhalek Ajlani, membre du bureau exécutif de l’UTAP, chargé de la coopération internationale, de l’exportation et du partenariat.
Intervenant lors d’une conférence organisée par l’Union régionale de l’agriculture et de la pêche de Kasserine, sur “les répercussions négatives de l’ALECA, sur le secteur agricole”, il a indiqué “que cet accord constitue une forme d’intégration forcée, en raison de l’inégalité de fait existant, entre agriculture tunisienne et celle européenne. Cette dernière résulte essentiellement, des dysfonctionnements structurels du secteur agricole tunisien, dont la faiblesse de son rendement, de sa production et de son encadrement et la dispersion de la propriété agricole ( 47% des agriculteurs détiennent moins de 3,5 hectares)”.
Ajlani a, par ailleurs, considéré que “toutes ces problématiques rendent la Tunisie incapable de concurrencer l’Union européenne, laquelle a injecté 360 millions d’euros, pour soutenir l’agriculture européenne dans le cadre de son plan 2014-2020”.
De son côté, le spécialiste en développement, Houcine Rehili, a indiqué que l’ALECA s’inscrit dans la continuité de l’accord de libre-échange, conclu, entre la Tunisie et l’Union européenne, en 1995, et qui a montré ses limites.
Et de rappeler que l’ALECA a fait l’objet d’un premier round de discussions, en avril 2016. Le deuxième round s’est tenu en mai 2018, alors que le troisième devrait être organisé à Bruxelles, début décembre prochain.
D’après Rehili, cet accord vise notamment, à lever toutes les barrières douanières entre la Tunisie et l’UE dans tous les secteurs et à remplacer les procédures douanières, par d’autres non douanières.
“La plupart des secteurs concernés par l’ALECA, ne respectent pas les normes et réglementations de l’Union européenne. Il est donc, nécessaire de retarder la signature de cet accord, en attendant d’atteindre un niveau de concurrence équitable, entre les deux parties”.
Les agriculteurs de la région ont souligné, l’impératif de préparer le terrain et de fixer les critères de la concurrence avant la signature de cet accord. Ils ont revendiqué, ainsi, la réhabilitation et la restructuration du secteur agricole, un appui aux agriculteurs et la promotion des produits agricoles tunisiens, afin qu’ils puissent concurrencer les produits européens.
Ils ont estimé que les inconvénients de cet accord, dépassent ses atouts, étant donné que le secteur agricole tunisien demeure fragile.
D’après eux, l’agriculteur tunisien souffre de l’endettement, du manque de la main-d’œuvre et d’encadrement, ainsi que d’une dépendance totale de l’Union européenne en matière de semences, de plants sélectionnés, d’engrais et de traitements.