Le chercheur tunisien et docteur en géomorphologie appliquée, Bellachheb Chahbani, figure parmi les 10 nominés au prestigieux Prix de l’Innovation pour l’Afrique (PIA) 2018, organisé chaque année par la Fondation africaine de l’innovation (AIF).
Son invention est un “diffuseur enterré” qui permet à l’agriculteur de diminuer la quantité d’eau utilisée dans l’irrigation, de réduire les doses d’engrais grâce à une diffusion plus ciblée et de nourrir la plante d’eau et d’engrais à la racine.
Né à Fatou sur l’île de Djerba, Bellachheb Chahbani, est un chercheur tunisien de l’Institut des régions arides de Médenine (IRA). Il obtient au bout de six ans d’études à la Sorbonne, un doctorat de troisième cycle en géomorphologie appliquée. En 1992, il décroche un doctorat en sciences agronomiques de l’Université de Gand (Belgique).
Ce diffuseur permet d’économiser 70% d’eau supplémentaire par rapport au système d’irrigation au goutte à goutte utilisé pour l’arboriculture, confirme Wassim Chahbani, fils du chercheur qui a présenté l’invention à ce concours.
Le thème choisi cette année pour ce concours, auquel participent plus de 3.000 candidats issus de 52 pays africains, est “Innovation africaine : investir dans des écosystèmes d’innovation inclusifs”.
Contacté par l’agence TAP, Wassim Chahbani, entrepreneur social, copropriétaire de Chahtech (société de gestion de l’eau en Tunisie) et titulaire d’un diplôme en Génie électromécanique de l’Université Libre de Tunis (ULT), a indiqué que l’efficacité de l’invention de son père a été déjà testée et confirmée.
“Ce que nous voulons aujourd’hui, c’est le développement d’un business et de toute une vision concernant la gestion des eaux de l’irrigation dans un contexte marqué par le changement climatique et la pénurie des ressources en eau dans toute la région MENA et de l’Afrique”, a-t-il déclaré.
Le jeune entrepreneur, qui sera présent à la cérémonie de remise des prix, prévue au Rwanda en octobre 2018 et reportée sine die, envisage d’aller plus loin dans le développement de solutions de gestion des ressources en eau d’irrigation.
Il regrette, toutefois, que le diffuseur enterré n’ait pas trouvé l’écho qu’il mérite sur le marché tunisien “à cause d’une mentalité qui ne promeut pas le made in Tunisia et ne veut pas prendre le risque de l’investissement dans des solutions novatrices”.
Toutefois, “l’invention est désormais subventionnée par l’APIA à hauteur de 50% et pourrait pénétrer plusieurs marchés dans la région MENA et en Afrique”.
“Nous voulons miser sur les ressources humaines et envisageons de recruter, à cet effet, des jeunes ingénieurs et techniciens et former d’autres pour développer et inventer des solutions rentables et efficaces à la pénurie de l’eau dans toute la région. Ces dernières sont destinées surtout aux exploitants qui n’ont pas de ressources financières pour des technologies de pointe en matière d’irrigation”, a encore, lancé le jeune opérateur.
Evoquant les innovations des dix finalistes, la directrice de l’AIF, Pauline Mujawamariya Koelbl, citée dans un communiqué de la fondation, a déclaré: “Nous sommes fiers de voir des innovations aussi impressionnantes dans le Top 10. Chacune d’elles résout un problème crucial dans son secteur et c’est une preuve concrète de l’ingéniosité africaine. L’Afrique et le reste du monde doit garder un œil sur ces innovations : elles ont tout pour propulser la compétitivité mondiale du continent ! Ces 10 nominés sont un excellent rappel que, s’ils ont accès au capital nécessaire, les Africains sont capables de résoudre les problèmes africains, tout en contribuant à ceux du reste du monde”.