La réduction de l’écart entre homme et femme dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) en matière de participation au marché du travail permettrait de réaliser un taux de croissance économique estimé à 47% en 2025, selon des études réalisées par des experts du programme MENA-OCDE, et présentées par le ministre tunisien du Développement, Zied Laadhari.
S’exprimant lors de la deuxième réunion annuelle du Forum MENA-OCDE pour l’autonomisation économique des femmes (FAEF), tenu durant deux jours sur le thème “de la prise de conscience à l’action : réalisation et priorités de l’autonomisation économique des femmes dans la région MENA”, à l’initiative de l’ODCE et en partenariat avec le ministère tunisien de la Femme, Ladhari a ajouté que ces études ont montré que la discrimination basée sur le genre dans les institutions de la région MENA a causé une perte annuelle de 600 milliards de dollars.
L’autonomisation des femmes n’est pas seulement un droit mais un besoin urgent pour impulser davantage l’économie nationale, a-t-il indiqué.
“Nous constatons un élan croissant de changement en faveur de l’égalité des genres dans la région MENA”, affirme, pour sa part, Gabriela Ramos, directrice de cabinet de l’OCDE.
“Les femmes de la région MENA sont plus qualifiées que jamais pour saisir cette opportunité. Près de 42% des femmes de la région MENA sont inscrites dans l’enseignement supérieur, ce qui dépasse les taux de scolarisation masculins et la moyenne mondiale”, a-t-elle souligné.
Ces progrès significatifs ne se sont pas traduits par une participation égale ou un accès égal aux opportunité en matière d’emploi ou d’entrepreneuriat, en ne dépassant pas le taux de 28%.
D’après Gabriela Ramos, malgré les progrès considérables accomplis dans le domaine de l’éducation, la région affiche toujours le taux de participation des femmes au marche du travail le plus faible au monde (20,6% contre plus de 64% dans les pays de l’OCDE).
De son côté, Naziha Laabidi, ministre de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Seniors, a fait savoir que son département œuvre à faire bénéficier 500 mille femmes rurales de la couverture sociale avant 2020, outre la mise en place du cadre juridique adéquat pour assurer un transport sécurisé et décent aux ouvrières dans le secteur agricole.
Le ministère a également aidé 2.719 femmes dans la création de leurs entreprises, moyennant une enveloppe de plus de 22 mille dinars, et ce dans le cadre du programme Raidet pour l’impulsion de l’initiative économique de la femme, dont la finalité est de créer 8 mille projets féminins avant fin 2020.
De son côté, la députée et présidente de la Commission des libertés et de l’égalité, Bochra Belhaj Hmida, a déclaré que le taux de l’autonomisation économique des femmes est au-delà des attentes, précisant qu’il reste beaucoup à faire sur le plan législatif et au niveau des mentalités.
La défense du droit de l’égalité dans l’héritage a pour finalité d’appuyer l’autonomisation économique des femmes surtout que 80% des femmes travaillant dans le secteur agricole ne profitent pas leurs propres exploitations.
La vice-présidente du réseau parlementaire arabe pour l’égalité “Raidet” a déclaré qu’avant 2003, le nombre des femmes maghrébines dans les conseils locaux élus ne dépassait pas 0,5% alors qu’il avoisine actuellement le taux de 21%. Le taux de participation des femmes au parlement était de 10% en 2002, et avoisine actuellement les 21%.
De son côté, l’ambassadeur de Suède à Alger, Marie-Claire Sward Capra, a précisé que l’expérience suédoise en matière de l’autonomisation économique des femmes dans tous les domaines de la vie est pionnière.
La réunion du forum (FAEF) de cette année vise à mettre en relief les progrès récents et les meilleures pratiques de la région en matière de promotion de l’égalité des genres.
Le FAEF permet également de mesurer les progrès réalisés dans les pays face aux défis identifiés dans le rapport 2017 de l’OCDE “l’autonomisation économique des femmes dans certains pays de la région MENA : l’impact des cadres juridiques algérien, égyptien, jordanien, libyen, marocain et tunisien”.
Deux séances thématiques sont consacrées à l’amélioration de la collecte de données sur la participation économique des femmes et à une meilleure intégration de la dimension de genre dans tous les domaines.