La Tunisie, est l’un des pays importateurs de pétrole de la région MOANAP (Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan) qui ont réussi à accroître leurs recettes fiscales, mais en absence de réformes abouties en matière de subventions, ces gains ont été en partie contrebalancés par la hausse de ces dernières, à cause de la hausse des prix du pétrole, selon un article publié mardi 13 novembre, sur le site du Fonds monétaire international (FMI).
Anastasia Guscina et Boaz Nandwa, les deux auteurs de l’article intitulé “Comment les pays peuvent réduire leur dette et préserver la croissance”, estiment qu’avec le resserrement des conditions financières mondiales, il est devenu plus urgent de réduire les déficits budgétaires et la dette des pays du Moyen-Orient et d’Asie centrale.
“L’accumulation de la dette ces dernières années, plus de 50% du PIB dans près de la moitié des pays de la région, doit être résolue de toute urgence”, indiquent encore les auteurs, ajoutant que malgré le déficit élevé d’infrastructures, les dépenses dans ce secteur ont été particulièrement touchées dans les pays importateurs de pétrole de la région MOANAP, comme Djibouti et la Mauritanie.
Pour les deux experts, si les pays ne réagissent pas rapidement, ils seront contraints d’allouer une part croissante de leur budget au paiement d’intérêts et au remboursement de leur dette plutôt qu’aux investissements vitaux dans le capital physique et humain, favorables à la croissance.
“Pour que la politique budgétaire puisse amorcer un cercle vertueux de croissance et d’équité, les réformes budgétaires doivent être soigneusement conçues pour protéger les pauvres”, soulignent encore les experts, rappelant que lorsque les pays réduisent leurs dépenses ou relèvent leurs impôts, “ils peuvent nuire aux groupes les plus vulnérables de la société”.
“Les pays ayant réussi à réduire leurs déficits tout en préservant les investissements publics, ont enregistré une croissance plus forte et sont parvenus à répartir les revenus de façon plus équitable”, estiment les auteurs.
Et d’expliquer que les gouvernements qui ont entrepris la réforme des subventions et des salaires de la fonction publique en privilégiant les dépenses sociales (éducation, soins de santé, dispositifs de protection sociale), “ont enregistré une croissance plus forte à long terme et une plus grande égalité de revenus”.
Au cours des trois dernières années, la plupart des pays de la région MOANAP, du Caucase et d’Asie centrale (CAC), ont réduit leurs déficits en adoptant une série de mesures pour comprimer leurs dépenses et accroître leurs recettes, mais ces réformes n’ont pas toujours été propices à la croissance, selon les auteurs.
Selon le FMI, les gouvernements doivent tâcher de répartir la charge fiscale plus équitablement, notamment, en relevant les impôts sur le patrimoine (biens fonciers, héritage, plus-values, dividendes et intérêts) et en remplaçant progressivement les droits de timbre et autres frais, plus régressifs et coûteux, par un impôt sur le revenu des personnes physiques.
Sur le plan des dépenses, les dirigeants doivent en améliorer la qualité et prendre en compte la hausse probable du coût du service de la dette dans le budget.
En parallèle, il est indispensable d’accroître, ou du moins de préserver, les dépenses dans le capital physique et humain. Il faudra par conséquent s’employer à réduire la masse salariale dans des pays tels que la Tunisie, l’Algérie et le Koweït.