Les femmes représentent plus 70% de la population rurale active dans les secteurs agricole et forestier, mais leur représentativité au sein des structures professionnelles (coopératives et Groupements de développement agricole) reste faible, regrette le président de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), Abdelmajid Ezzar.
“Ces femmes travaillent et produisent seules hors des circuits de commercialisation, de transformation et d’exportation”, a indiqué le responsable au cours de la conférence nationale sur “l’autonomisation économique et sociale des agricultrices à travers le développement des chaines de valeur des produits agricoles et agroalimentaires”, jeudi 15 novembre.
Les difficultés d’accès aux services, aux financements, aux circuits de commercialisation et de distribution entravent la valorisation des produis des agricultrices.
Il appelle, dans ce cadre, à assurer l’intégration des agricultrices dans les différentes phases des systèmes de chaines de valeur (phases avant et après production) via la mise en place de programmes d’encadrement, de formation et d’accompagnement, outre le rapprochement des services de vulgarisation.
Il a préconisé d’accorder aux agricultrices des incitations et avantages spécifiques et de leur permettre l’accès aux marchés intérieurs et extérieurs dans le cadre de partenariats avec des investisseurs, exportateurs, fournisseurs, hommes d’affaires et institutions financières.
Pour Ezzar, il s’agit également de mettre en place des programmes de travail régionaux favorisant l’identification des zones d’interventions et types de projets dans le cadre de développement des chaines de valeur, citant l’exemple des plantes médicinales et aromatiques à l’Ariana et la figue de Barbarie à Kasserine…
Pour sa part, le ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Samir Taieb, a fait savoir que le taux de possession des terres agricoles par les agricultrices reste très faible en dépit de leur dynamique dans le secteur agricole et leur nombre important (environ 500 mille femmes).
Ces agricultrices travaillent dans les exploitations agricoles familiales ou opèrent en tant qu’ouvrières agricoles avec une rémunération très modeste, a-t-il encore avancé.
Les agricultrices travaillent dans des conditions qui peuvent parfois être inhumaines, dit-il, évoquant notamment les moyens de transport des ouvrières agricoles vers les exploitations.
Présentant la stratégie nationale d’autonomisation économique et sociale des femmes et des filles en milieu rural (2017-2020), la chargée de mission au ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Seniors a rappelé qu’elle vise à garantir la sécurité alimentaire et assurer le développement local et régional.
Selon elle, cette stratégie est basée sur cinq axes: l’autonomisation de la femme à travers l’augmentation de la capacité d’emploi de la femme rurale, le rapprochement des services de formation professionnelle, la facilitation d’accès aux ressources et moyens de production, le passage du secteur non organisé au secteur organisé et le développement de l’initiative économique et de l’économie sociale et solidaire et l’accès aux marchés.
Cette stratégie a permis de financer des projets avec une enveloppe de 2,4 millions de dinars et de créer des emplois au profit des mères de jeunes élèves du milieu rural qui abandonnent l’école.