Les propriétaires et actionnaires des hôtels et restaurants du quartier chic des berges du lac nord de Tunis seraient en train de mettre la pression sur la Société de promotion du lac de Tunis (SPLT) pour la persuader de les traiter sur un pied d’égalité avec leurs collègues des autres zones touristiques du pays et de leur faire bénéficier des autorisations pour la vente dans leurs locaux de boissons alcoolisées.
Empressons-nous de remarquer que ces derniers se trompent d’adresse et sont victimes d’une fausse information qui a prévalu durant plus de deux décennies. En vertu de cette information colportée délibérément par l’administration dans l’objectif de préserver la vocation familiale de la ville lacustre “Medinat El Bouheira“, «la vente de boissons alcoolisées serait interdite au quartier des Berges du lac conformément à une clause du contrat établi entre la SPLT qui représente l’Etat tunisien et le groupe saoudien El Baraka de Cheikh Salah Kamel».
L’autorisation de ventes de boissons alcoolisées relève du gouvernement
Aux termes de cette clause, la vente de boissons alcoolisées serait prohibée, pendant une dizaine d’années, après l’édification de Medinat El Bouheira. Les dix ans sont passés, aujourd’hui, mais la vente d’alcool est toujours interdite.
Après investigation, il s’est avéré que cette clause n’est mentionnée nulle part dans ledit contrat. Pour preuve, des observateurs avertis rappellent qu’avant même que Médinat el Bouheira ne prenne sa forme actuelle, une grande surface implantée dans les berges du lac vendait des boissons alcoolisées. Cette dernière a cessé de le faire pour des raisons qu’on ignore jusque-là.
Par ailleurs, contrairement à ce que croient les hôteliers et les restaurateurs des Berges du lac nord de Tunis, la décision d’autoriser ou d’interdire la vente de boissons alcoolisées dans l’enceinte des berges nord du lac ne relève pas de la SPLT mais du gouvernement, particulièrement du ministère du Tourisme et de celui de l’Intérieur.
Une concurrence déloyale
Sur la base de ces éclairages, les hôteliers et restaurateurs des berges du lac nord estiment que le fait de ne pas disposer de cette autorisation les pénalise beaucoup d’autant plus que leur business plan prévoit un retour sur investissement après l’expiration de l’échéance des dix ans précités.
En plus clair encore, ces derniers considèrent qu’ils ont investi d’importantes sommes d’argent dans leur projet, conformément à une étude de faisabilité agréée et prévoyant, entre autres, de la rentabilité par l’effet entre autres de la vente des boissons alcoolisées.
Ils pensent également qu’au regard de l’accroissement des impôts -augmentation de la TVA, augmentation de la taxe à la consommation, institution de contributions exceptionnelles qui ne sont en fait que de nouvelles taxes-, il n’existe pas, aujourd’hui, de véritables raisons pour les priver de cette autorisation administrative et pour subir les effets pervers d’une concurrence déloyale que leur impose l’administration, et ce en comparaison avec les autres zones touristiques. Pour eux, le moment est donc venu pour y remédier.
L’hypocrisie de l’administration
Il faut reconnaître que ce dossier fait ressortir une incohérence monumentale de l’administration. D’un côté, cette dernière fait flèche de tout bois pour promouvoir Medinat El Bouheira comme une Smart city, une nouvelle ville intelligente digne des grandes métropoles méditerranéennes, et de l’autre, elle la prive d’un argument d’attractivité et de vente majeur, celui de la vente de boissons alcoolisées alors qu’à sa périphérie (centre de la capitale, La Goulette, le Kram, Carthage, La Marsa) cette vente est permise.
Même en prétextant que Medinat El Bouheira a une dimension familiale (présence de femmes et d’enfants à Dahdah, Carthage Land…), l’administration omet qu’elle avait conçu cette cité ex-nihilo comme une ville élitiste, voire comme une ville de riches non accessible au commun des gens (absence de dessertes publiques).
Et les riches, tout comme les touristes, hommes d’affaires et congressistes qui viennent y séjourner, adorent se décompresser dans des locaux clos où on vend particulièrement de boissons alcoolisées. Il y aurait là un manque à gagner énorme en termes de rentrées de devises et de création d’emplois.