La ville de Sfax a été quelque peu, l’espace de deux jours, la capitale du monde des affaires. Acheteurs et décideurs ont été réunis autour des exposants tunisiens, dans les secteurs de l’agroalimentaire, services de santé et du cosmétique, afin de négocier et éventuellement signer de partenariats.
Il est trop tôt pour dire si la Chambre de commerce et d’industrie de Sfax a réussi ou non la première édition de son forum Tunisia Business Export qu’elle a organisée les 22 et 23 novembre 2018, à l’hôtel Les Oliviers Palace à Sfax.
Cependant, tous les ingrédients ou presque étaient réunis pour faire de bonnes affaires : le format, des exposants tunisiens, des représentants de centrales d’achat, des décideurs politiques et des hommes d’affaires venus de plusieurs pays à travers le monde, et un cadre qui sied à ce genre de rencontres.
Seul bémol, de notre point de vue (pas celui de la direction de la CCIS), aucun représentant officiel tunisien, même pas le gouverneur de Sfax, encore moins un secrétaire d’Etat ou un ministre. C’est d’autant plus regrettable qu’il n’est pas aisé de faire venir jusqu’en Tunisie des acheteurs étrangers.
Et quand on entend le président de la CCIS, Ridha Fourati, expliquer que sans l’appui financier de la GIZ et de l’USAID l’organisation d’un événement n’aurait pas été possible, on peut se demander quel rôle jouent nos organismes d’appui à l’export.
Donc, l’organisation de la 2ème édition de ce forum dépendra de l’évaluation qui sera faite par ces deux organismes étrangers (allemand et américain), en l’occurrence la GIZ et l’USAID.
Mais en attendant cette évaluation, force est de constater d’ores et déjà que cette première édition peut constituer un élément déclencheur pour des futures rencontres de ce format. Pour plusieurs raisons.
Primo, l’organisation dans son ensemble a été de haute facture. En effet, selon les témoignages de certains exposants mais aussi des invités, le sentiment général qui se dégage c’est que l’idée est bonne et elle mérite non seulement de se répéter mais aussi d’être dupliquée dans d’autres secteurs.
Secundo, les contacts et autres BtoB qui ont eu lieu augurent de belles perspectives en termes d’export et de partenariat pour les entreprises tunisiennes des secteurs cibles (huile d’olive, services de santé et cosmétique).
Tertio, la conférence et les ateliers de formation organisés à l’occasion de ce forum ont montré plusieurs choses qui méritent d’être améliorées.
En effet, lors de la présentation des modèles économiques tchèque, sud-coréen et chinois, il est apparu que ces pays ont réussi grâce aux réformes qu’ils ont engagées à un moment donné de leur histoire.
C’est ainsi que le représentant de la Chine a fait état des réformes entreprises par les autorités chinoises dans les années 70 du siècle dernier. Les résultats on les connaît aujourd’hui : les produits chinois inondent les marchés mondiaux, avec une puissance financière et technologique aussi crainte que redoutable.
Idem pour la Corée du Sud qui, dans les années 60, était au même niveau de développement que la Tunisie, le Ghana ou le Cameroun en Afrique. Regardez le gap, pardon l’océan en termes de développement qui les sépare 50 ans après.
Pour sa part, Marek Slapal, le vice-gouverneur de la Moravie du Sud, rappellera que la Tchéquie a vite fermé la parenthèse communiste et mis en place d’importantes réformes dans l’administration, l’économie et le secteur de la finance.
A bien des égards, la Tunisie et la Tchéquie ont certaines ressemblances, notamment en termes de démographie (environ 11 millions d’habitants), politique (manque de démocratie pendant l’ère Bourguiba et Ben Ali pour la Tunisie, et l’ère communiste pour la Tchéquie…).
Du coup, M. Slapal, en solidarité avec la Tunisie, a promu de faire la promotion des produits tunisiens dans les différentes manifestations commerciales et économiques organisées en Tchéquie.
Maintenant, est-ce que ces modèles sont transposables en Tunisie ? La réponse est sans doute non. Cependant, on peut s’en inspirer, car le point commun de tous ces modèles c’est la mise en place de réformes réfléchies avec une vision claire. Mais malheureusement, la Tunisie draine elle un lourd handicap en la matière : les réformes ne passent pas, peut-être parce qu’on manque de patriotisme, et parce que le politique prime sur l’économique.
Tallal BAHOURY