Près de 58,5% des entreprises tunisiennes et françaises membres de la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (CTFCI) s’attendent à une amélioration de leur chiffre d’affaires en 2018. Pour 2019, ce taux est estimé à 62,1%, contre 50,9% en 2017.
Au sujet des perspectives économiques de 2018, le baromètre de conjoncture économique réalisé par la CTFCI auprès de 136 entreprises révèle que 52% des dirigeants s’attendent à une amélioration, contre 38% qui les voient comme moins bonnes qu’en 2017.
Toujours selon le baromètre qui couvre la période allant, du 24 octobre au 9 novembre 2018, sur l’environnement des affaires en Tunisie et sur leurs performances pour les années 2018/2019, 45% des entreprises sondées comptent accroître leurs investissements.
“45% des entreprises comptent faire de nouveaux investissements, 39% s’attendent à une stagnation de leurs investissements, 15,5% prévoient une baisse et 53% des chefs d’entreprise prévoient une hausse de leurs investissements, en 2019”, révèle le baromètre.
A rappeler que 48,8% des entreprises avaient déclaré, en 2017, avoir enregistré un accroissement significatif de leurs investissements.
En matière de création d’emploi, 39,3% des dirigeants tablent sur une augmentation, 48,6% misent sur une stabilisation et 12,5% n’écartent pas une baisse de leurs effectifs.
S’agissant de l’impact de l’instabilité politique sur le climat des affaires, 68,6% des dirigeants jugent mal l’instabilité politique et gouvernementale, en le considérant comme une source d’attentisme et de manque de visibilité. Toutefois, ils sont 30,7% à penser que l’impact de ce facteur est sinon faible, insignifiant.
L’autre source de satisfaction se perçoit à travers les réponses des chefs d’entreprise sur la situation sécuritaire et le climat social dans le pays.
45,8% se félicitent d’une certaine amélioration des relations sociales, 35,2% parlent d’une dégradation et presque 19% ont préféré ne pas répondre à cette question.
S’agissant de la situation sécuritaire, deux tiers (63,4%) des entreprises sondées sont satisfaites de l’amélioration de la situation sécuritaire dans le pays et un tiers éprouve encore certaines réserves.
Les procédures administratives un obstacle au développement
Les données recueillies ont révélé que les procédures administratives et la qualité des infrastructures sont les contraintes majeures au développement des entreprises en Tunisie.
En effet, 48% des dirigeants considèrent les procédures administratives comme un obstacle au développement de leur entreprise, suivi de l’environnement des affaires qui s’est dégradé sensiblement à la faveur de l’attentisme qui trouve son origine dans le retard pris dans la mise en œuvre effective aussi bien de certaines réformes que du démarrage de certains projets, notamment, dans le cadre du PPP (partenariat public privé) et des limites apparues, un an et demi après la promulgation de la nouvelle loi sur l’investissement.
Près de 5 dirigeants sur 10 pensent que les procédures administratives représentent un frein au développement de leur activité.
Ce sentiment concerne particulièrement trois institutions ; à savoir la douane, l’administration fiscale et la Banque centrale de Tunisie avec des taux d’insatisfaction respectivement de 48,6%, 41,4% et 31,4%.
L’insatisfaction vient essentiellement des délais des procédures, de leur complexité et de leur manque de transparence.
Idem ce sentiment est exprimé en ce qui concerne l’instabilité du cadre fiscal et du niveau de pression qui plombe l’investissement et ne l’encourage pas.
Une personne sur 10 satisfaite des réseaux aérien, portuaire et routier
En termes d’infrastructures, hormis la distribution électrique, les réseaux téléphoniques, internet et l’assainissement, les réseaux routiers et portuaires sont perçus comme étant soit défaillants, soit d’une qualité au-dessous de la moyenne.
Les réseaux aérien, portuaire et routier représentent les infrastructures les moins satisfaisantes. Pour les infrastructures relatives à ces trois réseaux, une personne seulement sur 10 en est satisfaite. Plus concrètement, 95% des dirigeants considèrent le réseau aérien comme ayant une moyenne ou mauvaise, 93% sont peu on non satisfaits du réseau routier et 78% sont insatisfaits du réseau portuaire.
Le coût des facteurs
Les facteurs perçus comme onéreux sont l’énergie, le transport maritime et le transport aérien. En effet, 75%, 65,5% et 60% des répondants perçoivent respectivement l’énergie, le transport aérien et maritime comme source d’érosion de leur compétitivité.
En revanche, la main d’œuvre et les télécommunications sont perçues comme des facteurs compétitifs.
Au sujet de la nouvelle loi sur l’investissement, 69% des chefs d’entreprise pensent que la nouvelle loi, entrée en vigueur en avril 2017, est inadaptée nécessitant même une révision en profondeur et 10% seulement considèrent le nouveau cadre comme suffisamment incitatif.
Sur un autre plan, 1/3 des entreprises voient dans la baisse du cours du dinar un facteur compétitif, 11,4% ne ressentent aucun impact et 58,6% perçoivent cette baisse comme un facteur à risque
Perceptions des chefs d’entreprise concernant le Projet de Loi de Finances 2019
86,7% des chefs d’entreprise croient peu à la trêve fiscale prévue par le projet de la loi de finances 2019, au profit des entreprises, la jugeant sans effet, ou peu efficace. Les négociations engagées par la Tunisie avec l’Union Européenne sur l’ALECA sont plutôt perçues avec un certain optimisme par les dirigeants des entreprises.
71,1% des chefs d’entreprises ne craignent pas des effets négatifs sur leur activité, contre 28,9% qui redoutent des effets négatifs possibles.
A noter que cette enquête a pour ambition de recueillir le sentiment des entreprises adhérentes à la chambre sur plusieurs thématiques afin de mieux cerner les facteurs de compétitivité et de faiblesse, de faire une évaluation des performances des entreprises, de la portée de la nouvelle loi sur l’investissement, entrée en vigueur en avril 2017 et d’avoir une appréciation sur les opportunités et les défis de l’adhésion de la Tunisie à l’ALECA.
Elle se propose en même temps de dégager une vision sur l’impact de l’instabilité politique sur le climat des affaires, sur les effets induits de la baisse du cours du dinar, sur la qualité des infrastructures et les prestations fournies par les services administratifs.