Les travaux de la conférence régionale sur le thème : “Pour une participation active des jeunes à la vie publique”, ont démarré mardi 27 novembre à Tunis, en présence d’une pléiade de jeunes de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), ainsi que de hauts responsables des ministères et autres organismes travaillant sur la question de la jeunesse.
Cette conférence, qui se poursuit deux jours durant (27 et 28 novembre en cours), s’inscrit dans le cadre du projet de coopération entre le ministère de la jeunesse et des sports et l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), baptisé: “Les jeunes dans la vie publique : vers un engagement ouvert et inclusif de la jeunesse”.
Il s’agit, également, du deuxième acte d’un débat engagé au Maroc, il y a un an de cela, sur le même thème et dont l’objectif est de consolider l’échange des bonnes pratiques et d’expériences entre les trois pays partenaires du projet (la Jordanie, le Maroc et la Tunisie), ainsi que d’autres pays de la région MENA et pays membres de l’OCDE sur la question de l’inclusion de la jeunesse dans les politiques publiques.
Intervenant à cette occasion, le conseiller auprès du chef du gouvernement, chargé de la jeunesse, Chokri Terzi, a estimé qu’autant les jeunes tunisiens ont contribué à la révolution, autant leur contribution à l’édification démocratique demeure en deçà des attentes.
Et pour cause, explique-t-il, les priorités de la jeunesse tunisienne dans la période post-révolution se résumaient principalement à des revendications économiques.
Or, a-t-il poursuivi, transition oblige, l’intégration de la composante économique était difficile dans un contexte de crise à la fois sociale et économique.
“Se sentant laissés en marge, les jeunes ne s’impliquent plus dans la vie publique et politique et préfèrent s’exprimer dans la rue”, a-t-il ajouté.
A propos de ce déficit dans la représentativité des jeunes, Irène Hors, directrice-adjointe de la gouvernance publique au sein de l’OCDE, a expliqué le faible taux de participation des jeunes à la vie publique par le fait qu’ils n’aient plus confiance dans le gouvernement.
“En Tunisie comme en Jordanie ou au Maroc, entre 33 et 36% seulement des jeunes ont participé aux dernières échéances électorales dans leurs pays”, a-t-elle fait savoir, indiquant que ce constat s’applique également à certains pays d’Europe dont la France.
Néanmoins, ajoute-t-elle, la Tunisie a engagé d’importantes réformes pour renforcer la prise en compte de l’opinion des jeunes et son expérience constitue aujourd’hui un bon modèle à suivre pour plusieurs pays de la région.
De son côté, le secrétaire d’Etat à la Jeunesse, Abdelkoudous Saadaoui, a résumé son intervention en quatre observations.
La première stipule que les jeunes de moins de 35 ans constituent 57% de la population tunisienne et pourtant on persiste à parler de cette frange comme étant une minorité.
La deuxième observation avancée indique que 60% des jeunes n’ont plus confiance dans l’Etat et c’est là, selon Saadaoui, le fond du problème.
En troisième lieu, le secrétaire d’Etat a expliqué que le terme “jeune” garde en Tunisie une certaine connotation péjorative et n’est pas forcément lié au succès.
La quatrième observation fait état, quant à elle, à un désintérêt politique des jeunes, et ce en dépit du fait que 52% des conseillers municipaux élus sont, actuellement, des jeunes de moins de 35 ans.
Pour conclure, le secrétaire d’Etat chargé de la Jeunesse estime qu’il est temps d’investir dans l’humain, seule vraie richesse de la Tunisie et de repenser toute la politique et les programmes dédiés aux jeunes.