La précarité des travailleurs des chantiers, le blocage des projets de développement régional (PDR), la détérioration du climat d’investissement, le bilan de la conférence Tunisia 2020, l’absence de discrimination positive entre les régions, le retard accusé dans l’évaluation à mi-parcours de l’actuel plan quinquennal (2016-2020) et dans l’élaboration du prochain plan, ont été les principales questions soulevées par les députés lors d’une plénière tenue, jeudi après-midi, à l’ARP, pour la discussion du projet de budget du ministère du Développement, de l’investissement et de la Coopération Internationale.
Notons que le budget de ce ministère au titre de 2019 a connu une augmentation de 37,6% par rapport à 2018.
Ce budget qui s’élève à 783,294 millions de dinars (contre 569,095 MD en 2018) est réparti entre les dépenses de gestion (71,294 millions de dinars en évolution de 3,2%) et les dépenses de développement (712 millions de dinars en évolution de 42,4%).
Lors de la discussion de ce budget, plusieurs députés ont souligné la nécessité de régler la situation précaire des travailleurs des chantiers et de trouver des solutions radicales aux conditions sociales difficiles dans lesquelles ils se trouvent conformément au Code du travail.
D’autres députés ont axé leurs interventions sur la détérioration du climat d’investissement et les difficultés auxquelles font face les investisseurs (montée des coûts d’investissement, climat social tendu, économie parallèle, instabilité fiscale, instabilité monétaire…).
A ce titre, le député Bechir Ben Amor (coalition nationale) fait savoir que 2700 investisseurs ont quitté la Tunisie vers le Maroc en 2012, évoquant les grands avantages accordés par le Maroc aux investisseurs, où l’aménagement des zones industrielles est totalement supporté par le budget de l’Etat.
Le député Noomane El Euch (courant démocratique) a évoqué la montée excessive des prix de l’électricité, appelant à trouver une solution à cette augmentation avant l’adoption de la LF 2019.
A ce titre, le monopole détenu par la STEG dans la production de l’électricité a été critiqué par le député Anouar Laadhar (coalition nationale) qui a appelé à libérer l’investissement en la matière et à renforcer les investissements dans le photovoltaïque.
La députée Leila Ouled Ali (coalition nationale) a, de son côté, estimé que la loi de l’investissement n’a pas permis de dynamiser l’investissement, en raison des lourdeurs institutionnelles qui y sont liées.
Des députés se sont, aussi, interrogés sur le bilan et les réalisations de la conférence Tunisia 2020, estimant que cette conférence n’a pas tenu ses promesses et que son bilan n’a même pas couvert les dépenses déployées pour son organisation.
Qualifiant cette conférence de fiasco total, le député Tarek Barrak (Front POPULAIRE) a considéré que le bilan de cette conférence atteint à peine au quart des objectifs escomptés. ” Pire, ce bilan se répartit entre crédits (96%) et dons (4%), ce qui alourdira davantage l’endettement du pays ” a-t-il soutenu.
L’absence de discrimination positive entre les régions, bien que stipulée par la Constitution a également été évoquée par certains députés, qui se sont longuement arrêtés sur les retard criants en matière de développement enregistré dans certains gouvernorats (Kasserine, le Kef, Kébili, les zones rurales de Mahdia, Médenine, Jendouba…).
Des députés ont aussi, demandé des clarifications sur le blocage des projets de développement régional (PDR) et sur la gestion des budgets alloués au développement régional.
Le retard accusé par l’évaluation à mi-parcours de l’actuel plan quinquennal (2016-2020) ainsi que dans la présentation des propositions devant permettre d’actualiser ce plan, a aussi, été épinglé par plus d’un député. A cet égard, le député Ibrahim Ben Saïd ( courant démocratique) a soulevé le grand écart entre les hypothèses et les réalisations de ce Plan, surtout en ce qui concerne les indicateurs de croissance et d’inflation, soulignant l’urgence de rectifier le tir.
Ce député a encore, critiqué le retard accusé par le gouvernement dans l’élaboration du prochain plan quinquennal de développement (2021/2025), dont les grandes orientations devraient être déjà connues.
La députée Lilia Younes Ksibi (Coalition nationale) a souligné l’importance d’une meilleure synchronisation entre les lois de finances et le plan de développement, mettant l’accent sur l’importance d’inscrire dans le cadre des plans de développement des mégaprojets de nature à insuffler une réelle dynamique dans les régions.
Des questions relatives à la réhabilitation des Offices de développement, à la nécessité d’accélérer les projets d’infrastructures dans les régions et de soutenir l’initiative privée, à l’importance de mettre en place des représentations du ministère au sein des ambassades tunisiennes à l’étranger et de donner au continent africain l’importance qu’il mérite dans le cadre des programmes de coopération internationale ont été également soulevées par les députés.