La possibilité de faire du «hedging» sur les cours du baril de pétrole a été récemment discutée par des membres du gouvernement.
Le ministre Rajhi considère que c’est une manière de réduire l’impact des subventions énergétiques sur le budget de l’Etat.
L’idée de faire ce hedging (ou prendre une «assurance» pour se protéger sur les fluctuations du cours du baril, ou des variations de taux de change) n’est pas nouvelle et revient périodiquement.
En octobre 2014, la loi des finances 2015 présentée par le gouvernement de Mehdi Jomaâ avait inclus l’hypothèse d’un baril à plus de 90 dollars.
Suite à la baisse du baril en novembre, il avait été recommandé par des institutions financières de pratiquer le hedging pour se protéger contre une remontée possible des cours. Avec ses propres experts, le gouvernement Jomaâ avait refusé, eh bien en a pris à la Tunisie !
Le baril avait baissé à moins de 50 dollars, et l’achat spot, comparé à l’achat anticipé avec hedging, avait permis à la Tunisie l’économie de plus d’un milliard de dinars.
La pratique du hedging est très peu faite au niveau des Etats, et l’exemple donné par M. Rajhi pour le Mexique est partiellement discutable…
Le Mexique est un pays exportateur de pétrole, et il s’est couvert pour éviter des baisses. En 2018, le coût du hedging au Mexique a été jusqu’à présent de 1,26 milliard de dollars (près de 3,7 milliards de dinars).
L’organisation du ministère de l’Energie et des Mines en Tunisie a été récemment décapitée par le gouvernement Chahed pour des motifs extrêmement opaques, sur lesquels le chef du gouvernement devait donner des clarifications, et qu’il a omis de faire jusqu’à présent.
Pratiquer du hedging dans l’absence de l’expertise dans le domaine de l’énergie équivaut à des paris extrêmement risqués, où les seuls gagnants à coup sûr sont les intermédiaires financiers.