En Afrique, où les pays sont très exposés aux risques des catastrophes provoquées par les changements climatiques, Il devient impératif d’intégrer des stratégies globales de gestion de risques dans les processus de développement.
C’est dans cette optique que la Banque Africaine de Développement (BAD) a organisé, mercredi 5 décembre 2018, au 24ème sommet du climat (2-14 décembre à Katowice en Pologne), en collaboration avec le Centre africain des applications météorologiques pour le développement, dit ACMAD et la Mutuelle d’Assurance (ARC), une rencontre sur la thématique de la gestion des risques de catastrophes et le rôle des services météorologiques et climatiques dans la prévention contre ces calamités.
En effet, les économies de nombreux pays africains reposent sur des secteurs sensibles au climat, tels que l’agriculture, les infrastructures, la foresterie, la pêche et d’autres ressources naturelles.
Pour cette raison, les gouvernements de ces pays sont appelés à identifier des mécanismes pour prévenir ces risques et aussi les financer à travers les assurances et les mutuelles. Ces institutions, pourraient jouer un rôle essentiel dans le renforcement de la résilience des plus vulnérables du continent.
L’un de ces mécanismes récemment crée est le Programme de financement contre les risques de catastrophe en Afrique, dit ADRIFI et qui est le premier à être dédié à la gestion des risques climatiques en Afrique.
“L’objectif de ce programme est de renforcer la résilience des 54 pays d’Afrique et les aider à faire face aux risques des catastrophes en Afrique”, a souligné Cecil Nartey, coordinateur de ce programme.
Nartey a, aussi, évoqué la nécessité pour les pays africains de rejoindre ce programme pour promouvoir le financement des risques climatiques dans le continent.
S’agissant du rôle des services de la météorologie et des informations sur le climat dans la gestion des risques des catastrophes naturelles, les conférenciers ont été unanimes à signaler l’impératif d’investir dans la promotion de ces créneaux pour soutenir la conception et la mise en œuvre du plan de protection et partant atténuer les impacts des désastres.
Données sur le changement climatique, une chaîne de valeurs
La collecte des données météorologiques et climatiques, leur analyse et leur communication est une chaîne de valeurs. “Les éléments de cette chaîne de valeurs sont assurés par des institutions différentes et pour la plupart du temps sans coordination entre elles”, a laissé entendre Filipe Lucio, directeur à l’Organisation mondiale de la météorologie.
“Nous ne pouvons pas avancer, si nous apportons l’appui à un seul maillon de cette chaîne de valeurs. Il faut promouvoir toute la chaîne d’une façon cohérence et à travers une meilleure synergie”.
Les bases de données sur le changement climatique ont besoin d’être gérées d’une manière cohérente et transparente.
“Certes, il y a des programmes et des institutions qui fournissent des services de météorologie, mais ces services manquent de coordination et donc ne sont pas très efficaces”, a-t-il soutenu, citant le récent rapport de GermanWatch, dont les conclusions ont été révélées aux médias, lors de la COP24 (24ème conférence sur le changement climatique).
Il s’agit d’un indice qui évalue et classe les pays selon leur degré d’exposition aux risques des catastrophes naturelles, dont le rythme a été accentué à cause du dérèglement climatique.
Les services météorologiques et climatologiques sont essentiels aux solutions de transfert des risques de catastrophes, a enchaîné Assia Sidibé, coordinatrice régionale de la Mutuelle d’assurance (ARC).
D’après la responsable, l’objectif de cette mutuelle panafricaine est de pouvoir couvrir des risques de sécheresses, d’inondations et de cyclones, en faisant sortir la gestion des catastrophes climatiques du seul giron de l’Etat et réduire sa dépendance des donations internationales.
En ce qui concerne les services d’informations météorologiques, Andre Kamga FoMouHoue, de la Division information climatique, défis et durabilité, a mis l’accent sur la nécessité, non seulement d’offrir de l’information météorologique, mais aussi de s’assurer qu’elle soit pérenne et disponible.
” Le leadership politique est aussi préconisé pour continuer les projets lancés en matière de services climatiques “, préconise le panéliste.
Le changement climatique, une menace pour la sécurité alimentaire
La sécurité alimentaire devient de plus en plus exposée aux effets des changements climatiques, selon Taniaa Osejo, du Programme alimentaire mondial (PAM).
Intervenant à la rencontre de la Banque africaine, elle a fait remarquer qu’une seule solution ne suffit pas pour prévenir les risques des catastrophes.
” Les défis sont énormes, donc nous avons besoin d’une approche intégrée pour adapter les besoins des communautés aux instruments et aux services de la météorologie”.
Elle plaide en faveur d’une adaptation de l’information scientifique et météorologique à la réalité des communautés et pour le lancement d’investissements ” intelligents ” pour promouvoir la sécurité alimentaire.