De l’univers de fiction de la planète Tataouine du film Star Wars de George Lucas, Tataouine a emprunté son nom aux sagas cinématographiques qui ont fait sa réputation auprès des touristes étrangers.
Sur les hauteurs du village berbère de Chenini et dans les pièces de Ksar Hdada, du nom d’un village à Ghomrassen, ont eu lieu les tournages de films cultes de l’industrie cinématographique hollywoodienne.
Au lendemain de la révolution de 2011, la destination Tunisie a été à maintes reprises déconseillée ou même interdite aux touristes de certains pays occidentaux ce qui avait affecté un secteur clé de l’économie nationale.
Cette situation n’est aujourd’hui qu’un souvenir lointain pour le tourisme national et spécialement pour Tataouine, région frontalière avec la Libye et l’Algérie sur plus de 600 km.
Dans les villages Tataouinis, le visiteur est vite surpris par la nature généreuse dissipant ainsi le préjugé sur un Sud aride et une nature complètement hostile.
L’héritage arabe et surtout amazigh ou berbère des gens ayant peuplé ces zones semi-arides entourées de montagnes, est encore présent dans des agglomérations sur les plaines et les hauteurs du mont Dhaher. Un legs qui attire la convoitise des touristes locaux et étrangers.
Fréquentation touristique sur Tataouine en chiffres
Tataouine abrite cinq unités hôtelières de catégories 1, 2 et 3 étoiles. Quatre maisons d’hôtes et gîtes ruraux classés 2 étoiles ainsi que trois restaurants touristiques se trouvent dans les villages berbères de Chenini et Douiret.
Les statistiques officielles dans le secteur font état d’une évolution de 32,3 pc du nombre d’arrivées qui avoisine les 13.465, entre le 1er janvier et le 20 novembre 2018. Un chiffre nettement important que celui enregistré en 2017 avec 10.180 arrivées. Idem pour les nuitées qui sont de 20161 nuitées en 2018 contre 14842 nuitées en 2017.
Walid Rahadi, commissaire régional au Tourisme à Tataouine dresse “une courbe ascendante qui couvre les saisons touristiques de 2015, 2016, 2017 et 2018”.
Les indicatifs touristiques montrent une augmentation générale, par rapport à l’année précédente, dans les arrivées (17%) et les nuitées (15,5%), soit 9.437 arrivées et 13.852 nuitées.
Le classement par nationalité, depuis début 2018, place le marché touristique local en tête et le marché français vient en second rang.
Le tourisme à Tataouine connaît une croissance de 87,7% dans les arrivées, soit 11.490 arrivées contre 794 arrivées en 2017. Pour les nuitées, le chiffre avoisine les 2.182 en 2018 contre 1.177 en 2017, soit une évolution de 85,4%.
Une évolution remarquable sauf que les chiffres ne traduisent pas la bonne santé du secteur dans la région de Tataouine. Le manque d’unités hôtelières et l’état des unités existantes n’encouragent pas le visiteur à y passer le plus de nuitées possibles.
Cependant, cette zone qui regorge d’un patrimoine historique et archéologique et naturel important ne bénéficie pas jusque là de l’offre touristique souhaitée.
Large plan de promotion du tourisme alternatif
Aujourd’hui les stratégies pour booster le tourisme s’accentuent et sont à plus d’un écart. Les orientations misent sur un nouveau type de tourisme responsable qui combine découverte, exploration dans un cadre historique, culturel et naturel.
Rahali parle d’avantages pour les investisseurs potentiels qui “bénéficient d’une offre de 30 pc du coût total de l’investissement offert par le ministère de tutelle (Tourisme)”.
Des conférences locales sont organisées sur les avantages offerts aux jeunes diplômés dans le tourisme. La prochaine conférence ciblera les résidents à l’étranger, notamment ceux originaires de la région.
En parallèle, des journées de sensibilisation en matière d’hygiène et de sécurité-sûreté seront destinées aux professionnels dans les établissements touristiques. L’animation touristique est au cœur des plans futurs.
Un appui financier est offert aux associations du secteur touristique et culturel, comme l’association qui gère le fameux festival des Ksours Sahariens de Tataouine bénéficiant de 50 mille dinars de la part du ministère du Tourisme et de l’Artisanat.
Cette institution relevant du ministère du Tourisme mise sur la sécurité et la sûreté et effectue une inspection générale des conditions d’hygiène et de la qualité de services dans les quelques hôtels, maisons d’hôtes et gîtes ruraux de la région.
Des négociations sont en cours avec des propriétaires terriens autour de la zone touristique “Bayach” pour céder des parcelles de terre à l’Agence foncière touristique (AFT). Les domaines en question seront aménagés avant d’être vendus aux investisseurs dans le tourisme.
L’action promotionnelle de la destination Tataouine se fait dans le cadre d’un plan spécifique. Des journalistes étrangers seront bientôt invités dans la région pour faire la lumière sur l’offre touristique.
Tataouine, un cadre historique et naturel somptueux
Etant une destination prisée par les protagonistes de l’image, Tataouine offre un cadre privilégié pour des visiteurs avides de nouvelles expériences humaines dans un lieu touristique authentique.
Ksar Hdada, en était une destination. Cet ancien grenier du patrimoine est une propriété du conseil régional de Tataouine. Il a été loué par la société de gestion hôtelière, El Gazel, basée à Tataouine, en vertu d’un contrat signé en 2004 pour une durée de 99 ans. Suite au désaccord avec l’INP sur l’application des normes en vigueur pour l’exploitation des ksours, le nouveau locataire a opté pour la résiliation du contrat.
Le conseil municipal se trouve dans l’impossibilité d’effectuer les travaux sur le site de cet ancien hôtel exploité de 1965 à 1999 dont l’exploitation ne manquerait pas de dynamiser le tourisme à Tataouine.
Sur toute la zone de Tataouine et ses 600 km de frontières avec l’Algérie et la Libye, le tourisme pratiqué a toujours été un tourisme de transit.
Pour Hamda Abdellaoui, président de la Fédération Tunisienne des Agences de voyages et de tourisme (FRAV), de la zone Sud-Est, “le marché des randonneurs est le plus gros marché dans les destinations du tourisme mondial”. Il regrette que la Tunisie soit largement absente des salons spécialisés dans les randonnées et la nature.
A Tataouine, l’expérience est en train de prendre de l’ampleur avec la création du premier circuit des randonnées en Tunisie dans le cadre du projet “Destination Dhaher” soutenu par la Suisse.
En parallèle, la mise en place d’un projet de “Géoparc” (GP) qui renferme les sites géologiques est en cours pour la relance du géotourisme sur cette zone riche en musées spécialisés dont le “Musée de la mémoire de la terre”, actuellement en phase de réaménagement .
Les multiples festivals, villages montagneux, ksours des plaines et patrimoine géo-paléontologue sont une composante et une escale obligatoire, pour les touristes des circuits traditionnels et les randonneurs dans cette région abritant la plus grande réserve de fossiles marins en Afrique.